Alors que l’Ordre des pharmaciens du Cameroun parle des difficultés d’approvisionnement, des sources médicales invoquent le non renouvèlement des autorisations de mise sur le marché de certaines références stock de médicaments en rupture Santé .

Certains produits pharmaceutiques sont en rupture de stock, confirme dans un communiqué de presse, Dr Franck Nana, président de l’Ordre national des pharmaciens du Cameroun (ONPC). Il dément « toute conspiration avec la bénédiction de la tutelle de créer dans les prochains jours une pénurie généralisée de médicaments au Cameroun », et admet néanmoins que les récents pointages, attribuent cette pénurie à des difficultés d’approvisionnements, liées aux fluctuations courantes sur le marché international. Il rassure que des dispositions sont prises pour résoudre le problème.

Même si Dr Franck Nana rassure de l’existence des garanties suffisantes pour l’approvisionnement et la disponibilité en quantité et en qualité des produits pharmaceutiques, une source pharmaceutique interrogée à Yaoundé souffle que cette pénurie dure depuis juin 2022 et que la liste des médicaments concernés est loin d’être exhaustive.

On a entre autres Tegretol prescrit pour l’hypertension artérielle, Haldol Decanaos, un neuroleptique ; Artecom qui est un antipaludique, Cardular qui est prescrit contre l’hypertrophie de la prostate et Amalar, qui est un antipaludique pour un traitement préventif intermittent. « Le non renouvellement des autorisations de mises sur le marché (AMM) est l’hypothèse la plus plausible de cette pénurie », poursuit notre informateur.

comment la rupture du stock des médicaments cause des problèmes en santé

Il nous souvient que le 16 janvier 2023, le Cercle des grossistes pharmaceutiques du Cameroun (Cgpc) tirait la sonnette d’alarme dans une note informative. S’adressant aux pharmaciens, il relevait que sur les plus de 6 000 références en médicaments qu’il fournit régulièrement, seules 1 300 disposent des AMM à jour. Dr Charles Christian Ngoulé, président du Syndicat national des pharmaciens du Cameroun prévenait d’ailleurs que dans les 1 300 références à jour, certaines allaient entrer en péremption d’ici mars et avril 2023.

« C’est vrai qu’il y a pénurie tant sur les vaccins que sur les médicaments pharmaceutiques, une pénurie qui a pour conséquence première, la lenteur dans la prise en charge du patient parce que quand il n’y a pas de médicament adapté, surtout en spécialité, on prend du temps pour traiter un patient. Or, le médicament de spécialité a l’avantage d’avoir un gain de temps et le patient est très vite soulagé », confie un médecin, sous anonymat.

Il relève que cette pénurie les amène à avoir recours aux médicaments aux effets placebo. « Avec ce genre de médicament, il y a des patients qui ne se remettent pas de leur mal ou encore qui vont présenter des effets secondaires. En plus, le traitement devient très coûteux car en prenant une molécule moins active, on se retrouve en train d’utiliser plus de médicaments. »

Face à cette pénurie, des médecins disent s’adapter grâce à la fiche de médicaments disponibles. Mise à jour chaque mois, elle précise le principe dans chaque médicament, le principe actif qui agit contre un mal spécifique. Et pour plusieurs variétés de médicaments, il peut arriver qu’ils aient le même principe actif alors s’il n’y a pas le médicament A, il peut avoir B ou C dans la mesure où ils agissent tous pour la même cause, renseigne une source médicale.

Au Cameroun, la production locale des médicaments reste embryonnaire et non compétitive. Selon le Ministère de la Santé publique (Misanté), les 17 unités de fabrication locales couvrent moins de 5% des besoins nationaux. Sur les 420 références, seule une soixantaine est fabriquée par les industries locales renseigne le Minsanté dans le Plan stratégique pour le renforcement de la chaîne d’approvisionnement public des produits de santé au Cameroun 2022-2026.

Mélanie AMBOMBO