Nord :  Rey-Bouba en guerre contre la spoliation des producteurs

Pour lutter contre ce phénomène qui prend de l’ampleur, la mairie a entrepris entre autres, de financer des initiatives locales, d’ouvrir des marchés et des pistes agricoles, et de construire des magasins pour le stockage des récoltes la spoliation des producteurs au Nord.

Dans la région du Nord, le problème d’acquisition des inputs se pose avec urgence en début de la saison agricole chez la plupart des producteurs. Par manque de financements pour s’en procurer, certains agriculteurs tendent la main aux mieux nantis. Une pratique courante au sein de la communauté paysanne, qui consiste à prendre du crédit lors de la période des semis pour rembourser à la récolte.

En effet, explique Dewa Mohaman, le maire de la commune de Rey-Bouba, dans le département du Mayo-Rey, des commerçants viennent injecter de l’argent presqu’insignifiant pour accompagner les producteurs qui manquent de financement pour l’achat des intrants agricoles en début de saison. « Lors de la récolte, ils récupèrent toute la production. Le paysan se retrouve finalement appauvri, sans ressource », décrie-t-il. Un phénomène, que Souleymane, un agriculteur  de Rey-Bouba, qualifie de « spoliation des producteurs ».  « Quand on cultive, c’est pour rembourser seulement les dettes », regrette-il.

La lutte contre la spoliation des producteurs au Nord Cameroun

Dans cette transaction, le remboursement se fait en nature, c’est-à-dire avec les produits récoltés. « Les fonds injectés dans la production, se remboursent en nature avec du maïs ou le mil. Le prix du sac de 100 kg par exemple, dépend de la valeur en cours sur le marché à la récolte. Et pendant les récoltes, les prix de ces denrées sont les plus bas possible », témoigne Aboubakar, habitant de Garoua, non sans préciser qu’en cas de mauvaise récolte, des contentieux peuvent naitre.

L’éradication de ce phénomène est un défi à relever par les collectivités territoriales décentralisées dans le but d’autonomiser les producteurs et de lutter contre la pauvreté en milieu rural. C’est d’ailleurs l’un des challenges de la commune de Rey-Bouba. « Cette année, nous avons financé une équipe de producteurs de Houro Kessoum à Landou à hauteur de 50 millions F Cfa pour la construction des magasins pour le stockage de 5000 sacs de maïs. Ça va permettre la densification alimentaire et la revente du surplus sur les marchés », soutient Dewa Mohaman. Le Maire entend limiter et empêcher cette pratique à la longue, via l’octroi des financements aux producteurs, l’ouverture des marchés, des pistes agricoles et l’aménagement des routes.

Jérôme Baïmélé