Chantal Lewat, présidente du Syndicat des Industries de l’Hôtellerie et du Tourisme du Cameroun, parle dans cette interview, de la situation dans ce secteur d’activité après l’assouplissement des mesures prises pour limiter la propagation du Coronavirus dans le pays par le président de la République en début mai 2020.

Près de deux mois après l’assouplissement des mesures prises par le gouvernement pour limiter la propagation de la pandémie au Cameroun, comment se porte le secteur de l’hôtellerie ?

On essaie de se relever très très doucement parce qu’il faut bien continuer l’activité. Le Tourisme est quand-même l’un des secteurs d’activité essentiel à l’économie du pays. Nous ne pouvons pas vivre sans loisir. Donc, on se réhabitue, on respecte les mesures barrières. On vit désormais avec la Covid-19. On est obligé de s’arrimer aux nouvelles exigences imposées par la pandémie. Si on veut avoir un client et le rassurer, on doit se conformer à la nouvelle situation mondiale. Il faut que l’Afrique s’y adapte, le Cameroun et les hôteliers avec.

Le Syndicat des Industries de l’Hôtellerie et du Tourisme du Cameroun a-t-il déjà évalué les répercussions de cette crise sanitaire ?

Bien sûr. C’est tout à fait visible. Si nous avons été les premiers à être touchés, c’est parce que l’une des premières restrictions interdisait les vols, donc plus de voyage, et toutes ces interdictions impactent négativement les activités. Donc, on est resté jusqu’à zéro client, zéro chiffre d’affaires, zéro recette. C’était évidement très difficile, et c’est toujours difficile, parce que la reprise va être lente, et peut-être difficile. Il faut réhabituer les gens à organiser leur sortie en considérant que le danger est toujours permanent. Les pertes sont énormes. On a zéro recette, et pendant ce temps, il faut toujours payer les factures d’électricité, maintenir un personnel minimum… C’est très grave.

Plusieurs hôtels au début de la pandémie ont opté pour la mise en chômage technique du personnel après les premières mesures gouvernementales. Est-ce qu’avec l’assouplissement de ces mesures ces personnels ont repris le service ?

On continue parce qu’il n’a toujours pas d’ouverture de frontière, toujours pas de clients, c’est difficile. On est obligé de rester parce que les infrastructures se détériorent, surtout dans la ville de Douala, où l’humidité est un facteur considérable, et quand on ferme les portes les choses se détériorent. Donc, on est obligé de maintenir l’outil de production.

Certaines mesures d’allégement fiscal ont été prises par le gouvernement. Est-ce que ces mesures ont eu un impact sur vos activités ?

Pas véritablement parce que l’allégement fiscal que nous avons eu, était sur la taxe de séjour. Une taxe qui est liée à la clientèle. Si on n’a pas de client, on a zéro taxe de séjour. Maintenant il y a eu des reports par rapport à la déclaration. Trois mois de report pour déclarer, mais il faut payer. Donc, sur le plan financier, il n’y a eu aucun impact parce qu’il faut payer. Même si on a une prorogation dans la déclaration, il faut payer.

Avant cette pandémie, le secteur de l’hôtellerie était en ébullition en prélude à l’organisation des grands évènements sportifs au Cameroun. Avec cette crise sanitaire, est-ce que le Cameroun connaîtra le même degré d’innovation et de transformation avant les nouvelles échéances ?

Il y a eu des reports des dates aussi, janvier 2021 pour le Chan et 2022 pour la Can. Il faut qu’on espère que tout ceci va passer et qu’on va véritablement s’atteler à recevoir ces compétitions. Je crois que dans un secteur comme le tourisme, on n’est obligé d’innover, de se maintenir à la pointe de la technologie parce c’est ça qui attire les clients. Dès que la pandémie est finie, il faut repartir sur les mêmes objectifs.

Les hôtels sollicités par le gouvernement pour la mise en quarantaine des cas suspects dans le cadre de la riposte contre la Covid-19 ont-ils perçu leur dû ?

Je sais qu’ils étaient en attente de leur paiement. Certainement c’est déjà fait.

Est-ce qu’au niveau du syndicat, on pense à un programme qui permettra de booster les activités dans le secteur de l’hôtellerie ?

Nous faisons toujours en sorte qu’il ait des innovations. Dans le tourisme il faut innover tout le temps. En ce moment nous sommes très encrés dans ce qu’on va appeler le « tourisme interne » parce que les frontières sont fermées. C’est le vœu de tout un chacun de mieux connaître son pays. Nous avons un potentiel énorme qui ne demande qu’à être développé. Aujourd’hui nous voulons travailler avec les collectivités territoriales décentralisées pour qu’on amène le Camerounais à connaître sa localité, pour que les mairies jouent leur rôle, parce qu’il y a énormément de ressources financières qui peuvent arriver par ce biais-là.

Réalisé par M.L.M.

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