Myciculture : Plus de 200 kg de champignons consommés par mois à l’Ouest
Une récolte du Gic Champignons

Myciculture : Plus de 200 kg de champignons consommés par mois à l’Ouest

En l’absence des données officielles sur sa production, il est difficile d’évaluer le poids de cette filière en plein essor dans cette région Myciculture champignons consommés Ouest

A cause de son taux de cholestérol élevé, les médecins ont conseillé à Elodie Ngo Djom de réduire voire annuler sa consommation de viande rouge. Pour combler ses besoins en protéines, cette habitante de Bafoussam, chef-lieu de la région de l’Ouest, a décidé d’introduire des champignons comestibles dans son alimentation. Un aliment riche en protéines, en vitamines et en fer. A en croire cette consommatrice, il fallait attendre la saison pluvieuse pour en trouver sur le marché.

Mais, depuis quelques années, il est de plus en plus facile de se procurer du champignon hors saison dans cette ville. Ceci grâce à des initiatives comme le Groupe d’Initiatives Communes (Gic) Champignons lancé à Bafoussam en 2015 par Michael Tchasso Tchamba. Grâce à une technique de culture hors sol, ce myciculteur se sert d’une base composée de rafle de maïs, de son et de blé, pour produire du champignon en grande quantité et en toute saison. « Au départ, les gens étaient très méfiants quand je leur présentais mes champignons.  A cause de leurs proportions inhabituelles, ils pensaient qu’ils n’étaient pas naturels », confie ce cultivateur.

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Michael Tchasso Tchamba se souvient avoir produit en aout 2022, plus de deux Kg de champignon. « Je vendais à peine 15kg de champignons par mois au début de l’activité », confie-t-il. Aujourd’hui, grâce sa persévérance, son Gic produit et commercialise mensuellement plus de 150 kg de champignons. Près de la moitié de sa production est vendue aux particuliers, restaurants, hôtels, et centres commerciaux de Bafoussam. Le reste est écoulé dans les autres villes du pays. A Dschang, dans le département de la Menoua, avec son centre Univert, Berthold Djoufack Kemsong a lui aussi réussi à amener les femmes de la communauté à adopter les champignons. A l’instar de ce dernier, Thérèse Dongmo, la promotrice du GIC EMA multiplie des actions de sensibilisation pour atteindre le même objectif.

Formation

Engagée dans la production de champignons depuis 2007, cette mycicultrice a formé plus 500 personnes. Au Gic Champignons, selon son promoteur, 650 passionnés ont été formées en moins de 10 ans même si seuls 160 myciculteurs sont actifs sur le terrain. Ravilone Thinda est l’un d’eux. Dans sa petite champignonnière, elle produit 20 kg de champignons par mois et trois fois plus en saison pluvieuse. Le nombre sans cesse croissant de myciculteurs trahit le fait que le business de champignon est plutôt lucratif. Sur le marché, le prix du champignon varie entre 2000 F Cfa et 3000 F Cfa le kg selon la saison. Séché, le kilogramme coûte dix fois plus cher. Cependant, il est difficile de se faire une idée de l’étendue et du poids de la filière dans cette région, car il n’existe pas de données officielles sur cette production et sa consommation.

Absence de financements

Bien que rentable, plusieurs jeunes peinent à entamer un projet mycicole. « Il n’est pas facile d’obtenir un prêt de la banque pour se lancer dans la myciculture. Les banques sont toujours très sceptiques », déplore Christian Ngantcheu qui a finalement pu se lancer grâce à des épargnes personnelles. D’après un article sur la contribution des Organisations de Producteurs  de champignons comestibles publié en 2019, « 84% de myciculteurs n’ont pas la possibilité d’accéder au crédit auprès des services financiers formelles ». Cette enquête révèle également que  58,7% des investissements réalisés par les myciculteurs sont issus de fonds propres, 12,3 % de financements proviennent des emprunts obtenus  auprès des associations informelles (tontines), 17,8 % viennent des structures et services du Ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Minader) et 5,9% sont des dons et legs.

 

Cet obstacle s’ajoute à celui de la disponibilité des espaces. « Si vous voulez devenir le fournisseur d’un hôtel ou d’un grand restaurant, il faudra être capable de produire en très grande quantité et de façon régulière. Mais qui dit grande production dit aussi grand local. Ce qui n’est pas toujours facile à trouver », déplore Berthold Djoufack Kemsong.

Toutes les difficultés liées à la filière ont été adressées lors de la 3ème session du comité de pilotage du programme d’appui au développement de la filière champignon comestible qui s’est déroulée en aout 2022. Des solutions ont également été proposées pour répondre à la forte demande. Dans une interview accordée à Cameroon Tribune en 2022, Laure Yossa, la coordonnatrice du programme d’appui au développement de la filière champignons (Padfc) révélait que la demande annuelle était évaluée à 90 tonnes soit un peu plus du double de la production nationale qui en 2019 était de 41,3 tonnes.

Dans la région, le  champignon est consommé frit, cuit dans des bouillons, en brochettes mais aussi en tisanes et en boissons alcoolisées. « Le vin de champignon est très sollicité mais nous manquons de matériels appropriés pour en produire en grande quantité », déplore Thèrese Dongmo qui espère recevoir un coup de main de l’Etat Myciculture champignons consommés Ouest.

Vanessa Bassale

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5 thoughts on “Myciculture : Plus de 200 kg de champignons consommés par mois à l’Ouest

  1. Merci madame pour le travail que vous fêtes pour la vulgarisation de ce secteur qui reste encore impeu dans l’ombre. Nous apprécions le travail que vous avez fait durant c’es jours pour le champignon. Nous nous rendons disponible pour les éventuelles possibilités de collaboration. Merci énormément à vous.

    • Bonjour monsieur nous vous remercions pour l’intérêt que vous portez à notre travail nous vous revenons. Veuillez nous laisser vos contacts pour un échange s’il vous plaît.

  2. Merci madame pour le travail remarques que vous avez accompli sur la filière champignons. Malgré les efforts consentis jusqu’à présent sur la production des champignons comestibles ,la demande reste fortement élevée . Espérons que cet article puisse attirer l’attention de la population et de l’état car des sources de financement dans ce secteur contribueront à l’augmentation de la production nationale.

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