Lutte contre le paludisme : Le Cameroun introduit le vaccin dans son programme en 2024

Le Cameroun introduit le vaccin dans son programme en 2024
Pour renforcer la lutte contre cette maladie qui reste la première cause de morbidité et de mortalité chez les enfants, le gouvernement introduira à partir de janvier 2024 le vaccin antipaludique dans la routine. Cependant, les pharmaciens dénoncent les pouvoirs publics qui continuent d’encourager les importations des médicaments au détriment des initiatives locales .
Le ministre de la Santé publique (Minsanté), Manaouda Malachie, dans un tweet, le 03 octobre 2023 a annoncé que le Cameroun a obtenu de ses partenaires 1,6 million de doses de vaccin antipaludique. Leur réception est prévue en décembre prochain « pour une introduction dans la routine en janvier 2024 ».
L’introduction officielle de ce vaccin contre le paludisme au Cameroun vise selon le Programme élargi de vaccination (Pev) à renforcer la lutte contre cette maladie qui reste la première cause de morbidité et de mortalité chez les enfants. Même si rien ne filtre sur lequel des vaccins est attendu par le Cameroun, il est à signaler que l’Organisation mondiale de la santé (Oms) a récemment approuvé le R21/ Matrix-M, comme deuxième vaccin antipaludique. Il arrive après le RTS,S introduit en 2021 dont la disponibilité serait limitée .
Selon le Dr Matshidiso Moeti, la directrice régionale de l’Oms pour l’Afrique, ces deux vaccins peuvent aider à consolider les efforts de lutte contre le paludisme et sauver des centaines de milliers d’enfants en Afrique
. Elle rassure de ce que ces deux vaccins ont un taux d’efficacité d’environ 75%. Néanmoins, reconnait-elle, seul le vaccin ne suffira pas car d’ici à 2026, la demande pourrait atteindre 60 millions de doses par an et 100 millions d’ici 2030.« Nous sommes bien curieux de savoir à quoi serviront ces vaccins au Cameroun car nous ne sommes pas assez outillés en la matière. Logiquement, je pense qu’au lieu de dépenser autant de milliards F Cfa dans le traitement et la prévention de cette maladie, nous pouvons avoir recours à notre pharmacopée. Malheureusement, rien n’est fait par nos pharmaciens et chercheurs pour permettre de lutter localement contre cette maladie », confie un médecin sous anonymat
.Pour justifier cette dépendance aux firmes internationales, un pharmacien qui a requis l’anonymat explique : « en fait, il y a un gros business autour des antipaludiques qui représentent près de 30% des parts du marché détenus par les firmes étrangères en Afrique subsaharienne. Ce qu’il se passe c’est qu’on bloque toute initiative venant des Africains
. Une fois que l’on est soupçonné de vouloir fabriquer des antipaludiques, on est tout de suite anéanti ».A en croire ces professionnels, le gouvernement peine à promouvoir les initiatives locales qui peuvent contribuer à éradiquer cette maladie. « Ce n’est pas comme si nous ne voulons rien faire. La réalité est que nous ne le pouvons pas car nous ne sommes pas couverts par les autorités. Il faut signaler que nos dirigeants refusent de promouvoir la production locale et continuent d’encourager les importations des médicaments car cela leur rapport beaucoup d’argent l’Artemesia Annua, est le vrai secret du paludisme », souligne un autre pharmacien.
. Toute initiative locale est tuée dans l’œuf. Nous ne sommes pas nuls c’est juste qu’on nous empêche de penser à quoi que ce soit et pourtantEn rappel, c’est depuis 2019, que le Ghana, le Kenya et le Malawi administrent le vaccin antipaludique dans le cadre du Programme de mise en œuvre du vaccin antipaludique (MVIP), coordonné par l’OMS
. Tout comme le Cameroun, le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, le Libéria, le Niger, l’Ouganda, la République démocratique du Congo et la Sierra Leone introduiront le vaccin dans leurs programmes de vaccination systématique pour la première fois.Mélanie Ambombo