Au moment ou bon nombre s’apprêtaient à retourner en République centrafricaine, le Hcr a interrompu les opérations de rapatriements volontaires lancées en 2019 en raison de la pandémie du Covid-19.

A Gado-Badzéré, petit village situé à 25 kilomètres de Garoua-Boulaï, ville frontalière avec la République Centrafricaine (RCA), on dénombre environ 23000 réfugiés centrafricains, selon les statistiques du HCR. Vivant dans des conditions souvent précaires et de promiscuité, tous ont fui la guerre qui faisait rage dans leur pays. Ils ont tous perdu des proches, connu la violence, l’exil et la faim.

Mais ces derniers mois, un bon nombre de réfugiés centrafricains avaient commencé à rentrer chez eux volontairement, à la faveur d’une amélioration des conditions de sécurité. Soudainement, un nouveau danger aussi meurtrier qu’invisible est parvenu mettant provisoirement à l’arrêt les opérations de rapatriements volontaires. Sur les 10 mille réfugiés centrafricains qui ont prévus de retourner dans leur pays cette année, le nombre de rapatriés par sites aménagés se présente de la manière suivante. 1289 à Lolo, 575 à Ngam, 493 à Mbilé, 399 à Gado-Badzéré, 348 à Timangolo, 299 à Kentzou et 156 à Borgop.

S’agissant de ces retours volontaires en République Centrafricaines, la ville de Berbérati a déjà accueillit 1756 réfugiés, Baoro 558, Bouar 516, Carnot 417 et 111 pour Baboua. Le 26 février dernier, 250 réfugiés ont regagné par voie routière les villes de Berbérati et Carnot en RCA par la frontière de Kentzou à l’Est Cameroun. Cette vague de réfugiés a rejoint les 3309 qui ont regagné leur pays d’origine en 2019.

« Malgré notre volonté à les accompagner, les retours volontaires ont dû être suspendus pour une durée indéterminée pour des raisons évidentes liées au Covid-19. C’est une situation difficile pour ceux ou celles qui avaient prévu de rentrer chez eux et qui avaient déjà pris des dispositions. Toutefois, nous soulignons qu’il s’agit d’une suspension temporaire et que nous reprendrons cette opération dès que les conditions sanitaires le permettront », rassure Berthe Biloa de la cellule de communication de la Sous-délégation du HCR à Bertoua. Et d’ajouter : « Pour le moment nous ignorons quand la crise sera passée et quand les mouvements transfrontaliers pourront de nouveau se faire sans risque. Et ce n’est qu’en ce moment que nous pourrons élaborer un nouveau calendrier ».

Au site aménagé de Gado-Badzéré comme dans bien d’autres sites disséminés dans la région de l’Est, les réfugiés font preuve d’un grand sens de responsabilités et ont été très réceptifs aux opérations de sensibilisation qui ont été mises en œuvre. Pour le moment, tout semble bien fonctionner. « On sent que le message passe bien. Lorsque nous arrivons dans les sites, ni les hommes, ni les femmes, ni les enfants ne nous tendent plus la main comme à l’accoutumée », explique Sally Haoua, fonctionnaire du HCR à l’Est Cameroun. Dans les centres de santé également, les « gestes barrière » entrent dans les habitudes. « Les réfugiés se tiennent à distance les uns des autres, ils portent des masques autant que possible et font passer le message », note un personnel de santé de Gado-Badzéré.

Respecter les mesures

Dans cette région où les réfugiés vivent dans de petits abris faits de terre séchée et de bois, il est difficile d’envisager un confinement. Mais pour éviter les contacts, ils font au mieux pour rester chez eux ou pour aller travailler au champ en famille, loin de la promiscuité des camps. Même si aucun cas de Covid-19 n’a encore été déclaré dans l’un des nombreux sites d’accueils de ces réfugiés dans la région, chacun sait ici que cette maladie touche indistinctement les jeunes, les vieux, les hommes, les femmes et bien entendu les humanitaires qui les encadrent. « La vigilance est de mise. Il ne s’agit pas de céder à la panique mais de respecter les mesures prescrites par l’Organisation mondiale de la santé et le gouvernement », rappelle Wahid Ben Amor, chef de la Sous délégation du HCR de Bertoua.

Répondre aux inquiétudes

Depuis le début de la pandémie, le HCR a multiplié des actions pour protéger la population réfugiée et les humanitaires. Un peu partout, des points de lavage des mains sont installés, du savon distribué, des sensibilisations en petits groupes et de porte-à-porte organisées. Les équipes du HCR sont également à pied d’œuvre sur le terrain pour mettre en place un système de quarantaine pour toute personne venant d’un foyer actif, tout en formant le personnel soignant qui travail dans les structures de santé prenant en charge les réfugiés. Aux alentours de plusieurs sites, des constructions préfabriquées voient le jour, en préfiguration des premiers cas suspects, ainsi que des zones particulièrement aménagées pour les personnes les plus vulnérables. Un numéro vert accessible 24 heures sur 7 a également été mis en place afin de répondre aux inquiétudes des réfugiés dans toutes les langues parlées dans la région. Les réfugiés eux-mêmes sont mis à contribution pour confectionner des masques lavables, afin de pare au manque d’équipements de protection.

Par Ange-Gabriel OLINGA BENG, dans les camps de réfugiés à l’Est        

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