Energie électrique : Avec ses deux barrages, le Sud-Cameroun broie toujours du noir
Les lampes solaires sont exposées au soleil le jour. La nuit, elles servent à s’éclairer

Energie électrique le Sud-Cameroun broie toujours du noir avec des barrages

Malgré un investissement de plus de 480 milliards de F Cfa injectés par l’Etat du Cameroun, les centrales de production de Memve’ele et de Mekin sont loin d’avoir couvert les besoins de la population Energie électrique au Sud-Cameroun. Plusieurs localités n’ont jamais été connectées au réseau électrique.

« J’ai 35 ans et je suis né dans le noir. A ma naissance en 1989, il n’y avait pas d’énergie électrique ici. Aujourd’hui, la situation n’a pas beaucoup changé. » François Ekoane raconte la déception vécue par les habitants du village Bekata. En 2023, ils ont été connectés pour la première fois au réseau électrique. Leur joie ne tenait pas compte des coupures intempestives car, malgré tout, c’était un délice d’appuyer sur l’interrupteur et de voir sa maison s’éclairer de temps en temps Energie électrique au Sud-Cameroun. Il y a six mois pourtant, le courant est parti et n’est plus revenu. Bekata est le dernier hameau du centre urbain de l’arrondissement d’Efoulane situé à quelque 32 km d’Ebolowa, le chef-lieu de la région du Sud.

La frustration de la population est d’autant plus grande qu’elle n’avait pas été connectée en 1992 lorsque l’arrondissement rejoignait enfin le réseau électrique. La ligne de distribution partie d’Ebolowa n’avait pas atteint Bekata, ainsi que d’autres villages sur une dizaine de kilomètres : Minkan, Ankwek, Minto’o, Mimbomigal, Nyazoo, etc Energie électrique au Sud-Cameroun. Après la construction de la mairie, l’attente avait encore duré 10 ans dans cette partie oubliée d’Efoulane.

Le black-out est le même dans plusieurs villages plus ou moins éloignés d’Ebolowa. A quelque 27 km, les habitants de Sonkoe, dans l’arrondissement de Biwong-Bulu, ont été surpris le 25 décembre 2023 par le retour de l’énergie électrique durant quelques heures. L’arrondissement aura été ainsi alimenté deux fois durant toute l’année dernière Energie électrique au Sud-Cameroun. La première fois, le maire de Biwong-Bulu, Samuel Ebia Ndongo, se souvient de ce petit événement. « Le conseil municipal était en pleine session quand c’est arrivé. Nous étions tous étonnés », confie-t-il.

Selon des témoignages recueillis dans les villes et les villages, plusieurs raisons expliquent l’absence d’énergie dans la région du Sud. Des incidents surviennent souvent sur le réseau. A Bekata, un proche collaborateur du maire d’Efoulane confie que deux transformateurs sont tombés en panne six mois après le prolongement de la ligne de distribution reliée à Ebolowa, c’est-à-dire après le raccordement au réseau national. A ce jour, certaines localités, et même des arrondissements entiers, ne sont toujours pas connectés.

Créée en 2007, la circonscription administrative de Biwong-Bulu, qui compte environ 35 000 habitants, a hérité d’une vieille ligne mesurant une dizaine de kilomètres. Cette ligne n’est jamais arrivée dans le chef-lieu de l’arrondissement, explique le maire Samuel Ebia Ndongo. Faute d’entretien, les poteaux tombent les uns après les autres Energie électrique au Sud-Cameroun. Depuis trois ans, la mairie a engagé la réhabilitation et l’extension de ladite ligne. Mais cela ne change rien au quotidien des populations déjà connectées : le courant arrive deux ou trois fois par an.

Energie électrique au Sud-Cameroun Débrouillardise

D’autres arrondissements n’ont même jamais bénéficié d’une quelconque fourniture en énergie électrique. C’est le cas de Biwong-Bane et Mvangan, près d’Ebolowa dans le département de la Mvila. Plus loin dans le département du Dja et Lobo, les communes d’Oveng et de Mintom sont logées à la même enseigne. Le système de débrouillardise prévaut dans ces enclaves énergétiques. Une fois la nuit tombée, l’obscurité s’empare de chaque contrée, laissant apparaître quelques zones de lumière créées par des lampadaires solaires installées par les mairies. Dans les domiciles, on s’éclaire à la lampe solaire Energie électrique au Sud-Cameroun. Seuls quelques privilégiés se sont procurés un groupe électrogène ou des plaques solaires capables d’alimenter leur domicile. Ce sont généralement les membres de l’élite locale. Les municipalités et certains services de l’Etat se sont aussi dotés des mêmes équipements afin de rendre possible le fonctionnement de l’administration.

Dans la région du Sud, d’autres localités ne sont certes pas connectées au réseau de distribution national, mais elles sont dotées de centrales de production isolées. C’est le cas par exemple de Djoum, Bengbis ou encore Olamze. Toutefois, l’énergie électrique produite reste largement insuffisante. La centrale thermique de Djoum alimente à peine 30% de l’arrondissement du même nom, confie le maire Vincent Foumane Ngane. Les lignes de distribution ne permettent pas d’envoyer le courant dans un rayon dépassant 10 km vers le Gabon, vers le Congo ou dans le sens de Sangmelima, le chef-lieu du Dja et Lobo.

« La centrale thermique a ses limites. Le carburant n’est pas toujours disponible. En plus, les moteurs sont vieux et tombent souvent en panne », explique l’élu local. La conséquence c’est le rationnement de l’énergie disponible Energie électrique au Sud-Cameroun. « Depuis le mois de janvier, la fourniture de l’énergie électrique est suspendue entre 4h et 9h du matin. Durant la journée, plusieurs interruptions courtes sont opérées. Chaque arrêt de fourniture peut durer jusqu’à une heure », explique la journaliste Monique Atouba, cheffe de chaîne de la radio Akok Fm basée à Djoum. Ce support média résiste car, il est totalement indépendant grâce à ses plaques solaires.

Malgré le déficit énergétique vécu, le maire et la population de Djoum ne se font guère d’illusions sur la centrale de production hydroélectrique de Mekin, située dans l’arrondissement voisin, à savoir Meyomessala. Nul ne sait quand sera achevée la ligne de distribution menant à Djoum. Par ailleurs, personne ici ne semble flatté par la situation dans l’arrondissement de Sangmelima pourtant connecté à la centrale de Mekin.

Après plusieurs années de retard dans la livraison, le barrage de Mekin a été mis sous tension en 2019. Cette infrastructure énergétique construite par la China National Electric Engineering Corporation (CNEEC) est essentiellement destinée à alimenter en électricité les huit communes du département du Dja et Lobo, grâce à une ligne d’évacuation d’énergie de 33 kilomètres Energie électrique au Sud-Cameroun. Le projet est à 25 % financé par l’Etat du Cameroun. Les 75% restants sont un prêt de l’Exim Bank of China.  D’un coût initial de 25 milliards F Cfa, le projet avait déjà englouti 34,5 milliards de F Cfa en début 2020, selon la société de projet Hydro Mekin.

« Eléphant blanc »

Ce mercredi 6 mars 2024, la ville de Sangmelima est sans électricité depuis la pluie tombée en milieu d’après-midi. A l’hôtel de ville, c’est l’obscurité dans les couloirs. Impossible de trouver son chemin sans la lampe d’un téléphone portable. La coupure d’énergie a précipité le départ de l’essentiel du personnel. Seuls quelques employés traînent encore. Le maire et ses adjoints sont tous absents. Nul besoin donc de mettre en marche le générateur. Par contre, la radio de la mairie est à l’arrêt Energie électrique au Sud-Cameroun. Colombe Fm est logée dans un bâtiment dépourvu d’une source d’énergie alternative. Le rédacteur en chef, Marcellin Eyenga, ne fera pas son émission de débat prévue à 18h30.

Une fois la nuit tombée sur la ville, seules les artères principales sont éclairées par des lampadaires solaires. Quelques commerces éclairés grâce à l’énergie d’un générateur restent ouverts. La cité s’endort plus tôt, notamment dans les quartiers plongés dans le noir. Le courant est revenu dans la nuit de jeudi, soit plus de 24 heures après son interruption Energie électrique au Sud-Cameroun. C’est le deuxième délestage au cours de la même semaine ; le premier ayant eu lieu lundi. Pour le journaliste Marcellin Eyenga, la ville de Sangmelima est mal alimentée si bien qu’une activité illicite est née : la vente du poisson pourri conservé dans les congélateurs à l’arrêt.

Le déficit énergétique persistant fait dire au journaliste que : « le projet Mekin est un éléphant blanc. » Il regrette que la centrale hydroélectrique de Mekin, annoncée comme la solution à l’insuffisance énergétique dans le département du Dja et Lobo, ait rencontré tant de difficultés. Après avoir connu plusieurs pannes, et même mis à l’arrêt en 2020, l’ouvrage a finalement été réceptionné par l’Etat en 2023 avec une puissance réelle de 11,2 mégawatts au lieu de 15 Mw.

Les avis sont aussi virulents sur le projet Memve’le. Ses 211 mégawatts annoncés dans le réseau national depuis octobre 2022, devaient naturellement se ressentir dans la région du Sud où est installée la centrale hydroélectrique. Mais à Efoulane, il n’en est rien. « Je suis vendeuse de poisson frais. Les coupures de courant durent plusieurs jours. Je suis obligée de vider mon congélateur et de faire fumer le poisson que je vends moins cher Energie électrique au Sud-Cameroun. C’est le seul moyen pour limiter les pertes », se désole une commerçante qui se fait appeler Tanti Nyango. « Les appareils électroménagers servent finalement à orner nos maisons », lance une autre femme, avec une pointe d’auto-dérision.

Une vue du barrage hydroélectrique de Memve’ele (capture réalisée avec google earth)

Le problème avec la centrale hydroélectrique de Memve’ele c’est sa production qui chute drastiquement durant la saison sèche car, le fleuve Ntem sur lequel elle est construite, connaît une faible hydrologie. Installée pour produire 211 mégawatts, cette centrale tombe parfois à zéro le jour, et remonte à 30 Mw la nuit. Cette situation est décrite sous anonymat par quelques sources au sein de l’entreprise Electricity Development Cameroon (EDC) qui exploite le projet Memve’ele. Si plusieurs responsables minimisent la chute de production, ils reconnaissent néanmoins le problème structurel de la centrale hydroélectrique, à savoir qu’elle souffre de la baisse du débit du fleuve Ntem.

Factures impayées

Le mal-être des populations est perceptible, et explique les relations tendues avec les agents travaillant pour le compte de l’entreprise Eneo. « Après plus de 5 ans sans donner de facture, ils (Eneo) arrivent et nous sortent une dette de plusieurs millions de francs Cfa », s’indigne Tanti Nyango, la vendeuse de poissons d’Efoulane Energie électrique au Sud-Cameroun. Manifestement, les positions n’ont pas évolué depuis la séance de concertation du mois de janvier 2024 entre Eneo et les habitants de la ville d’Efoulane. « Ils ont menacé de couper. Qu’ils viennent, nous allons faire leur fête », lâche un jeune homme.

Le poste de transformation de Djop à Ebolowa 2e. Ici transite l’énergie produite à la centrale de Memve’ele.

La cause du problème, ce sont les factures impayées qui s’accumulent. A la direction régionale d’Eneo sise à Ebolowa, on reconnaît que les recouvrements sont sporadiques dans les localités enclavées où l’entreprise ne dispose pas d’une agence pour établir les factures. Le service commercial souligne que les impayés sont également dus au refus de payer des consommateurs Energie électrique au Sud-Cameroun. Or il est risqué d’aller enlever les compteurs dans les villages. Dans ce cas, confie une source, les pannes survenues sur les lignes de distribution sont exploitées pour contraindre les populations à éponger leurs dettes.

Les villages qui refusent de s’acquitter au moins d’une partie de leurs impayés ne verront pas les équipes techniques d’Eneo de sitôt. Dans l’arrondissement de Sangmelima par exemple, plusieurs localités ont passé trois ans sans énergie à la suite d’une panne sur des transformateurs, confie Marcellin Eyenga, le rédacteur en chef de Colombe Fm, la radio communale. La mairie a aidé les habitants à payer leur dette Energie électrique au Sud-Cameroun. Il arrive aussi qu’un membre de l’élite locale paye pour tout le monde. Le courant sera alors rétabli. Il n’empêche que l’énergie électrique demeure encore un luxe que beaucoup ne peuvent s’offrir dans la région du Sud-Cameroun.

Assongmo Necdem de retour du Sud

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