Covid-19 : Plus de 80% des Centres sociaux de la région de l’Est en déclin
Source - Fiche d’information, plateforme Gbabandi (2018)-Statistiques MINAS

Appelés à s’occuper prioritairement de la sensibilisation des couches vulnérables sur le coronavirus, les unités techniques opérationnelles du ministère des Affaires Sociales sont dépourvues d’infrastructures, du personnel qualifié et de moyens de déplacement.

A 12 heures lundi 19 octobre 2020, Nathalie Ndibo, Chef du Centre social de Mandjou, localité située à 5 kilomètres de l’entrée nord de Bertoua dans la région de l’Est n’a pas encore bougé de son bureau logé à la sous-préfecture. « Je reçois les usagers depuis le matin et j’enregistre leurs problèmes », déclare-t-elle. Seule à son poste, pour s’occuper des cas sociaux de l’arrondissement de Mandjou, Nathalie Ndibo « planifie ses descentes sur le terrain selon les priorités. Mais je suis obligée d’aller partout parce que l’ouvrier social travaille beaucoup plus sur le terrain ».

Ce dernier partage son petit bureau avec un responsable du service d’Action sociale qui s’occupe des Mbororo, un groupe de populations autochtones et vulnérables. Les arrondissements de Mandjou, Garoua-Boulaï, Bétaré-Oya, Ngoura dans le Lom-et-Djerem ainsi que Kétté, Batouri, et Kentzou dans la Kadey ont accueilli un nombre impressionnant des refugiés Mbororo. Ces derniers ont fui les atrocités en République Centrafricaine (RCA) à cause de la crise sociopolitique et sécuritaire qui sévit dans ce pays depuis 2013. Les dernières statiques du HCR situent à environ 250.000, le nombre de ces éleveurs actuellement installés à l’Est.

A Dimako, localité située à 30 kilomètres de Bertoua dans le département du Haut-Nyong, le Centre social est logé dans un petit bureau à la Commune. Le chef du Centre, Simon Narcisse Yonga est l’unique ouvrier et doit couvrir seul l’arrondissement de Dimako avec une superficie de 750 km2 et une forte population des autochtones Baka. Selon l’organigramme du ministère des Affaires sociales (MINAS), les Centres sociaux (CESO) et le service d’Action sociale (SASO) sont les unités techniques opérationnelles (UTO).

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Covid-19

A ce titre, ils s’occupent des groupes vulnérables (les handicapés, les enfants de la rue et les populations autochtones). Après le déclanchement de la Covid-19, ces unités techniques opérationnelles ont reçu l’instruction de leur hiérarchie de mener des campagnes de sensibilisation et d’information spéciales sur cette pandémie auprès des couches vulnérables. « Tous les Centres sociaux de la région ont été instruits de s’occuper prioritairement des couches vulnérables dans la riposte contre le Covid-19 », avait assuré, Ibasal Blanche Mireille, délégué régional des Affaires sociales lors de la célébration de la journée mondiale des populations autochtones le 09 août 2020.

Malheureusement, les efforts déployés par les 31 Centres sociaux existants de la région pour sensibiliser les couches vulnérables sur la maladie sont plombés par plusieurs difficultés. Au rang desquelles, le manque d’infrastructures (locaux et matériel de travail), manque du personnel qualifié et de moyens de déplacement. « Notre personnel et moyens de locomotion ne nous permettent pas d’arriver chez les Baka en forêt ou chez les éleveurs Bororos dans les zones de pâturage. Résultats, ces couches de la population n’ont pas d’informations fiables sur la maladie », affirme sous anonymat un chef d’un Centre social dans le département du Haut-Nyong qui compte 14 arrondissements.

Accompagnement 

Dans le département du Lom-et-Djerem, aucun des 8 Centres sociaux n’est construit. « La plupart de ces Centres sont greffés auprès des administrations. Dans l’arrondissement de Diang, le chef de Centre a été chassé de la sous-préfecture et elle est actuellement installée dans un bâtiment privé en décrépitude. A Garoua-Boulaï, Ngoura et Mandjou, ils sont logés à la mairie. A Bétaré-Oya, le Centre social est dans un bâtiment colonial. Par ailleurs, presque tous les Centres sociaux n’ont pas le personnel formé. La majorité de ceux qui y travaillent ont été recrutés pendant l’opération de 25. 000 agents d’Etat en 2010 », affirme Raphael Ndanga, leader communautaire qui travaille en collaboration avec les Centres sociaux.

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Plus grave, dans le département du Haut-Nyong, 02 arrondissements à savoir Doumaintang et Mboma ne disposent pas d’un Centre social. Le manque criard du personnel, d’infrastructure et de moyens de locomotion est aussi observable dans la Kadey et la Boumba-et-Ngoko avec respectivement 7 et 4 Centres sociaux. Les informations obtenues à la délégation régionale des Affaires Sociales (MINAS) certifient que la dernière dotation en moto aux 17 Centres sociaux qui ont les services d’Action sociale qui s’occupent des Baka date de 2015. Ces motos sont actuellement toutes en panne.

Pour parer à ces manquements, les ONG et les Associations qui travaillent avec ces groupes cibles se battent à leur niveau pour la sensibilisation contre le coronavirus. Dans les Centres sociaux d’urgence comme Garoua-Boulaï, Bétaré-Oya, Ngoura et Mandjou, le Haut commissariat des Nations-Unies pour les refugiés (HCR), l’UNICEF et Plan Cameroon ont apporté des appuis pour des campagnes de sensibilisation aux mesures barrières. Ces Centres avaient déjà bénéficié des Motos, des ordinateurs et clés internet pour gérer les dossiers des réfugiés depuis leur arrivée. L’Association OKANI avec l’appui de l’Union européenne et le Forest people programme (FPP) a également sillonné les campements Baka dans les régions de l’Est et du Sud entre mai et août 2020 pour sensibiliser spécifiquement ce peuple autochtone sur la pandémie et distribuer le matériel de prévention.

Sébastian Chi Elvido à l’Est

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