Avec ses 6 milliards de m3 d’eau étendues sur 540 km2 en période des pluies, la retenue de ce barrage situé dans la région de l’Est attire des milliers de pêcheurs de nationalités diverses.

Quai de pêche de Ouami, village situé à 65 km de Belabo, et à près de 25 km du Barrage de Lom-Pangar à l’Est. Il est 7 heures du matin. Une heure privilégiée pour l’achat du bon poisson frais des eaux qui abritent le barrage Lom-Pangar. Les pirogues accostent le rivage les unes après les autres. A bord, des attirails de pêche, des poissons et des mollusques. Chaque jour, environ 300 pirogues chargées de poissons accostent à ce petit port de pêche.

Chaque pêcheur conduit immédiatement sa prise sous un hangar de fortune érigé sur la rive du fleuve. L’on dénombre environ une soixantaine équipée de comptoirs et des fumoirs traditionnels. C’est à cet endroit précis qu’ils écoulent la grande partie de leur butin. Une fois leurs prises débarquées, les pêcheurs entament des négociations avec leurs potentiels clients.

Les prix sont tarifés selon la taille, l’espèce du poisson et sa couleur.

Ce rituel se déroule tous les jours jusqu’aux environs de 18 heures. En cette période des pluies, deux types de poissons sont visibles sur les étals. Les carpes et les silures frais et fumés. De très petits poissons fumés attirent également l’attention des curieux. « Dans ce port de pêche, des centaines de kilogrammes de poissons sont écoulés chaque jour », indique Djibril, un pêcheur rompu à la tâche.

Les agents du ministère de l’Elevage, des pêches et des industries animales (Minepia) postés à l’entrée du quai enregistrent en moyenne 250 cartons de poissons fumés par semaine. « Chaque colis pèse entre 40 et 50 kg.  A la sortie, un montant de 1000 F Cfa est prélevé sur chaque colis », nous font-ils savoir.  Ces poissons sont vendus dans plusieurs villes du Cameroun et même à l’extérieur du pays. « Les commerçantes de Bertoua, Yaoundé, Douala, Bafoussam, même du Gabon et de la Guinée Equatoriale viennent jusqu’ici, pour acheter du poisson qu’elles vont revendre », affirme Bakari Wendi, un pêcheur.

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Le débarcadère de Ouami est également approvisionné par d’autres campements des pêcheurs installés dans la zone. L’on dénombre 17 environ tout autour de la retenue du barrage. « L’activité de pêche essentiellement artisanale qui se déroule dans la retenue d’eau de 6 milliards de m3 de Lom-Pangar étendues sur 540 km2 en période des pluies, produit environ 1500 tonnes de poissons par an pour des revenus annuels estimés à environ 40 milliards F Cfa ». Pour mieux organiser cette activité de pêche, EDC a signé un accord dans le cadre de la mise en œuvre du Plan de développement local (PDL) et du plan de gestion environnementale et sociale (PGES) avec l’Organisation néerlandaise de développement (SNCS), financé à hauteur de 39,3 milliards F Cfa.

Pour pêcher à Ouami, il est recommandé aux pêcheurs de se procurer un permis de pêche. Le document est délivré contre le paiement d’une modique somme de 5000 F Cfa par les services du Minepia.  Toutefois, ils sont encore nombreux, ces pêcheurs qui courent le risque de se noyer en allant pêcher sans gilets de sauvetage. « Ceux qui ne respecte pas les normes de l’activité et qui utilisent des filets à petites mailles non recommandés pour attraper des petits poissons sont souvent interpellés et sanctionnés pour avoir mis en danger la faune aquatique », rassure sous anonymat un agent du Minepia chargé de contrôler l’activité de ces pêcheurs.

  les pécheurs

Il précise que « ces milliers de pêcheurs qu’on retrouve à Ouami sont arrivée plus vite que ce que les études avaient prévu. Nombreux sont venus de la zone du lac Tchad où les activités de pêche sont devenues dangereuses du fait des incursions meurtrières du groupe terroriste Boko-Haram, où encore des abords du barrage de Lagdo, dans la région du Nord, ainsi que des trois autres barrages de retenue du pays que sont Mbakaou, Bamendjin et Mape où les eaux ne sont plus aussi poissonneuses qu’avant. Certains sont aussi venus du Tchad, du Mali et même du Sénégal ».

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De bonnes affaires

Lors du recensement de 2005, le gouvernement camerounais avait dénombré 56 personnes à Ouami. Aujourd’hui, le village compte plus 10.000 habitants. Plusieurs commerces ont vu le jour et proposent des produits variés aux populations. On compte plus de 200 boutiques le long de la route qui mène vers la zone de pêche située à deux kilomètres.

Les fabricants de filets, de pirogues comme les mototaxis font tous de bonnes affaires. Selon Ibrahima Haman Tizi, expert de Lom-Pangar à Electricity development corporation (EDC),

Besoin

Malgré l’importante activité de pêche qui se déroule dans la zone, les besoins de cette population cosmopolite sont nombreux. A Ouami comme dans d’autres campements de pêche situé sur les rives des fleuves Lom – Pangar, l’approvisionnement en eau potable est difficile. « C’est un véritable problème. L’eau que nous consommons n’est pas saine », relève Bouba Nassou, chef de bord à Ouami. « Elle est puisée à près d’un mètre du sol et les puits d’eau sont toujours situés à environ deux à cinq mètres de la rive. Ce qui a déjà entrainé de nombreuses maladies dans les campements de ces pêcheurs », précise-t-il. Ces pêcheurs font également état d’autres besoins. Notamment la construction d’un débarcadère moderne et d’un grand hôpital doté d’un plateau technique approprié pour faire face à leurs problèmes de santé au quotidien.

Par Ange-Gabriel OLINGA BENG, de retour de Ouami. 

 

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