Consommation : Au marché, les denrées alimentaires toujours hors de prix
Consommation : Au marché, les denrées alimentaires toujours hors de prix
Dans sa note sur l’évolution des prix en janvier 2024, l’Ins relève que l’inflation est davantage interne, car les prix des produits locaux ont augmenté de 7,9% contre 5,4% pour les produits importés . Selon l’économiste Célestin Tchacounte, pour une sortie de crise, le Cameroun doit pourvoir transformer son économie en stoppant l’exportation des matières premières.
Au marché de Mvog-Mbi à Yaoundé, ce jeudi 4 avril 2024, Odile Lemana, peine à faire ses emplettes. Avec un budget de 30 000 F Cfa, cette mère au foyer a prévu de s’acheter du poisson, du riz, de la tomate et de l’huile végétale. Malheureusement à cause de la hausse des prix de ces denrées alimentaires, elle n’a pu s’offrir qu’un sac de riz et quelques kilogrammes de poisson . En fonction des variétés disponibles, le kilogramme du riz oscille entre 600 et 900 F Cfa, tandis que le sac de 25 Kg est désormais vendu à partir de 12 mille F Cfa.
Le prix du poisson a lui aussi connu une augmentation vertigineuse, la palette de poisson brochet est passée de 50 000 à 65 000 F Cfa et le kilogramme s’achète désormais à 4 000 contre 2 500 Fcfa il y a quelques mois. Le mâchoiron pour sa part est passé de 40 000 à 55000 F Cfa et le kilogramme varie désormais entre 2 000 et 3 000 F Cfa, en fonction de la grosseur du poisson . La bouteille d’un litre d’huile de palme raffinée coûte toujours 1500 F Cfa, le bidon de 20 litres 25 500 F Cfa et celui de 25 litres 31 000 F Cfa. La liste est loin d’être exhaustive, car cette hausse s’observe sur presque tous les produits de première nécessité.
Une flambée des prix que les commerçants justifient par l’augmentation des couts des transports après la hausse des prix du carburant à la pompe en février 2024 de 15%. Selon l’Institut national de la statistique (Ins), en comparaison au mois de janvier 2023, le niveau général des prix a augmenté de 5,2% en janvier 2024, principalement en raison de la hausse de 5,4% des prix des produits alimentaires et de l’augmentation de 17,0% des coûts de transport. Suivant l’origine des produits, l’inflation est davantage interne, indique cet institut, car les prix des produits locaux ont augmenté de 7,9% contre 5,4% pour les produits importés.
Dans sa note de synthèse sur l’évolution de l’inflation en 2023, cette institution signalait déjà que les prix des produits alimentaires avaient grimpé de 11,1% tirant à 7,4% les prix à la consommation finale des ménages. Une troisième fois en 29 ans, souligne l’Ins, que le Cameroun connait un taux d’inflation aussi élevé après respectivement 32,5% et 9,0% en 1994 et 1995 à la suite de la dévaluation de 50% du Franc Cfa intervenue le 11 janvier 1994. Ce taux d’inflation devrait se maintenir aux alentours de 7% en 2024, a-t-elle relevé.
Pour expliquer cette explosion du taux d’inflation, l’économiste Célestin Tchacounte observe que le Cameroun est exposé à l’inflation à un double titre. Dans un premier temps tout part de la structuration de l’économie extravertie du Cameroun à travers le F Cfa qui est selon lui, la cause profonde du fait que le pays n’a pas la possibilité de faire des productions localement . « On a un taux de change très élevé qui génère également un taux de crédit très faible. En plus le pays importe presque tout ce qu’il consomme et vous allez vous rendre compte que les prix dans nos économies ne sont pas au niveau des nationaux », argumente-t -il.
A cela, l’économiste ajoute les crises conjoncturelles qui sont venues s’ajouter à la guerre russo-ukrainienne qui affecte les deux plus gros exportateurs de blé au monde . « Globalement tout ce qui est tension génère des perturbations sur le plan économique », conclu-t-il.
Il affirme que le Cameroun peut sortir de cette inflation en transformant son économie, en prenant la décision simple mais radicale de ne plus exporter ses matières premières . Le pays devra aussi développer l’import-substitution, développer l’industrie locale et la recherche au développement et battre sa monnaie.
Mélanie Ambombo
