Ouest :  Donasson Anafack, le génie qui a démystifié la culture des fraises
Donasson Anafack dans sa fraisière

La culture de la fraise qui réussi à l’Ouest

Avec 10 plants pour une culture expérimentale à ses débuts, le promoteur d’Agro Ankh, une structure agricole, produit aujourd’hui près de 100 kg de fraises par mois, sur 3000 m2. L’un des rares fraisiculteurs du Cameroun, il a dompté le marché local et formé plus d’une trentaine de producteurs culture des fraise au Cameroun.  

« Je ne pourrais décrire ce que j’ai ressenti quand après plusieurs semaines, j’ai obtenu mon premier fruit », se souvient Donasson Anafack, de ses débuts il y a trois ans, lorsqu’il a décidé de produire les fraises. A Dschang, chef-lieu du département de la Menoua, région de l’Ouest, au lieu-dit Carrefour Irad, cet ingénieur agronome exploite une fraisière de près de 3 000 m2 qui produit en moyenne 100 kg de fruits par mois culture des fraise au Cameroun.

A tout juste 28 ans, il est l’un des rares et plus grands producteurs de la région de l’Ouest. « J’ai appris depuis tout petit que la fraise c’est pour les « blancs » et qu’il n’était pas possible d’en produire ici », raconte le producteur qui décide de se faire sa propre idée sur le sujet. Diplômé de la Faculté d’agronomie et des sciences agricoles (Fasa) de l’Université de Dschang, il a commencé par se documenter sur la fraisiculture. Les techniques de semailles, d’entretien, les contraintes climatologiques, rien ne lui échappe.

Riche de toutes ses nouvelles connaissances, il entame son expérience. « J’ai commencé avec 10 plants(gariguette) obtenus à la Fasa. Ma première récolte m’a boosté et aujourd’hui, je cultive la fraise (Charlotte) sur près de 3000m2 », dit-il, la voix remplie de fierté. Grâce à son expérience dans le domaine, cet agriculteur a développé ses activités et emploie à l’heure plus de huit personnes.

culture des fraise au Cameroun Un business juteux

Dans cette localité, Donasson a réussi à introduire la fraise dans les habitudes alimentaires de la communauté qui en raffole. Autrefois déserte et peu pratiquée, la route qui mène à sa plantation voit désormais passer de nombreux curieux qui veulent, même de loin, apercevoir ces beaux fruits rouges.

Certains profitent de l’absence du propriétaire pour en cueillir. « On enregistre de nombreux de cas de vol. Notre clôture a été plusieurs fois sabotée. Ce sont surtout des élèves et des adultes curieux et financièrement limités », explique le producteur compréhensif, qui ajoute que, bien que cultivée localement, la fraise reste un fruit de « luxe ». « Je vends le kilogramme de fraises à 6000 F Cfa, les revendeurs commercialisent la même quantité à 8000 Cfa. Une fois exposées dans les supermarchés et autres grandes surfaces, le kilogramme coûte entre 10.000 et 15.000 F Cfa ».

A en croire Donasson, le business de la fraise est plus que rentable car le fraisier produit en toute saison. De plus, si on s’y prend bien, on peut même se faire de l’argent, en vendant les plants de fraise, (500 F Cfa l’unité) en plus des fruits.

 

Une vue de la fraisière

Transformation

Cependant, gros bénéfices riment souvent avec gros risques et dans la culture de la fraise, l’une des difficultés est le transport. Pour le moment, les principaux clients d’Agro Ankh se trouvent à Bafoussam, Douala et Yaoundé et c’est via les compagnies de transport en commun que sont faites les livraisons. Non sans risque malheureusement. « Les secousses, la chaleur dans les soutes à bagages et les malles détériorent la fraise. Si j’envoie 10kgs de fraise, je suis presque sûr d’en perdre au moins 3 pendant le voyage », confie le producteur.

Outre le transport, il faut, pour une bonne production, lutter contre les attaques des oiseaux et des escargots. La non disponibilité des produits phytosanitaires adaptées à cette culture et les variations climatiques sont entre autres difficultés liées à cette culture. « S’il y a trop de pluies par exemple, l’excès d’humidité cause des pourritures et les fruits touchés ne peuvent plus être commercialisés », fait savoir le jeune homme. Pour réduire les pertes, il a eu l’idée de se lancer, avec les rebuts, dans la fabrication de confitures et de vin de fraise. Une idée plutôt bonne au regard des commandes de confitures de plus en plus élevées culture des fraise au Cameroun.

Bien qu’embryonnaire au Cameroun, la fraisiculture se développe dans plusieurs localités du pays, dont les régions de l’Adamaoua et de l’Ouest. Longtemps considéré comme un fruit produit principalement en Europe, en Amérique et en Asie, il se cultive dans plusieurs pays du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne. Selon l’Atlas Big, l’Egypte est le premier producteur africain avec 362 639 tonnes.

Vanessa Bassale

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