Riziculture : L’autre engagement du Cameroun qui ne satisfait pas

Le Cameroun envisage de produire près de 460.000 tonnes de riz d’ici 2027. Même s’il faut admettre que cette quantité va considérablement réduire les importations, des experts pensent que le pays peut mieux faire en régulant le secteur.

 Le Cameroun compte quadrupler sa production de riz entre 2024 et 2027. Le pays veut partir des 84.000 tonnes actuelles à 460.000 tonnes de riz, rapporte le Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme 2025-2027 conçu par le ministère des Finances (Minfi).

Même s’il faut admettre que cette production va considérablement réduire la dépendance du Cameroun aux importations du riz, elle va aussi permettre au pays de se rapprocher de son ambition de porter sa production à 750 000 tonnes d’ici 2030 tel que prévu par sa stratégie de développement de la filière riz validé le 16 mai 2023. « Malgré toute cette volonté et ces nombreux engagements, le Cameroun est toujours loin de sa demande nationale estimée à 800.000 tonnes par an », relève Ibrahim Moluh, ingénieur agronome.

Selon Raoul Calvin Fotso, économiste, l’Etat dépense plus d’argent pour subventionner l’importation par rapport à la production. « Vous comprenez que c’est un réel problème. Regardez par exemple la récente stratégie de relance de secteur qui coure jusqu’en 2030, elle repose sur 385 milliards F Cfa pour 6 ans et pourtant de janvier à octobre 2022 seulement, l’Etat a dépense 162.5 milliards F Cfa pour importer du riz », observe l’économiste.

A en croire Foupouapouognigni Mohamed, Ingénieur de conception agricole et alimentaire, la filière riz au Cameroun est perturbée par des problèmes structurels, le changement climatique et aussi par le fait que la production n’évolue pas. « Localement, les choses ne sont pas très bien organisées. Il n’y a pas véritablement un accompagnement bien organisé autour de la production. Autre chose, il y a les préférences des consommateurs où la plupart des Camerounais préfère les riz importés ce qui décourage les producteurs. Il y a aussi, les changements climatiques qui sont un facteur de contre production car bon nombre de producteurs se réfèrent à la pluviométrie normale », affirme Foupouapouognigni Mohamed.

 Et pour un réel développement de la filière, ce spécialiste de la chaîne alimentaire pense que la première des choses à faire consiste à soutenir les producteurs en réduisant les subventions des importations du riz pour accompagner les producteurs par leur formation entre autres. L’autre chose à faire c’est d’améliorer les conditions autour de la production du riz, développer les systèmes d’irrigation, aménager les routes, fournir aux producteurs, des variétés de semences améliorées et des pesticides de qualité. « Il va aussi falloir travailler dans la chaine de valeur (logistique et transport) du riz, développer un système de transformation qui va permettre à ce que le riz puisse être transformé, qu’il ait des qualités et des propriétés qui vont respecter certaines normes pour attirer les consommateurs. Il faut aussi utiliser la mécanisation car on ne peut plus utiliser les houes et les machettes pour prétendre satisfaire la demande nationale », conclut Foupouapouognigni.

Mélanie Ambombo

 

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