Précarité menstruelle : Des centaines de camerounaises en souffrance

Précarité menstruelle : Des centaines de camerounaises en souffrance

Comme des centaines de millions de femmes à travers la planète, des Camerounaises souffrent de précarité menstruelle. Des solutions naissent peu à peu. Elles émanent  d’autres femmes à l’origine d’initiatives pouvant permettre à leurs congénères  de se procurer les précieuses et non moins indispensables serviettes hygiéniques.

Bonabome, un quartier de l’arrondissement de Douala 4ème. C’est ici que de nombreuses personnes fuyant la guerre dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest se sont réfugiées. Elles bravent à la fois l’environnement marécageux, les conséquences du climat que sont les inondations et l’extrême pauvreté. Votre reporter a retrouvé dans la mi-journée de ce 19 Mai 2022, 3 des quelque 300 femmes qui vivent dans ce lieu aux allures d’île, traversée par de nombreux cours d’eau qu’enjambent plusieurs ponts en bois.

de millions de femmes à travers la planète, des Camerounaises souffrent de précarité menstruelle

Entre deux tristes souvenirs du conflit en zone anglophone, les déplacées internes nous racontent leur quotidien, pas toujours enviable. « Notre situation matérielle empire Précarité menstruelle. Je ne pense pas qu’elle changera de sitôt. Nous n’avons pas de travail. Et Nous vivons comme ça. Nous pouvons passer trois jours en nous nourrissant avec nos enfants seulement  de tapioca. Cet aliment tout comme le riz devient même déjà cher. Nous passons des moments difficiles ici à Bonabome », confie Kerine Nkogdem Ngwa épouse Ngapen, la leader du groupe de femmes. C’est cette souriante et humble dame partie de la région du Nord-Ouest qui encadre ses congénères. Leur plus gros problème en ce moment, confie-t-elle, est le manque de protections hygiéniques.

Déplacées en détresse

Margaret Grace Kemgang, une mère de trois filles dont deux adolescentes en parle, la gorge nouée par le désespoir.  « Nous manquons de serviettes hygiéniques. Nous devons découper des vêtements que nous transformons en protections. C’est ce que nos enfants font aussi. Nous les lavons ensuite et les séchons. C’est dangereux pour la santé. Vous évacuez la saleté que vous avez en vous et prenez le risque en lavant et réutilisant ces bouts de tissus, de vous infecter, de choper des infections dites « sexuellement transmissibles » comme la gonococcie », déplore-t-elle.

 Et d’ajouter : « Nous sommes face à un dilemme. En tant que déplacées internes et démunies nous devons choisir entre acheter de la nourriture avec le peu d’argent que nous avons et nous payer des serviettes hygiéniques. Nous supplions ceux qui le peuvent de nous apporter des protections hygiéniques pour nous et nos enfants ou de nous donner les moyens de nous en procurer », implore la réfugiée originaire du département du Lebialem dans la région du Sud-Ouest.

Déplacées en détresse

Bien que Kerine Nkogdem Ngapen rappelle que des bienfaiteurs parmi lesquels une association de femmes de l’Université de Douala, un prêtre de la paroisse catholique de la Cité-Sic, une femme nommée Mother Randy, une organisation nommée ILCS leur ont offert des serviettes hygiéniques, le besoin demeure important Précarité menstruelle. Cependant, les victimes de la crise anglophone ne sont pas seules à souffrir de ce problème au Cameroun. Plus d’une centaine de filles en sont exposées au Cameroun. Une situation engendrée par la pauvreté, qui a des répercussions sur leur scolarité.

En effet, la précarité menstruelle les empêche d’aller à l’école. Dans plusieurs régions, quand les adolescentes saignent, elles ne vont pas à l’école par peur de se salir ou parce qu’elles ne possèdent pas des protections adéquates. Selon un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), en Afrique subsaharienne, une fille sur dix ne va pas à l’école pendant son cycle menstruel, ce qui correspond, d’après certaines estimations, à 20 % du temps scolaire perdu sur une année.

Déplacées en détresse

Pour aider ces jeunes filles, certaines Camerounaises ont entrepris de mener le combat contre la précarité menstruelle. Elles sont à la tête de structures qui promeuvent les bonnes pratiques en matière d’hygiène menstruelle. « De nombreux tabous entourent la période de menstruation féminine en Afrique et ailleurs. Aujourd’hui, on évoque facilement le sujet du préservatif mais lorsqu’on parle des règles, on perçoit de la gêne, des éclats de rire ou des expressions de dégoût apparaissent Précarité menstruelle. Pour faire notre part du colibri, nous avons choisi de créer Kmerpad », fait savoir Olivia Mvondo Boum II, la promotrice de cette start-up basée à Yaoundé qui confectionne et distribue des serviettes hygiéniques lavables en coton appelé FAM.  Cette structure née en 2012 produit des serviettes hygiéniques réutilisables pendant 18 mois.

Précarité menstruelle Protections hygiéniques sûres

Ornella de Vinyle Nzouegou est l’autre combattante la plus connue.  La dirigeante de Vessels for development dit s’être lancée dans le combat en faveur d’une meilleure gestion de l’hygiène menstruelle après avoir découvert pendant les tournées de promotion des droits humains dans des régions du pays, qu’il y avait un besoin crucial et important sur les questions de santé et hygiène menstruelle. Dans le cadre du projet Menstruaction, son association a distribué des serviettes hygiéniques  faites à base de bananiers ainsi que les gadgets à l’instar des bracelets de suivi des cycles menstruels.

A ce jour, Vessels for development et Kmerpad se réjouissent de leurs bilans respectifs. La première structure revendique 10 000 jeunes filles déjà formées à travers le pays pour porter le message de l’hygiène menstruelle. « Des pères désormais assurent le suivi de la santé menstruelle des jeunes filles. Ils s’assurent auprès des mamans qu’il y a des protections à la maison. Nous avons influencé les comportements », se réjouit Ornella de Vinyle Nzouegou, non sans insister sur la qualité des produits qui doivent être remis aux jeunes filles et femmes démunies.

Pierre Arnaud NTCHAPDA

 

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