16 ans après leur décès tragique et la destruction de plusieurs maisons à proximité de ce ravin d’environ sept mètres de profondeur, sa construction n’est toujours pas effective, malgré les nombreuses promesses faites par les autorités de la Commune de Douala 5ème

 A Sodikombo, petit village de Logbessou dans l’arrondissement de Douala 5e, un ravin d’environ sept mètres de profondeur rend difficile la vie et la mobilité de ses habitants. Difficile pour cette communauté de rejoindre l’entrée principale du village, à pied ou en véhicule. « En 2004, trois personnes, dont un enfant âgé de 12 ans, un conducteur de mototaxi et son passager, ont perdu la vie dans ce ravin. On a retrouvé le corps du gamin. Mais, pour les deux autres, on n’a jamais retrouvé les corps. La moto a été retrouvée à Pk 11 (un quartier voisin Ndr) », témoigne Nestor Ismaël, un habitant du quartier.

Ce vendredi 19 juin 2020, cet électricien affirme que lors de la campagne électorale des législatives et municipales du 9 février 2020, l’ancien maire par intérim de la Commune de Douala 5ème, Gustave Ebanda, et la société de construction des infrastructures routières Sogea-Satom, se sont rendus sur le site, pour détruire les maisons et racler la route, en promettant aux populations de drainer les rigoles et construire le pont. « La société Sagea-Satom a détruit plus de 20 logements en disant qu’elle allait aménager le drain », soutient une riveraine, dont la maison a été démolie.

D’après Marie, l’une des victimes, « les maisons ont été cassées depuis trois ans, malheureusement, au lieu de drainer, Ils ont plutôt agrandi le ravin. »  Cette jeune dame, loue une petite maison construite près du ravin. Un danger permanent pour cette famille de quatre enfants. « Nous n’arrivons plus à dormir, parce que le ravin progresse de jour en jour.  Les enfants tombent chaque jour dans le ravin. Quand il pleut, on les garde à la maison avant de sortir », s’inquiète cette mère. Certains riverains confient qu’« après la destruction du pont et des maisons, Sogea-Satom avait déclaré qu’elle avait confondu le site sur lequel elle devait travailler ». Pourtant aucune démarche n’a été entreprise pour réparer les dégâts.

« Vaccin » anti-ravin

Assise sur un tabouret en bois sur sa petite véranda, Emilienne Ngo Nlomboh, mère de quatre enfants, dans l’impossibilité de se mettre à l’abri, s’est résignée à subir cette menace au quotidien.  « Nous avons accouché nos enfants dans ce ravin, et ils vont y grandir. Le vaccin « anti-ravin », est le premier vaccin que nos enfants reçoivent dès la naissance. Ce ravin a commencé petit à petit.  Mon défunt mari à l’époque, avait demandé aux voisins de donner chacun deux sacs de ciment et deux barres de fer pour essayer de monter les murs sur les bords du ravin, en vain », précise-t-elle. Elle garde encore en mémoire, l’incident subi par le fils de son amie, qui a échoué en 2019 dans ce ravin pendant une séance de jeu avec ses amis. « Il a fallu une échelle pour l’enlever dans ce ravin de sept mètres. Cet enfant est aujourd’hui paralysé », déplore-t-elle.

Des accidents liés à cette forte dépression de terrain qui dégrade de façon croissante la superficie des huit blocs de Sodikombo sont récurrents. « Ma mère et un conducteur de mototaxi sont tombés dans le ravin, lorsqu’ils traversaient le pont « Titanic ». Elle a fait six mois à la maison sans se déplacer, après avoir cassé sa cheville », confie Marie Antoinette.

Promesses

En attendant une solution des autorités compétentes, les habitants ont trouvé une voie de contournement, tout aussi risquée, à cause des agressions. « Cette piste n’est pas conseillée aux heures tardives. Comme les jeunes délinquants du quartier savent que le pont est coupé, et que la majorité des habitants passent par-là, ils profitent pour agresser les riverains et violer les filles », affirme Marie Antoinette.

Selon Nnengue Nsomoto, le chef du bloc 2 et grand notable de la chefferie traditionnelle du 3ème degré du village Sodikombo, les travaux d’aménagement initiés ont été suspendus sans aucune explication. « Le chef par intérim et moi avions déposé une requête à la Communauté Urbaine de Douala, pour la construction du pont Titanic. Le même jour, nous avons déposé une copie à la mairie de Douala 5e. Nous avons organisé une visite du Sous-préfet à cet endroit au moins huit fois. Mais, rien n’a changé. La situation s’est aggravée avec la construction de la route de Pk 14 jusqu’à Pk 10 (quartiers voisins Ndr). Toutes les eaux issues des travaux ont été dirigées vers Sodikombo. Ces eaux ont creusé ce ravin qui s’approfondit de jour en jour », explique Nnengue Nsomoto. Ce notable précise que : « Nous avons soumis nos doléances à l’ancien maire de Douala 5ème, Gustave Ebanda, pour ce ravin. Il avait promis de construire un nouveau pont. Mais, les choses ne font qu’empirer ».

Cédric Kengne (Stagiaire)

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