Covid-19 : La pandémie déstabilise le marché des cultures maraichères à l’Est

Sur le marché à Bertoua, la pénurie et fluctuation des prix se généralisent. A cause du confinement les producteurs des spéculations maraichères ont perdu plus de 90 % de leur production en 2020, une situation qui a contraint certains à changer d’activité.

« La pandémie de la Covid-19 a sérieusement impacté nos activités en 2020. En début d’année dernière, j’ai investi dans un village de l’arrondissement de Ngoura avec un prêt de 1,6 millions F Cfa, j’ai cultivé 1 hectare et demi de pastèque. La production a bien réussi, mais la vente n’a pas suivi parce que les grands clients qui ont l’habitude de venir acheter directement au champ et même les détaillants de Bertoua ne venaient plus à cause du confinement », témoigne Méfiré Mama, un agriculteur. Après cette mauvaise expérience, ce producteur a changé de stratégie. « Puisque j’ai récupéré moins de 100.000 F Cfa sur les 1,6 millions F Cfa que j’ai investi, je me suis lancé dans d’autres cultures, ce qui m’a permis de commencer à rembourser une partie de la dette », dit-t-il.

Comme dans la plupart des secteurs d’activité, le maraichage n’a pas échappé aux affres de la pandémie de Covid-19. Dans la région de l’Est, plusieurs spéculations ont été touchées.  « Beaucoup des jardiniers n’ont plus cultivé cette saison (Ndlr : 2021) à cause des répercussions de la Covid-19 en 2020 puisque des grandes quantités de tomate ont pourri ici au marché parce que les grands clients du Gabon, de la Guinée Equatoriale et du Grand-Nord ne pouvaient plus se déplacer », indique Jean Claude Menzepo, un producteur de tomate.

Au marché central de Bertoua ce 22 juillet 2021, seuls deux caisses de tomate étaient disponibles aux environs 10 heures. « Quand la production de tomate est abondante, on peut avoir plus de 100 caisses chaque jour, maintenant, on n’arrive pas à avoir 20 caisses par jour parce que les cultivateurs ont changé d’activité », explique Jean Claude Menzepo, qui totalise une quinzaine d’année dans cette activité. De façon générale, les principales cultures maraichères pratiquées dans la région de l’Est, entre autres, la tomate, la pastèque, le piment, ont subi les effets néfastes de la crise sanitaire. En plus des méventes, la nature périssable de ces cultures a intensifié les pertes chez des centaines de producteurs.

Prix

Une situation dont les conséquences sont perceptibles dans le panier de la ménagère. En effet, dans les espaces marchands de Bertoua, les prix des produits maraichers connaissent une fluctuation généralisée des prix. « Actuellement, à cause de la rareté, nous vendons un sac de 100 kg de piment entre 40.000 et 50.000 F Cfa, alors que l’année passée au cœur de la crise, on liquidait ce même sac à 5000 F Cfa », affirme Rebecca, cultivatrice de piment à Bouam et vendeuse au marché de Bertoua. Cette dernière précise néanmoins qu’« avant la crise, le sac de 100 kg de piment coutait  normalement 25.000 F Cfa ». Par ailleurs et selon les producteurs, une caisse de tomate se vend désormais entre 25 000 et 30.000 F Cfa or, en 2020 pendant la période forte de la crise, on la liquidait entre 5000 et 8000 F Cfa et avant la Covid-19, une caisse se vendait à 20.000 F Cfa.  

Difficultés

Au-delà de la crise sanitaire, les producteurs font face à plusieurs autres difficultés. « La production a subi les variations climatiques notamment avec des pluies variantes. Les plantes de tomate ont également été attaquées par les insectes », déplore Jean Claude Menzepo.

Au niveau de la délégation régionale de l’Agriculture et du développement rural (MINADER), on est bien conscient du rôle important des cultures maraichères sur l’économie locale. En effet, indique un statisticien, « il existe les producteurs qui mettent en valeur 5 et 6 hectares de tomate dans des basins de production comme Diang, Keokong, Bakombo, Kaigama, Ndemba 1… ce qui créé l’emploi aux populations locale. Malheureusement la pandémie a eu les effets catastrophiques puisque l’économie est une chaîne dont une interruption affecte tout le circuit ». Cet expert souligne également qu’ « avant la crise, la Guinée Equatoriale par exemple, ne se ravitaille qu’avec les produits maraichers camerounais.» Pour mieux cerner l’impact de la crise, indique Abieguebe Désiré, sous délégué, chargé de la promotion des l’Agriculture et du développement rural à la délégation régionale de l’Est, le Minader a ordonné une étude exhaustive sur l’impact de la Covid-19 sur l’agriculture dans les 10 régions du Cameroun.

Sébastian Chi Elvido à Bertoua

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