Filière porcine :100 porcs améliorés pour relancer la filière à l’Ouest
Les nouvelles races de porc importées à l’Ouest.

Filière porcine :100 porcs améliorés pour relancer la filière à l’Ouest

Grace à cette race importée qui permet de produire 3 à 4 fois plus de viande que les races déjà présentes au Cameroun, le Minepia entend faire résorber les effets de la récente peste porcine dans la région filière porcine à l’Ouest.

Comme tous les autres jours de la semaine, Serges Tchemno commence sa journée de mercredi 1er février 2023, par la visite de sa porcherie. Dans un espace aménagé à proximité de son domicile, il élève des porcs depuis plus de sept ans. En 2021, cet éleveur a risqué la faillite. « Pendant la peste porcine qui a fortement frappé la région de l’Ouest, j’ai perdu plus de la moitié de mon cheptel », se souvient-il.

Un mauvais souvenir pour Serges, qui a désormais le regard tourné vers l’avenir. Pour booster sa production, il compte sur les 100 porcs améliorés que le Ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales (Minepia) via le Projet de développement de l’Elevage (Prodel) a récemment importé d’Europe. Des races qui seront multipliées dans des fermes professionnelles avant leur mise sur le marché dans un an.  Un appel à sollicitation de manifestation d’intérêt a d’ores et déjà été publié.

Comment la filière porcine améliorée peut relancer l’économie de l’Ouest ?

A la délégation régionale du Minepia pour l’Ouest, les responsables affirment que cette action va permettre de relancer la filière porcine. En effet, les bêtes importées ont un haut potentiel de reproduction en termes de prolificité. Ils peuvent produire entre 12 et 22 porcelets par mise bas pendant que les races traditionnelles produisent entre 5 et 8 porcelets. Autre argument, les porcs améliorés produisent beaucoup plus de viande que les autres. « Pour 3 kilogrammes d’aliments consommés, un porc d’ancienne souche va produire 500g de viande maximum. Par contre, la nouvelle espèce peut, pour la même quantité d’aliments, produire jusqu’à 1200g de viande », explique Bernard Souop Nguetchouessi, producteur et président de l’interprofession porcine de l’Ouest.

Cependant des craintes demeurent quant à la résistance de ces bêtes aux maladies. « La solution que nous proposons prendra en compte la préservation de nos races locales qui sont généralement très rustiques et résistantes aux maladies. Ceci à travers les croisements inter-races pour produire des porcs hybrides ayant non seulement les potentiels de production hérités des races pures importées, mais la rusticité de nos races locales », rassure Dr Jonas Temwa, délégué régional Minepia Ouest.

 

Peste porcine

De quoi faire oublier la peste porcine de 2021 laquelle, selon l’interprofession porcine, a poussé 20% des producteurs de l’Ouest à mettre la clé sous le paillasson et exterminé plus de 50% du cheptel de la région. Selon le Minepia, avant la peste, la région comptait « 150.000 porcs reproducteurs résidents dans les fermes, hormis les porcs charcutiers qui sont destinés directement à l’abattage. Actuellement, nous avons autour de 140.000 porcs reproducteurs résidents, avec une situation d’approvisionnement des marchés à plus de 300 à 500 porcs charcutiers par semaine à destination des grands marchés de consommation de Yaoundé et Douala ».

Cette nette amélioration de la situation a permis d’éviter une augmentation du prix de la viande de porc sur le marché pendant les fêtes de fin d’année.  Le kilogramme était vendu à 2500 Fcfa. Ceci malgré une augmentation significative des prix des intrants (son de blé, maïs, soja, concentrés) sur le marché. « Plusieurs personnes pensent que la peste porcine nous a fragilisés mais notre vrai problème c’est l’accès de plus en plus difficile aux aliments. Les prix ont quasiment doublé pour certains produits », se plaint Merlin Eke, un éleveur.

Sur le marché, le prix du sac de son de blé est passé de 3500 à 7000 F Cfa. Le sac de maïs est passé de 15.000F Cfa à 30.000F Cfa. Le sac de soja qui coûtait 15.000F Cfa est vendu désormais à 25.000 F Cfa. Le sac de concentrés, oligoéléments et vitamines a connu la hausse la plus sérieuse, passant de 25.000F Cfa à 58.000F Cfa. Une situation alarmante qui oblige plusieurs éleveurs a opté pour la réduction de leurs effectifs de porcs dans les fermes. Ceci afin de supporter le coût de production qui est devenu élevé. « J’ai dû passer de 18 à 11 porcs pour ne pas tourner à perte » confie Pauline Fopa.

Un doigt accusateur est pointé vers la guerre entre la Russie et l’Ukraine. En effet, selon un rapport publié en novembre 2022 par la FAO, la facture des importations des intrants, est prévue pour s’élever. Le niveau de hausse de 48% d’une année sur l’autre représenterait plus du double du montant enregistré en 2020.

Vanessa Bassale

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