Est : Les enfants sans acte de naissance augmentent de 50 mille en 4 ans
Il reçoit son acte de naissance après un jugement supplétif.

L’augmentation du nombre d’enfants sans acte de naissance au Cameroun

Les enfants non enregistrés à l’état civil dans la région de l’Est sont passée de 140 000 en 2019 à 190 000 en 2023 selon le Bureau National d’État Civil. Ce fléau est la conséquence de l’ignorance des parents à respecter le temps légal pour l’établissement de ce document civil.

Réné Ndongmoui est né le 13 mars 1998 à Daïgéné, un village de l’arrondissement de Mandjou à l’Est du Cameroun. Âgé de 25 ans aujourd’hui, ni lui, ni son frère Célestin Esaï né un an plus tôt, n’est inscrit dans un registre de naissance. Joséphine leur mère, âgée de 47 ans, n’en dispose pas également acte de naissance. « Je ne connaissais pas la procédure d’établissement de l’acte de naissance parce que j’ai accouché en communauté », explique-t-elle.

La situation de cette famille selon Sali Mbivoung, animateur principal de l’Association de lutte contre toutes formes de violence (Alucov), n’est pas un cas isolé dans ce village de la région de l’Est. « Nous avons enregistré plus de 1 000 demandes d’établissement d’actes de naissance dans ce village depuis 2022 acte de naissance. Dans l’arrondissement de Mandjou en général, dans les 24 villages sur 25 où nous avons travaillé, plus de 60% de la population ne possède pas les actes », relève Sali Mbivoung.

D’après le Bureau national d’état civil (Bunec), la région a enregistré environ 190 000 enfants inscrits à l’école primaire sans acte de naissance en 2023. Dans une autre enquête conjointe du ministère de l’Education de base (Minedub) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) il ressort qu’en 2019, 140 000 élèves n’avaient pas d’actes de naissance. Soit une augmentation de 50 000 en 4 ans. « Le phénomène est réel, c’est pour cette raison que nous travaillons avec les associations dans la sensibilisation des parents notamment les femmes à déclarer les naissances dans les délais », explique une source à la Délégation régionale du ministère des Affaires sociales.

Pour la société civile, l’Etat est largement responsable de la situation qui prévaut. « Les centres secondaires d’état civil sont dépourvus du personnel et d’équipements acte de naissance. En même temps, certains secrétaires dans les communes délivrent les faux actes sans souches aux citoyens naïfs sans être inquiétés », pense Jean Pierre Akam, président du Mouvement pour les droits des citoyens.

Au niveau national, déplore Alexandre Marie Yomo, Directeur général de Bunec, le nombre d’enfants non enregistrés à l’état civil au Cameroun est alarmant. « Les statistiques ressortent que près de 30% des enfants de zéro à cinq ans sont démunis d’acte de naissance », a-t-il indiqué à Georges ELANGA OBAM, ministre de la Décentralisation et du développement local lors de la célébration de la journée Africaine d’enregistrement des faits d’état civil et de production des statistiques d’état civil le 10 août 2023 à Bertoua dans la région de l’Est acte de naissance. Plus grave, affirme-t-il, le Bunec et son partenaire stratégique, le ministère de l’Education de base ont dénombré « près de 1 600 000 enfants scolarisés sans acte de naissance au cours de l’année scolaire 2022-2023 ».

Sébastian Chi Elvido à Bertoua

Mots – clés :

Acte de naissance

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