Entreprenariat : Le Gicam milite pour une révision de la politique économique

Pour le patronat camerounais, l’heure est à la promotion d’une industrie locale, du patriotisme économique, du made in Cameroon et de l’économie circulaire, qui ne peuvent se concrétiser sans l’apport des pouvoirs publics.

Suite à la baisse des revenus de ses parents à la retraite, Marc Kamgaing a initié un projet d’accompagnement des retraités. Après 5 années passées en Europe, il décide de créer Harvest Asset Management, une entreprise de gestion de portefeuille financier. Mais ce n’est qu’en 2017, lorsque la loi sur le placement de produit a été voté, que l’entreprise est créée. Et son premier placement a suivi en 2018.

Selon le promoteur de Harvest Asset Management, ce n’est qu’en 2019 que les activités commencent à décoller. « En termes de collecte, nous avons enregistré une vingtaine de milliards F Cfa en 2020, malgré la Covid-19. En cette période, les gens se sont mis à beaucoup épargner et à moins dépenser. Du coup, les actifs à notre niveau, avec l’aide de notre banque partenaire ont vraiment décollé », révèle-t-il. Et d’ajouter : « On a fini l’année 2020 avec plus d’une centaine de milliards F Cfa, et on était nous même surpris par le développement de l’activité ».

Ce success story est quasiment le même que celui des autres entrepreneurs qui ont partagé leur expérience au Groupement inter-patronal (Gicam) à Douala. C’était à l’occasion du lancement de la 3e édition de la semaine mondiale de l’entreprenariat. Seulement, contrairement au Directeur Général de Harvest Asset Management, la Covid-19 a plombé les activités de plusieurs entreprises membre de ce patronat. « La crise sanitaire depuis 2019 a remis en exergue, les risques d’une économie extravertie comme la nôtre. Ainsi du fait de notre forte indépendance à l’importation tant des matières que de produits finis, notre économie est en passe de faire face à l’une des crises les plus importantes de l’histoire », révèle Célestin Tawamba, président du Gicam. Pour qui l’heure est à la promotion d’une industrie locale, du patriotisme économique, du made in Cameroon et de l’économie circulaire.

Selon lui, cette politique économique ne peut exister sans l’apport des pouvoirs publics. A qui le Gicam demande de faire plusieurs révisions, dont l’ouverture des frontières à tout vent. « La Chine s’est développée avec la fermeture de ses frontières, et de ses économies. Nous avons des devoirs, nous devons faire des choix. On ne peut pas demander en même temps aux entreprises de créer, avoir des coûts de facteurs aussi importantes et en même temps penser qu’elles peuvent être compétitives », s’adresse le Président du Gicam à Achille Bassileking III, ministre des Petites et Moyennes Entreprises et de l’Economie Sociale et de l’Artisanat (Minpessa).

Outre ces revendications, le Gicam dénonce une fiscalité prédatrice qui aujourd’hui, nourrit le secteur informel devenu obèse. « Si rien n’est fait, la plupart de ces entreprises vont demeurer dans l’informel. Nous avons intérêt à regarder ce point qu’on ne cesse de vous dire, qu’on ne peut pas avoir une activité dont la marge est d’1, de 2, voire de 3 % et vous, vous prenez 2,2% au minimum, c’est inadmissible », regrette Célestin Tawamba.

Michèle EBONGUE

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