Covid-19 : A l’Est, les hôtels sont passés de 98 à 35% de taux d’occupation
Source- Mintoul_DataViz by ADISI-Cameroun

Même si aucun établissement d’accueil n’a été réquisitionné en permanence pendant la crise, la pandémie a provoqué une chute de taux d’occupation des chambres de plus de 80% dans la majorité des structures, conséquence des licenciements.

 « Lorsque les premiers cas du coronavirus ont été signalés dans la région de l’Est au mois d’avril dernier, le gouverneur a réquisitionné l’hôtel Fanga, situé à l’entrée de la ville de Bertoua pour un temps. C’est ici qu’une cinquantaine de passagers d’un cas de transport en provenance de Yaoundé avec un cas suspect a été logée. Après la période d’observation et de dépistage, ces passagers ont libéré l’hôtel et après un temps, la note y afférente a été soldée. » Telle est l’explication donnée par un responsable administratif et financier de la délégation régionale de la Santé publique de l’Est sur la situation des hôtels réquisitionnés pendant la pandémie de la Covid-19.

Un état des lieux confirmé par Dr Mbita Gislain Lionnel, chef section des opérations au système de gestion de l’incident Covid-19. Celui qui est également le coordonnateur du Centre régional de prévention et de lutte contre les épidémies et les pandémies (CERPLE) explique d’avantage qu’«au début de la crise, le gouverneur voulait aussi réquisitionner le Centre de santé de Birpondo pour loger des éventuels cas suspects mais les populations de ce quartier se sont opposées. A la même période, l’autorité administrative voulait également réquisitionner les maisons du Camps Sic nouvellement construites mais il se posait aussi le problème du manque d’eau ».

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La région de l’Est est donc restée sans un hôtel réquisitionné en permanence jusqu’à la construction et inauguration le 14 août 2020 du Centre régional d’isolement et de prise en charge des malades Covid et d’autres pathologies nécessitant l’isolement à l’hôpital régional de Bertoua. C’est cet unique Centre avec une capacité de 40 lits qui prend en charge les cas de malades sévères.

Licenciement  

La Covid-19 a eu un impact très négatif sur le secteur du tourisme en général et l’hôtellerie en particulier. Selon les chiffres de la délégation du Tourisme et des loisirs « la plupart de ceux qu’on peut qualifier de touristes d’après les fichiers des hôtels, ne sont que les voyageurs généralement en transit pour le Tchad, la RCA et le Congo ». Malheureusement, après le déclenchement de la crise, ces clients ne venaient presque plus.  « C’était vraiment le chaos pendant les mois d’avril, mai juin et juillet. Selon les statistiques qu’on collectait, la majorité des hôtels n’avait même pas 05 clients par mois. Certains opérateurs voulaient même fermer, mais on les a conseillés de ne prendre cette option. Actuellement, les choses n’ont pas encore bougé alors que nous sommes en plein saison touristique avec le début de la saison sèche », reconnais Nasser Hamadama, délégué régional du Tourisme et des loisirs.

Sur le terrain, les promoteurs d’hôtel expriment le même sentiment. « La majorité des nos clients travaillent dans les Organisations humanitaires et environnementales. Nous avons perdu la plupart d’entre eux parce qu’ils sont bloqués dans les pays en confinement. Avant la Covid, nous étions à environ 98% de taux d’occupation des chambres. Pendant la période forte de la crise, on n’atteignait même plus 35% de ce taux. Au niveau de notre établissement, nous étions obligés de mettre 5 employés sur les 17 en poste en congé technique à cause de cette chute de recettes. Pourtant, on a les charges fixes, comme les impôts, l’eau, les frais de gardiennage et l’électricité, estimées à des centaines de mille Cfa à payer chaque mois quelque soit le niveau de recette », regret Wilfred Lankar, manager de Sun City Hôtel, l’un des plus grands établissements hôteliers de Bertoua.

Une tendance confirmée par Magloire Tamto, président du syndicat patronal des industries de tourisme, hôtellerie et loisirs de l’Est (SPITHL). « La Covid a impacté négativement le secteur hôtelier parce que les frontières étaient fermées et les gens ne venaient plus en mission. Au niveau de mon propre établissement (Talma hôtel, NDLR), nous avons enregistré une baisse d’environ 90% de taux d’occupation des chambres. Nous étions obligés de mettre 04 employés en congé technique ». Malgré cette baisse d’activités, la délégation régionale du Tourisme et le syndicat patronal des industries de tourisme, hôtellerie et loisirs multiplient des descentes inopinées dans les établissements hôteliers pour veiller sur le respect des mesures barrières édictées par l’OMS et le gouvernement.      

Situation épidémiologique

Selon les statistiques du Dashboard qui présente quotidiennement la situation épidémiologique, 106 tests ont été réalisés pendant la journée du 12 novembre 2020 avec 2 cas positifs, 0 guérison et 0 décès. Le chef section des opérations au système de gestion de l’incident Covid-19 affirme également que 02 élèves ont été testés positifs dans un établissement scolaire de la ville. « Nous avons mis en branle le tracking pour identifier toutes les personnes en contact avec ces cas suspects », indique Dr Mbita. Sur la situation globale, la région de l’Est a enregistré 1140 cas positifs depuis le début de la pandémie sur près de 40.000 tests réalisés dans les 14 unités de prise en charge. De ce nombre, 1064 cas ont été guéris, 28 décès et 38 cas actifs dont 13 cas à Bertoua, 16 à Garoua-Boulaï, 06 à Nguélémendounka et 03 cas à Abong-Mbang.

Travaux réalisés avec le soutien de l’AFD, l’appui technique d’Expertise France et CFI dans le cadre du PAGOF                           

Sébastian Chi Elvido à Bertoua

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