Contrefaçon : La douane perd plus de 16 milliards de F Cfa par an au Nord
Un étal au Grand marché de Garoua

Contrefaçon : La douane perd plus 16 milliards de F Cfa par an au Nord-Cameroun

Les secteurs du textile, de la téléphonie mobile, des hydrocarbures, des médicaments et boissons sont les plus touchés par la contrebande et la contrefaçon dans la région du Nord-Cameroun. Malgré les efforts fournis par les autorités pour combattre ces trafics illicites qui impactent l’économie nationale et la santé des consommateurs, le phénomène se porte bien.

Dans le kiosque de fortune que tient Martin Hakda, vendeur au Grand marché de Garoua, chef-lieu de la région du Nord, des téléphones de différentes marques y sont exposés. Bien qu’accessibles à toutes les bourses, la plupart de ces articles sont d’origine douteuse. « Un téléphone contrefait de marque Samsung se vend entre 45 000 et 50 000F Cfa Contrefaçon au Nord-Cameroun. La même marque d’origine se vend à 150 000F Cfa », confie ce vendeur. Une aubaine pour le consommateur. «Je préfère un téléphone contrefait car il coûte moins cher que les téléphones d’origine. Il y a trop de taxes sur les articles d’origine», affirme Aminatou Haoua, ménagère à Garoua.

Comme ce marché, les espaces marchands de cette région du Cameroun abondent des produits de la contrebande et de la contrefaçon. « Sur le marché, le super Wax en provenance du Nigeria coûte 30 000 F Cfa pourtant le même Wax d’origine est vendu dans notre boutique à 75 000F Cfa », déplore Chimène Doudou, gérante d’une boutique au petit marché de Yelwa à Garoua Contrefaçon au Nord-Cameroun.

Provenance

Selon Alhadji Oumarou Djidda, président du grand marché Beac de Garoua, ces articles illicites sont commercialisés dans tous les secteurs de vente : textile, hydrocarbure, boisson, téléphonie, pharmaceutique…et proviennent pour la plupart du Nigéria. « Les médicaments, textiles, téléphones ainsi que des appareils électroniques et électriques proviennent régulièrement de l’Inde, de la Chine et de Dubaï. La Guinée Equatoriale ravitaille nos marchés en liqueurs et vins », souligne ce vendeur qui relève que certains produits tels que des boissons gazeuses Contrefaçon au Nord-Cameroun, l’eau minérale, des stylos, sont localement fabriqués dans des usines clandestines.

A en croire Hassan, un chauffeur qui maitrise le circuit des produits illicites, les cargaisons de marchandises, qui partent du Nigeria, à bord des camions, motocyclettes ou des petits véhicules, transitent par l’arrondissement de Barndaké, département de la Bénoué, pour rallier la ville de Garoua. « En saison des pluies, nous traversons la frontière avec des pirogues Contrefaçon au Nord-Cameroun. En saison sèche, le voyage est moins pénible car nous voyageons avec nos voitures jusqu’au Nigeria. Je peux faire 3h de route de Mubi au Nigeria pour la ville de Garoua. Une fois à Garoua, les produits sont distribués dans les marchés », explique ce chauffeur.

Selon Alim Bourfan Modeste, chef de brigade régionale du contrôle et de la répression des fraudes à la délégation régionale du Commerce pour le Nord, les produits de la contrebande et de la contrefaçon les plus consommés au Nord de 2020 au premier trimestre 2023, sont respectivement les textiles,médicaments, téléphones, boissons et carburant.« Ceci s’explique par le fait que cette région partage des frontières avec un pays voisin qui est un géant économique en Afrique Contrefaçon au Nord-Cameroun. La porosité des frontières favorise aussi ce fléau », explique Dahirou, délégué régional du Commerce pour le Nord.

Contrefaçon au Nord-Cameroun L’arbitrage de l’Etat

Issus de la contrebande ou de la contrefaçon, ces produits se vendent à ciel ouvert et d’autres au marché noir. « Si nous prenons par exemple le secteur de la téléphonie, au grand marché de Garoua, les téléphones contrefaits sont sur tous les étals. Il faut une expertise du ministère du Commerce pour distinguer le vrai du faux », relève Alim Bourfan Modeste Contrefaçon au Nord-Cameroun. Il explique que les aventuriers de ce commerce illicite, ciblent les produits qui sont faciles à vendre, dont « moins coûteux que les produits d’origine ».

Un business florissant, d’après Alim Maliki, responsable logistique au bureau du fret terrestre à Garoua. « Beaucoup de gens gagnent leurs vies dans ce trafic. Malheureusement Contrefaçon au Nord-Cameroun, il s’intensifie sur les différents corridors menant au Nigeria, et contribue à abimer nos routes. Les chargements excèdent toujours les normes et il n’y a aucun poste de pesage sur le corridor », explique-t-il.

Selon Taoyang Germain, économiste et enseignant à l’université de Garoua, « l’abondance des produits de la contrebande ou contrefaits dans les marchés de la région, démontre à suffisance les faiblesses étatiques dans la maîtrise totale des zones commerciales frontalières ». Pourtant, relève Alim Bourfan Modeste, le ministère du Commerce applique la loi cadre portant la protection du consommateur dont la loi N°2011/012 du 16 mai 2011 et celle du N°2015/018 du 21 décembre 2015.

Ces deux lois autorisent ce ministère à réprimer tous ceux qui veulent s’aventurer dans la contrebande et la contrefaçon Contrefaçon au Nord-Cameroun.« Le ministère du Commerce protège le tissu économique ainsi que les consommateurs en luttant pour que les produits de la contrefaçon et de la contrebande ne se retrouvent pas sur le marché », note Alim Bourfan Modeste.

A en croire le délégué régional de la sureté du Nord, le commissaire divisionnaire Lenye Jean Apôtre et le commandant adjoint de la légion de gendarmerie du Nord, le Lieutenant-Colonel Serge Nguetna, les descentes sont faites sur le terrain et dans les zones frontalières pour traquer ces fraudeurs. « Les éléments installés dans les postes frontaliers où le trafic de la contrebande est fréquent, ont été instruits de saisir ces produits et d’informer la hiérarchie dans le but de décourager ces contrebandiers », dixit le divisionnaire Lenye Jean Apôtre Contrefaçon au Nord-Cameroun. Malheureusement, déplore-t-il, « la traversée illégale des frontières à plusieurs passages et les trafiquants utilisent d’autres voies pour contourner les postes de contrôle des forces de sécurité surtout en saison sèche où ils créent des voies parallèles dans cette zone semi-désertique »

Le jeu trouble de la douane

Quant à la douane, « les taxes sont prélevées sur ces produits de la contrebande afin d’atteindre les objectifs annuels fixés par le ministère des Finances, à savoir accroître les recettes », a justifié M. Raymond Touagai, le Chef Secteur des Douanes de la Région du Nord

« Vous voyez par exemple sur le carburant en provenance du Nigeria, une taxe est prélevée sur ce produit car le Cameroun n’a signé aucune convention avec le Nigeria pour l’importation d’hydrocarbures. La douane de ce fait considère que la contrebande concerne les produits qui se retrouvent à l’intérieur du territoire sans un accord bilatéral entre notre pays et un autre Etat Contrefaçon au Nord-Cameroun. Malheureusement plusieurs contrebandiers contournent les postes douaniers pour ne pas payer ces taxes », a-t-il relevé.

Il précise : « La douane joue un rôle de contrôle de la régulation des échanges commerciaux au niveau international et elle a le devoir de proposer des mesures incitatives à la consommation et à l’exportation des produits locaux. Une taxe est par conséquent imposée aux produits importés qui pourraient menacer la vente des produits nationaux dans le marché local Contrefaçon au Nord-Cameroun. C’est pour cette raison que même les produits de la contrebande comme les tissus pagnes ou encore le carburant paient des taxes. »

Contrefaçon au Nord-Cameroun Santé

Le contournement des postes douaniers par les contrebandiers qui est une pratique érigée en règle dans cette partie du Cameroun, « fait perdre des recettes douanières », indique le Secteur des Douanes de la Région du Nord. Environ 9 milliards F Cfa et 8 milliards F Cfa sont perdus par an respectivement dans le secteur des textiles et des produits pharmaceutiques. « La contrebande ainsi que la contrefaçon sont à l’origine d’une énorme perte financière dans l’économie camerounaise Contrefaçon au Nord-Cameroun. Une étude de l’Opération baptisée Halte au commerce illicite (HALCOMI) présentée en décembre 2018 par la douane camerounaise, a démontré que ce phénomène fait perdre au pays chaque année plus de 250 milliards de F Cfa. Le phénomène n’est pas seulement dans le Septentrion, il se vit aussi bien dans le Littoral que dans les autres régions du pays », déplore Taoyang Germain.

Outre l’aspect économique, la santé paie aussi un lourd tribut. « Nous avons constaté que sur 104 médicaments anti-malaria en circulation dans la région, 38 ne contiennent aucune substance active et n’ont donc aucun effet sur les patients. Ces médicaments contrefaits peuvent être sans principe actif, avec un principe actif diminué, ou encore contenir des substances toxiques », déplore Dr Moutsena Tchinakoué, directeur du Centre médical d’arrondissement De Lainde à Garoua Contrefaçon au Nord-Cameroun. Dr Ina Amanda, dermatologue à l’hôpital régional de Figuil dans le département du Mayo Louti souligne que « Les huiles de la contrefaçon que nous mettons sur nos corps peuvent à la longue nous créer des cancers. Les produits alimentaires contrefaits peuvent également être nocifs pour nous car la qualité est toujours douteuse.»

Malgré tous ces risques, Isaac Hempo, grossiste du carburant dans le Mayo Rey soutient que les produits de la contrebande ou de la contrefaçon viennent combler un certain vide laissé par les produits authentiques.« Dans les départements du Faro et du Mayo-Rey par exemple où il n’y a pratiquement pas de station d’essence, tout le monde même les autorités consomment le carburant de la contrebande. Dans le cas contraire, on est obligé de garer les véhicules Contrefaçon au Nord-Cameroun. C’est le carburant du pays voisin que tout le monde utilise », explique M. Hempo.

Peter Kum, à Garoua

A lire aussi :  Economie : Plus de 900 mille milliards Fcfa générés par le trafic financier illicite

Mots – clés :

Contrefaçon

Douane

Nord-Cameroun

Leave comment

Your email address will not be published. Required fields are marked with *.