Crise anglophone : Les répercussions sur les jeunes racontées dans un documentaire
Durant les troubles dans le NOSO

Intitulé « Avenir incertain », le documentaire réalisé par Adisi-Cameroun dans le chaudron de la crise sécuritaire qui sévit au Nord-Ouest et Sud-Ouest du Cameroun, met en exergue le lourd tribut que paient les jeunes de ces régions.

Déclenchée en fin 2016, la crise sécuritaire qui règne dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest Cameroun continue de sévir, en laissant sur son passage, autant de morts que de déplacés. Dans un film documentaire de 26 minutes, l’Association pour le développement intégré et la solidarité interactive (Adisi-Cameroun) revient sur les exactions qui ont été perpétrées dans ces zones dites anglophones dans plusieurs secteurs d’activité.  « Bamenda est devenue invivable, les animaux en forêts vivent mieux que nous. On tue les êtres humains on dirait des bœufs », témoigne une victime de la guerre.

Que ce soit dans l’agriculture, l’éducation, le numérique, les jeunes ont essuyé des échecs conséquents et considérables. Selon le Gicam, cette crise a engendré un manque à gagner de plus de 785 milliards F Cfa. 62% des pylônes installés dans ces deux régions ont été vandalisés, causant la perte de 100 millions F Cfa, avec plus de 80 à 90% d’effectifs démissionnaires à la Silicol Mountain de Buea, une plateforme de startuppeurs, en février 2019.  « Nous avons perdu environ 25 millions F Cfa seulement la première année où tout a commencé », se souvient Churchill Mambe Nanje, Ceo Jorku, une start-up basée à Buea, dans le Sud-Ouest.

Plusieurs familles subissent au quotidien, cette guerre qui est partie d’une simple revendication des avocats qui portait sur la traduction en anglais du Code de l’organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada) et d’autres textes de lois votés à l’Assemblée nationale. Un mois plus tard, ce sont les enseignants qui sont montés au créneau. « Pendant ces trois dernières années, ce qui avait commencé comme un simple mouvement social s’est transformé en une insurrection caractérisée par un fort climat d’insécurité », relate le documentaire.

Selon le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (Hcr), la crise a fait 679,393 déplacés interne au 31 juillet 2020.  La lettre des évêques du monde entier au Chef de l’Etat du Cameroun note à son tour que cette guerre a fait au moins 2 000 morts, 656 000 déplacés internes, 50 000 personnes réfugiées au Nigéria, et des centaines de villages détruits. «  J’ai perdu des amis, des camarades de classe dans cette guerre. Deux parmi eux ont vu leurs têtes être déchiquetées par balles. Un autre a été recruté par les combattants séparatistes. Il a été tué dans une fusillade entre eux et l’armée régulière », révèle Bertrand Chia Abongwa, président régional du Conseil national de la jeunesse (Cnjc) pour le Nord-Ouest.

Comme le souligne le documentaire, la jeunesse est la principale victime de cette crise, car « ceux qui combattent pour les séparatistes et ceux du camps de l’armée régulière sont des jeunes. Ils sont au front dans les deux camps. C’est donc naturellement que les jeunes meurent le plus », témoigne Bertand Chia Abongwa.

Bouclé en fin mars 2020 et tourné entre octobre 2019 et janvier 2020, le film a été présenté à la presse le mardi 18 août 2020 au siège de l’association de Douala. Il est à la base un documentaire plaidoyer avec pour principal objectif de documenter l’impact de la crise anglophone sur la jeunesse des régions anglophones, adressé aux administrations gouvernementales. « Il a été produit dans le but de dénoncer les affres de la crise anglophone sur l’avenir des zones en crise, d’où le choix de parler de la jeunesse », souligne Paul-Joël Kamtchang, secrétaire exécutif d’Adisi-Cameroun. Il est en effet  question de  sauver l’avenir de ces régions en proie aux conflits socio-sécuritaires depuis 4 ans.

Michèle EBONGUE

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