Face à ces menaces, ces organisations réunies au sein de la coalition « Cameroon Advocacy », appellent à l’adoption d’une loi portant « protection et sécurité des défenseurs et journalistes ».

Menace, répression, représailles, attaques… la liste est loin d’être exhaustive. Pourtant elle résume suffisamment, la menace qui pèse sur les organisations de la société civile au Cameroun. Cette épée de Damoclès est d’autant plus réelle, qu’elle constitue le principal obstacle dans le déploiement des ONG locales, notamment dans le cadre des crises sécuritaires et sociales qui sévissent dans certaines régions du pays.

« A côté de la bataille armée sur le terrain, le gouvernement et les organisations de la société civile nationale et internationale se livrent, à une bataille médiatique. Les derniers accusant les premiers d’une mauvaise gestion de la crise qui provoque le massacre de plusieurs milliers de personnes, les premiers accusant les seconds de complicité avec des forces extérieures dans le but de déstabiliser le Cameroun », regrette, dans une déclaration publiée le 17 mars 2020, « Cameroon Advocacy », une coalition regroupant l’ensemble des organisations de la société civile camerounaise travaillant sur les questions des Droits de l’Homme dans le cadre des différents conflits qui traversent le Cameroun.

En effet, le 09 mars 2020, le Ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji « a d’une manière outrageuse, accusé les ONG et associations des Droits de l’Homme d’avoir des agendas cachés avec des démarches complotistes. Le Ministre accuse les ONG d’avoir reçu 5 milliards F Cfa des réseaux occultes à l’intérieur et à l’extérieur du Cameroun pour déstabiliser les institutions de la République, diffuser régulièrement dans certains médias à leur solde et dans les réseaux sociaux, des informations tronquées pour discréditer la gestion de la crise dans le Nord-Ouest et le Sud- Ouest par le Gouvernement »

Poursuite

Face à ces accusations, les organisations signataires de cette déclaration, ont déclaré qu’ils se réservent les droits de poursuivre le Minat pour diffamation devant les tribunaux. D’après ces défenseurs, les sorties passées et surtout la plus récente du ministre de l’Intérieur n’est que pure diversion pour détourner l’attention de la crise humanitaire (Extrême-Nord, Nord-Ouest et Sud-Ouest) et des violations graves et systémiques des droits de l’homme dans les régions anglophones. Pour cette coalition, le gouvernement a toujours été dans la logique de répression, de représailles et des attaques contre les défenseurs des droits humains, les Osc, nationales, régionales et internationales, les mécanismes de la commission Africaine des droits de l’homme, les procédures spéciales des Nations Unies et les agences onusiennes.

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Ces menaces récurrentes, à en croire ces acteurs, sont en violation des instruments internationaux dument ratifiés par l’Etat du Cameroun notamment, la déclaration universelle des droits de l’homme, le pacte international relatif aux droits civils et politique, la charte de Munich, la charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Par conséquent, ils appellent le gouvernent du Cameroun à assurer la protection et la sécurité des défenseurs des Droits de l’Homme en adoptant une loi portant « protection et sécurité des défenseurs et journalistes » ; à accepter une commission d’enquête indépendante internationale sur les crimes graves des droits humains constituée d’acteurs nationaux et internationaux dans les régions du Nord-ouest, du Sud-Ouest et du septentrion. Aussi, à poursuivre le processus de dialogue par la mise en place d’une commission vérité, justice et réconciliation. Ils appellent également à la responsabilité de la communauté internationale à agir et plus singulièrement l’Union Africaine et le Conseil de paix et de sécurité de l’union africaine qui a déclaré cette année comme année mythique pour faire taire les armes en Afrique.

Cette déclaration a été également adressée à la commission africaine des droits de l’homme, au conseil des nations unis pour les droits de l’homme, au centre des nations unis pour les droits de l’homme en Afrique centrale, à la commission nationale des droits de l’homme, au rapporteur spécial sur les représailles, au Rapporteur spécial de défense des droits de l’Homme en Afrique.

Marie Louise MAMGUE

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