Crise anglophone : l’Ong Mandela Center International accuse l’Etat de violation des droits à la sûreté

Crise anglophone : l’Ong Mandela Center International accuse l’Etat de violation des droits à la sûreté

Dans son rapport publié en janvier 2022, la Commission d’enquête Indépendante, chapotée par l’Ong Mandela Center International révèle que la détention des membres de Médecins Sans Frontières ne repose sur aucun argument juridique fiable.

Des images d’un homme blessé par balles à bord du véhicule de l’Ong Médecins sans frontières (MSF) ont récemment défrayé la chronique au Cameroun. L’information publiée sur la page Facebook « Honneur et Fidélité – Armée Camerounaise », du ministère de la Défense, fait état de l’interpellation d’un séparatiste par la brigade de Nguti au Sud-Ouest, dans le département du Koupé-Manengouba, à 73km de la ville de Mamfé.

Dans un rapport de 140 pages de la Commission d’enquête Indépendante, l’Ong Mandela Center International revient sur les faits, le rôle et la posture des différents acteurs impliqués dans cet incident. « Les responsables militaires camerounais ont stoppé l’ambulance de Médecins Sans Frontières qui se rendait à l’Hôpital Général de Kumba, avec un blessé de guerre dont le pronostic vital était fortement engagé, le sieur Mbu Princely Tabe, suivi de l’interpellation illégale et de la détention arbitraire du conducteur de l’ambulance, Ashu Dabinash Godlove, et de l’infirmière urgentiste, Mewouo Marguerite Gerzande, qui contrôlait les paramètres du patient.(Sic) », rapporte l’Organisation enquêtrice.

Dans son rapport publié en janvier 2022, la Commission d’enquête Indépendante

D’après le document, cet incident résulte d’un affrontement armé entre une patrouille de routine de l’armée camerounaise, et un groupe armé qui s’est réclamé des forces séparatistes. Les nommés Mbu Princely Tabe (Général Moving Star) et Besong Eugène alias « Général Pa Lampat », ont grièvement été blessés par balles. Arrivée sur les lieux, l’ambulance, conduite par Ashu Dabinash Godlove, avec à son bord, Marguerite Mewouo, l’infirmière urgentiste, constate que l’un des terroristes (Général Pa Lampat) a succombé à ses blessures. « Après avoir évalué la situation, l’infirmière urgentiste a rendu compte immédiatement à sa hiérarchie, qui, eu égard à l’état critique du blessé (profond traumatisme), a opté pour la destination de l’Hôpital Général de Kumba, avec possibilité de le référer, en cas de besoin, à l’hôpital Baptiste de Mutengene », relève le rapport.

 

Mandela Center International révèle que la détention des membres

Seulement, après quelques kilomètres de parcours, l’ambulance est stoppée par la gendarmerie et l’armée. Alors que le patient est extirpé du véhicule, les autres sont interpellés, puis conduits à la compagnie de gendarmerie de Mamfé pour exploitation. Une décision que condamne l’Ong Mandela Center internationale. « L’État du Cameroun a donc violé le droit à la sûreté et la sécurité de la personne, en arrêtant Mme Mewouo Marguerite Gerzande et Sieur Ashu Dabinash Godlove sans mandat ni titre. », relève l’Ong. Qui ajoute : « Sauf si les autorités militaires locales supposent que fournir une assistance humanitaire à un être humain même engagé dans un conflit constitue un flagrant délit or dans le cas d’espèce, aucun élément constitutif de flagrant délit n’a été rempli ».

Quant à la présence des corps, des armes et des munitions de guerre à bord des ambulances de MSF dans la Sud-Ouest, la commission conclut sans équivoque, ni moindre doute, qu’«aucun corps d’un combattant, aucune arme ou encore moins des minutions de guerre n’ont jamais été découverts à bord d’une ambulance appartenant à MSF dans les régions anglophones… leur détention ne repose sur aucun argument juridique fiable, tant dans le contexte des lois nationales que de celui des instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’homme».

Michèle EBONGUE

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