Ingénierie : Ekmon Mbangue, ouvrier de l’économie bleue au Cameroun

Ingénierie dans l’économie bleue au Cameroun
Enseignant et concepteur de bateaux, cet ingénieur ambitionne d’apporter des solutions innovantes et pérennes dans le domaine fluvio-maritime du Cameroun
. D’après lui, il faudrait construire au moins 2000 structures flottantes localement pour valoriser cette économie.« Ma vision, c’est d’être une solution au paysage fluvio-maritime au Cameroun. C’est mon nindô (en japonais, une discipline de vie à laquelle un individu se plie, ndlr)
. Il est possible de construire localement des bateaux au pays et d’y développer des activités liées au domaine maritime » soutient Ekmon Mbangue.Pour incarner son ambition, cet ingénieur en génie maritime et portuaire de 33 ans a fondé l’Atelier Naval de l’Estuaire en janvier 2022. Une start-up spécialisée dans la conception, la construction mais aussi la rénovation et l’équipement de structures flottantes.
A ce jour, 2 ouvrages sont sortis de son hangar et 2 autres sont encore en gestation padouk et dont la conception dit-il, lui « tient à cœur ».
, notamment un hydroglisseur (ou airboat) propulsé par une hélice en bois ainsi qu’un bateau-restaurant construit essentiellement à base de bois deEn juin 2023, après 4 ans de maturation au sein du centre d’incubation de Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de Douala (ENSPD), sa start-up a livré un runabout – un bateau de plaisance – sur commande de l’établissement . « Il permet aussi de faire beaucoup plus de prospections, de fouilles et de desservir des localités éloignées, notamment en ce qui concerne le transport de marchandises » explique Yvon Nyemeck, étudiant à l’ENSPD qui a participé à la réalisation du runabout. En raison du contexte fluvial et des exigences du client, Ekmon opte alors pour une construction ingénieuse : « forme en V de la partie immergée, l’utilisation de mousse polyuréthane, d’un matériau composite de résine et de fibre de verre » renseigne l’ingénieur.
Parcours
Désormais, cet ingénieur vise le développement de l’économie bleue du Cameroun compte tenu de sa faible portée sur le PIB en l’état, selon son analyse. « Il existe pleins d’endroits inaccessibles au Cameroun . Pour un pays doté d’au moins 400 km de côtes, si on pouvait avoir au moins 2000 unités de véhicules flottants produits localement, sur les 4 régions fortement bordées d’eau, ce serait un bon début », indique-t-il.
Diplômé de la Faculté de génie industriel – aujourd’hui, dénommé ENSPD – à l’Université de Douala, Ekmon développe sa maîtrise du processus de structures flottantes à l’Ecole Nationale Supérieures de techniques avancées (ENSTA) de Bretagne en France où il décroche un Master spécialisé en ingénierie marine / architecture navale et offshore en 2015.
Le jeune concepteur explique d’ailleurs qu’il « s’inspire de ce qui se fait ailleurs. La plus grosse innovation, c’est d’être capable de réaliser un produit de navigation au Cameroun, de sa conception à sa livraison. » Une vision novatrice qu’encourage l’enseignant de l’ENSPD, Bruno Nyatchouba Nsangue, un témoin de ses débuts.
Sur la base de ses recherches, Ekmon Mbangue prétend que 10 000 à 15 000 pirogues sont construites chaque année au Cameroun, mais que seulement 5% d’entre elles sont d’origine camerounaise
.Gael Eric Essoungou (stagiaire)