Grippe porcine : La viande de porc absente des plats à Douala.
Des porcelets allaitant

L’interdiction de la circulation et du transport du porc en provenance de la région de l’Ouest contrarie les commerçants, qui trouvent la production des éleveurs de Douala insuffisante pour le marché local.

Il est plus de 10 heures ce lundi 23 août 2021. Les étals du lieu réservé à l’abattage et la vente de la viande de porc au quartier Ndokoti à Douala 3e, ne manquent pas de marchandises. Des morceaux de viandes exposés par parties n’attendent que des preneurs qui, à en croire certains commerçants, ne sont plus très nombreux depuis l’arrivée de la nouvelle vague de la peste porcine africaine au Cameroun.

Derrière ces étals, environ cinq porcs entiers sont disposés et attendent d’être nettoyés et exposés aux comptoirs. Une vingtaine de vendeurs sont aux aguets. Les appels intempestifs sont accentués à l’endroit de tous ceux qui empruntent cette ruelle transformée en petit marché. Toutes les astuces sont utilisées pour attirer les potentiels acheteurs.  « C’est ici madame », « On vous donne combien de kilo ? », peut-on entendre.

Des porcelets allaitant

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Actuellement le kilogramme de la viande du porc est vendu à 2 500 F Cfa à en croire Godbless Mekoko, l’un des commerçants. Il connait une légère augmentation de 300 F Cfa. « Le kilogramme de porc coutait 2 000F Cfa, puis il est passé à 2 200F Cfa, pour atteindre la somme de 2 500 F Cfa », relève Godbless Mekoko. Il souligne que cette hausse de prix est due à la baisse de la production porcine, en raison de la grippe qui sévit dans la région de l’Ouest, principale zone de production. « Environ 200 porcs étaient livrés chaque mercredi dans le camp, mais maintenant, la livraison se fait en détail. C’est chacun qui va désormais chercher sa marchandise, et peut garder une petite quantité à un autre commerçant, ce qui n’était pas le cas avant l’épizootie », confie ce commerçant. Selon lui, la situation n’a pas que des répercussions chez les bouchers, mais aussi chez les vendeurs de grillades.  C’est le cas pour Pierre D, qui affirme que la quantité qu’il épuisait en un jour, se fait désormais en une semaine.

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Également commerçant au marché « de porc » à Ndokoti, Raoul K. relève qu’il a fait des semaines sans pouvoir s’approvisionner. Surtout que les fournisseurs de Douala, contrairement à ceux des régions de l’Ouest et du Nord-Ouest, Bamenda en particulier, qui sont de grands éleveurs, n’arrivent pas à satisfaire la forte demande dans les marchés de la capitale économique, depuis l’interdiction de la circulation et du transport du porc en provenance de la région de l’Ouest. « Les éleveurs d’ici ne souffrent de rien, ce sont les commerçants qui en pâtissent », a souligné Raoul.

A ce sujet, Abdel Tamouaffo, promoteur de Jardin d’Afrique, une entreprise spécialisée dans l’élevage et l’agriculture, indique que : « On s’est retrouvé à vendre le porcelet qui coûtait 40 000 F Cfa à 50 000 F Cfa. Mais on ne peut pas dire que la quantité de vente a augmenté. Donc tout se joue au niveau du coût du kilogramme ». L’épizootie selon lui n’empêche malheureusement pas le récurrent problème de production de porc.

Mais contrairement à ses confrères du Littoral, Abdel Tamouaffo a anticipé la crise en augmentant sa production bien avant la grippe porcine africaine. « Nous avons programmé d’avoir une augmentation de rendement depuis le mois de novembre de l’année passée, et nous avons commencé à appliquer cela en janvier de cette année. Nos ventes n’ont pas augmenté, mais les prix des produits ont augmenté, ce qui engendre automatiquement plus de bénéfice », affirme cet éleveur.

Michèle EBONGUE

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