Filière tabac : plus de 3 000 familles affligées à l’Est

Filière tabac : plus de 3 000 familles affligées à l’Est

Depuis le début de l’année, certaines entreprises de ce secteur d’activité ont enregistré des pertes d’environ 68 tonnes de tabac et des dégâts matériels estimés à plus 1,5 milliards F Cfa. Cette crise a mis fin aux Filière tabac familles affligées milliers d’emplois et hypothèque la possibilité des entreprises à éponger des dettes des producteurs.

La famille d’Alphonse Mgbengué, cultivateur du tabac à Ketté dans le département de la Kadey à l’Est, peine à joindre les deux bouts au quotidien. Le Chef de famille ne sait plus à quel saint se vouer depuis 2015 qu’il attend les retombées de la vente de sa production de tabac Filière tabac familles affligées. « Aucun de mes enfants n’est inscrit à l’école cette année scolaire. J’avais l’espoir que la Fédération des planteurs de tabacs et autres cultures vivrières du Cameroon (FPTC) allait payer mes arriérés de la production de 2015, mais je n’ai rien reçu. Tous mes 04 enfants Filière tabac familles affligées sont à la maison », déplore ce chef de famille.

Filière tabac familles affligées entreprises de ce secteur d’activité ont enregistré des pertes

Comme ce cultivateur qui cumule plus 30 ans d’activité, Megabi Maurice, Nguiro Richard et l’ensemble des cultivateurs des secteurs Lala, Ketté et Ngoura, attendent toujours leur dû. Pour décrier leur situation, ces cultivateurs avec ceux des secteurs de Mbounou, Lolo, Ngotto et Timangolo, réunis au sein du collectif des producteurs de tabac du département de la Kadey ont saisi il y a quelques mois, le ministre de l’Agriculture et du Développement Rural (MINADER) au sujet de leurs difficultés notamment le non paiement des arriérés de la production de 2015.

 

 

A ce sujet, Jean Marc Sambha’a, administrateur provisoire (AP) de la FPTC a reconnu au mois de mai 2021 que « seule la récolte de 2015 estimée à 150.000.000 F Cfa n’avait pas été entièrement payé. Le Minader avait promis lors du comice agropastoral de l’Est en décembre 2020 de donner une subvention de 50.000 000 FCFA pour permettre à la Fédération de commencer à payer cette dette ». L’administrateur provisoire comptait également sur les bénéfices de la vente de la production 2019-2020 pour éponger une partie de cet engagement afin de permettre aux planteurs de regagner les champs lors de la campagne 2022. 

Catastrophe

Malheureusement, toutes ces prévisions sont tombées à l’eau. En effet, la FPTC n’a pas encore reçu la subvention du MINADER. En plus, un incendie a emporté son stock de tabac pour environ 650 millions F Cfa dans la nuit du 25 au 26 juin 2021. Cette entreprise et son partenaire, Camtobaco déclare également avoir enregistré des dégâts matériels d’environ 800 millions F Cfa. Quatre mois après, les impacts de cette catastrophe sont toujours visibles. La façade du magasin principal au quartier Mokolo SCT à Bertoua a cédé sous la pression des flammes. Une bonne partie de la charpente en fer et des feuilles de tôle a volé en éclat. « Nous avons perdu pour environ 55 tonnes de tabacs des récoltes de 2019 et 2020 déjà traités et prêts à l’exportation. La vente de ces tabacs auraient permis à l’entreprise de récolter environ 650 millions F Cfa selon les accords conclus avec notre client. A cela s’ajoutent presque 17 millions F Cfa de matériel de travail consumé par les flammes », souligne l’administrateur provisoire.

Dans un compte-rendu adressé au Minader, administrateur provisoire de la FPTC et le président du conseil d’administration (PCA) de Camtobaco SA indiquent que « pour la production de ce tabac, nous avons investi 124 216 009 F Cfa auxquels il faut ajouter les charges de fonctionnement de presque 70 millions F Cfa pour la période 2019/2020 à payer aux personnels permanents et aux administrateurs. » Le document révèle également qu’au moment de l’incendie, cette entreprise s’apprêtait à livrer en septembre 2021, 25,4 tonnes de « chewing-tobacco » estimés à près de 58 millions F Cfa. Ces pertes, regrettent les victimes Filière tabac familles affligées, « compliquent la prise en charge des 719 planteurs, 14 encadreurs et 5 chefs de secteur mobilisés sur le terrain pour la production de 94 tonnes de tabacs en 2022 ». 

Incertitude sur la relance

Également concernés par cette situation, les 40 personnels affectés dans les ateliers FPTC de Bertoua, du fait de cet incendie et les 500 stagiaires attendus pour le conditionnement des tabacs pendant les grandes vacances, qui n’ont pas été recrutés. Par ailleurs, « les experts ont estimé les dégâts matériels à 850 millions F Cfa Filière tabac familles affligées ». Ce qui situe les pertes totales de la FPTC autour de 2 milliards F Cfa.

Au mois de février 2021, Cameroon Golding Wrapper (CGWG), une autre société de collecte, de traitement et de commercialisation a perdu près de 13 tonnes de tabacs dans ses magasins à Mandjou, localité située à 5 km de Bertoua sur la route de Batouri. Contrairement à l’incendie dont les enquêtes pour déterminer les causes sont en cours à la police judicaire de l’Est, la perte de CGWG est consécutive à une bataille juridique qui l’oppose à son concurrent, la compagnie camerounaise des tabacs (CTC).

hypothèque la possibilité des entreprises à éponger des dettes?

Car, le 18 janvier 2021, par les soins de Me Gisèle Kitou Yemon, huissier de justice à Bertoua, la CTC a assigné la CGWG « en référé d’heure à heure aux fins de désignation d’un séquestre judiciaire pour des stocks de tabac querellés ».Filière tabac familles affligées Pendant cette période, affirment les sources de cette entreprise, les 41 tonnes des tabacs produits par 400 planteurs sur 82 hectares en 2020 pour une valeur estimée à un peu plus de 36 millions F Cfa ont subi une dégradation avec une perte de 13 tonnes.

Cette crise est une grave menace pour la relance de la filière puisque l’Etat à travers le MINADER n’intervient plus directement dans la filière suite à l’arrêt des activités du Projet national d’appui au Filière tabac familles affligées développement du tabac et des plantes stimulantes (PNADTPS) par décision No 00026 du 17 février 2020. Une situation qui plonge environ 7500 planteurs des départements de la Kadey et le Lom-et-Djerem dans le désarroi.

Sébastian Chi Elvido à Bertoua

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