Cancer du col de l’utérus : Les Gynécologues recommandent le vaccin controversé
Le vaccin Gardasil contre le cancer du col de l'Utérus

Face à la polémique qui divise les camerounais depuis l’annonce de la vaccination de 339 908 jeunes filles dans les écoles du pays contre le cancer du col utérin, la Société des gynécologues-obstétriciens du Cameroun « milite » pour son introduction dans le Programme élargi de vaccination.

Dr Jacques Tsingaing, vice-président de la Société des gynécologues-obstétriciens du Cameroun ne mâche pas ses mots : « Nous militons pour l’introduction de ce vaccin dans le Programme élargi de vaccination (PEV) ».  Cette position des gynécologues est loin de rassurer la population par rapport à la vaccination des filles âgées de 9 ans au moins dans les écoles primaires du pays contre le cancer du col de l’utérus.

Cette controverse est née avec le circulaire du Ministre de l’Education de Base (MINDUB) N°A/426 du 22 Juin 2020 adressé par le biais du Secrétaire d’Etat à l’Education de base aux délégués régionaux. « J’ai l’honneur de vous informer que le Ministre de la Santé publique (Minsanté) va introduire le vaccin contre le cancer du col de l’utérus et les autres infections liées au papillomavirus humain (HPV) dans le PEV au cours de cette campagne qui débutera le 23 septembre 2020, plusieurs stratégies vont être utilisées parmi lesquelles la stratégie école », peut-on lire. Pour cette première phase d’implémentation, près de 339 908 jeunes filles ciblées bénéficieront d’une première dose de Gardasil, déjà en utilisation depuis quelques années. Une seconde dose du vaccin leur sera administrée après 6 mois.

Une nouvelle qui ne réjouit pas tous les Camerounais. En plus des messages de dénonciation qui pleuvent sur les réseaux sociaux, le mouvement « Non au vaccin test » a initié depuis quelques jours une campagne en ligne pour contester ce vaccin. « Il faut dénoncer ce massacre. La santé et la suivie de nos enfants, en dépendent », décrie Valgadine Tonga, l’un de ses membres. Ces jeunes qui militent pour le dépistage, évoquent comme raison, ses effets indésirables, son retrait au Japon et en Autriche qui a enregistré des cas de maladie et de décès.

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Douleurs articulaires   

Dans un reportage sur Zoomin.TV France, une fille qui a reçu le vaccin en 2012 au Pays-Bas, affirme qu’elle souffre des douleurs dans les mains et le cou, manque de force dans les mains, n’arrive pas à rester débout très longtemps… « Juste après avoir pris son vaccin, elle a commencé à avoir   de la fièvre, les douleurs musculaires. Je pensais que c’était normal et que ça pouvait arriver à tous les enfants qui reçoivent un vaccin. Mais elle n’a pas récupéré et les effets secondaires se sont intensifiés.  Quand j’y repense, j’ai vraiment l’impression que tout a commencée quand elle a pris le vaccin », déplore la mère de cette néerlandaise. L’Agence néerlandaise de la santé soutient dans le même reportage que ces effets indésirables ne sont pas forcément liés à ce vaccin.

Dans une autre vidéo abondamment partagée sur les réseaux sociaux, le Pr Henri Joyeux, cancérologue et chirurgien français, à l’origine d’une pétition contre la vaccination massive des enfants contre les PVH, met notamment en garde les parents contre les vaccins Gardasil et Cervarix, utilisés pour lutter contre le cancer du col de l’utérus. Il précise qu’ils entraînent des « effets indésirables graves » chez les personnes traitées, et que des décès ont été notifiés dans des pays comme l’Autriche et les Etats-Unis.

 

Risque négligeable

Pour la Société des Gynécologues-obstétriciens du Cameroun qui collabore avec le Minsanté dans le cadre de ce programme, les effets indésirables en tant que tels sont mineurs. Notamment, rougeur au point de l’injection, inflammation, nausée, céphalée, vomissement…  « Par rapport au bénéfice-risque, le bénéfice est largement supérieur par rapport au risque encouru », affirme Dr Jacques Tsingaing.

Une démarche importante pour combattre cette maladie, qui est un problème de « santé publique réel », à en croire le médecin de la santé publique, Dr Roger Etoa.  Le cancer du col de l’utérus, indique-t-il, est le deuxième qui touche la femme camerounaise derrière le cancer du sein, avec une prévalence d’environ 40 cas pour 100 mille femmes. « La polémique est normal parce que les gens sont plus informés. Un vaccin est un produit pharmaceutique qui a ses avantages, mais aussi ses risques. Mais pour le prescrire, on étudie le rapport risque- bénéfice. Et si le rapport est en faveur des bénéfices, évidemment, la solution est retenue. Je suis au courant de la polémique qu’il y a eu sur ce vaccin en France avec une longue bataille judicaire. Jusqu’aujourd’hui le débat continue. Mais les principaux vaccins (Gardasil et Cervarix) ont des autorisations de mise sur le marché dans de nombreux pays. Au Cameroun, je pense qu’il a obtenu également une autorisation de mise sur le marché. Mais, la surveillance n’est pas arrêtée, on continue d’observer les effets indésirables », souligne Dr Roger Etoa.

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Bien qu’il fasse son entrée dans le PEV, ce médecin, relève que le vaccin était déjà en accès facultatif, et « on n’a pas encore noté pour l’instant une forte prévalence des effets secondaires ».  Selon lui, l’insuffisance de la communication autour de l’introduction de ce vaccin pourrait expliquer la réticence de la population. Toutefois, soutient Dr Tsingaing, vacciner les jeunes filles très tôt, les couvre à 95-97% du cancer du col et des autres infections liées PHV. Même s’il fait partie des cancers facilement traitables, l’OMS estime qu’en 2030 près de 450 000 femmes mourront de cette pathologie par an dans le monde, dont plus de 98 % dans les pays à faibles ressources, parmi lesquels 90 % en Afrique subsaharienne.

Marie Louise MAMGUE

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