Nord : Les agriculteurs misent sur l’élevage des chevaux
Les agriculteurs misent sur l’élevage des chevaux au Nord Cameroun
Dans cette partie du Cameroun, les acteurs du secteur agricole élèvent de plus en plus les chevaux de labour qui sont exploités pour les travaux champêtres, au détriment des bœufs autrefois très prisés, mais qui selon eux les exposent à l’insécurité
.Albert Moure est inquiet pour son cheval qu’il vient d’acheter à Carrefour Naari, un village situé dans la localité de Lagdo, région du Nord au Cameroun. L’animal qui s’est fracturé une patte avant risque de ne pas être disponible pour les travaux champêtres de la saison agricole qui s’annonce. « Je l’ai acheté pour m’aider à labourer mes champs
. Un matin, je l’ai trouvé comme ça. Le vétérinaire lui a administré les soins, un guérisseur a attaché la patte, je pense que ça ira », espère-t-il. Comme Albert, des agriculteurs préfèrent désormais des chevaux de labour aux bœufs, pour des raisons de sécurité.Cette pratique a poussé plusieurs agriculteurs vers l’élevage équin dans les zones rurales. Ces chevaux de labour sont utilisés pour le labour, le débardage, l’entretien des parcelles agricoles… Ce changement dans la pratique agricole, est dû au contexte sécuritaire qui prévaut dans la région du Nord, marqué par des vols de bétails et des enlèvements avec demande de rançon . « J’avais deux bœufs pour les travaux champêtres. En 2021, les bandits me les ont tous volés en pleine nuit. C’est difficile de faire l’agriculture sans remuer la terre à l’aide d’une charrue », explique Albert Moure.
En effet, les agriculteurs connaissent de plus en plus ce par quoi passent les grands éleveurs de la partie septentrionale. « Quand tu élèves les bœufs pour le labour, tu deviens la cible des cambrioleurs. S’ils ne viennent pas voler ces bœufs, ils viendront t’enlever et exiger la vente de ces bœufs pour ta libération. C’est la raison pour laquelle on se tourne vers l’élevage des chevaux qu’on vole difficilement », souligne Diri Moussa, agriculteur à Garoua.
A ce sujet, Hamidou Bouba, chef service régional du développement des productions et des industries animales à la délégation régionale de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales (Minepia) du Nord, explique qu’il est difficile de voler un cheval. « Compte tenu de leur cheptel bas, leur identification est très facile. D’autres parts, il n’est pas facile de vendre un cheval comme pour un bœuf. La plupart du temps les ventes se font par les propriétaires à domicile . Et comme c’est une activé prisée par les chefs traditionnels, ils sont toujours au courant des transactions concernant les chevaux », explique-t-il.
Dans la partie septentrionale du Cameroun, l’élevage équin était jusque-là, l’apanage des chefs traditionnels via leurs valets pour la fantasia et les courses hippiques. Dans les villages, les chevaux, à côté des ânes, sont élevés par des particuliers et concurrencent les bovins dans la culture . « Il est vrai que les paysans utilisent de plus en plus le cheval pour la culture attelée, mais l’utilisation des bovins reste prédominante dans toute la région », affirme Hamidou Bouba.
En 2023, la région du Nord comptait plus de 2 900 chevaux contre 2 730 en 2022. Même si le cheptel va grandissant, les acteurs de ce secteur font face à plusieurs difficultés, notamment le faible suivi sanitaire et l’apparition sporadique des maladies équines difficiles à maitriser.
Daniel Memonko Sadou
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