Nord : Moustafa Eli s’engage contre la disparition des taurins

la disparition des taurins au Nord
Cet administrateur de santé est l’un des rares éleveurs des « bœufs initiés », encore appelés taurins, une race de bœufs sans bosse et de petite taille, menacée de disparition dans la région du Nord.
Yelkou, berger, reçoit la visite de son patron Moustafa Eli, accompagné de ses amis dans la matinée du dimanche le 27 août 2023 à Touptè. Muni de ses bottes, Moustafa Eli est fier de son troupeau de taurins, une espèce spécifique au peuple Dowayo situé à Poli, dans le département du Faro, région du Nord. « C’est une variété très prisée, sans bosse et de petite taille », lance l’éleveur âgé de 44 ans. « Nous avons le devoir de préserver cette richesse que nous ont légué nos parents et qui est en voie de disparition », justifie-t-il . En effet, explique ce fonctionnaire, administrateur de santé, cette race est menacée d’extinction parce que très peu sollicitée par les éleveurs.
Dans ses débuts en 2007, Moustafa Eli, alors âgé de 28 ans a failli abandonner. L’unique couple avec lequel il démarre l’aventure a pris du temps pour s’habituer à son nouvel environnement. « Ce sont des bœufs difficiles », reconnait-il. Au fil du temps, Moustafa s’est armé de patience et aujourd’hui, 16 ans après, il est devenu propriétaire d’un cheptel de 64 têtes.
Le choix de cette espèce n’est pas anodin. « C’est une race initiée, difficile à voler. Elle est très forte et résiste aux changements climatiques et son alimentation n’est pas compliquée », confie-t-il. Des efforts supplémentaires s’imposent en saison sèche quant à l’alimentation des taurins et Moustafa Eli en est conscient. « Il faut mobiliser des tas de feuilles d’arachides, des tiges de mil et de maïs. Il faut du sel et du tourteau, veiller sur leur santé en les faisant vacciner par le vétérinaire », précise-t-il Minader) à Poli.
. Grâce à ces meilleures conditions de vie qu’il offre à ses bêtes, Moustafa Eli a décroché le prix du meilleur taurin au mini-comice agropastoral de 2019 organisé par le Ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Dans cette activité, ce fonctionnaire tire son épingle du jeu. En plus de mettre un ou deux bœufs à la disposition de la famille en période de fête, le jeune éleveur peut également vendre quelques têtes
. Les prix varient selon l’âge de l’animal, son alimentation et la période de la vente. « Une génisse se vend entre 130 000 F Cfa et 140 000 F Cfa. Un bœuf peut se vendre à 350 000 F Cfa ou parfois plus », confie-t-il.L’élevage permet à Moustafa de préparer sa reconversion après sa vie de fonctionnaire. Actuellement chef de district de santé de Djohong, département du Mbéré, région de l’Adamaoua, cet administrateur de santé en plus de l’élevage, fait également de l’agriculture. Pour labourer ses champs, il a mis en place deux charrues de bœufs pour booster sa production de maïs et de mil.
Jérôme Baïmélé