Crise Anglophone : Près de 200 peuls mbororos tués entre 2018 et 2022
Crise Anglophone : Près de 200 peuls mbororos tués entre 2018 et 2022
Dans un rapport, Amnesty international incrimine des milices et des séparatistes armés qui sévissent dans la région du Nord-Ouest, au sujet des infractions à l’égard des populations mbororos , en partie parce qu’elles sont considérées comme favorables aux autorités en place.
Dans la région du Nord-Ouest, l’une des deux régions anglophones en crise depuis 2016, les personnes soupçonnées de collaborer avec les autorités politiques parmi lesquelles figurent des enseignants, des chefs traditionnels, et la communauté des Peuls Mbororos en particulier sont victimes de violences commises par les séparatistes, ainsi que par des milices armées appartenant à la même ethnie . Alerte Amnesty International dans un nouveau rapport publié le 4 juillet 2023, sur les infractions au droit camerounais et les atteintes aux droits humains commises depuis 2020 par des membres des forces de défense et de sécurité, des séparatistes armés et des milices au Nord-Ouest.
Selon cette étude intitulée « Avec ou contre nous : La population prise en étau entre l’armée, les séparatistes armés et les milices dans la région du Nord-Ouest du Cameroun » , l’Ong révèle que plus de 110 mbororos ont été tués par des sécessionnistes – communément appelés « Ambas » – entre octobre 2018 et mars 2021 dans le Nord-Ouest. Des données collectées par Justice and Dignity Campaign, qui suit les infractions spécifiques aux Peuls Mbororos « en l’absence de chiffres officiels ».
Une situation qui n’a pas dépéri en 2022, puisque le rapport évoque également 69 morts au compte des séparatistes dans l’arrondissement de Nwa dans le département de Donga-Mantung et de nombreux enlèvements recensés auprès de témoins et documents que l’Ong a recueillis . En outre, les milices « composées principalement de Peuls Mbororos armés » sont également accusées d’avoir commis de nombreuses infractions à l’encontre de sa propre communauté, parmi lesquelles des pillages, des enlèvements et des incendies d’habitations.
En effet, les agriculteurs et éleveurs issus de cette ethnie, estimée à moins de deux millions de personnes, font l’objet de « discours discriminatoires » depuis la naissance de différends fonciers « de longue date » eu égard à leur activités sédentaires dans la région . Une série d’agressions qui a bénéficié d’appui des forces de défense nationale et du soutien des autorités, déplore Amnesty.
Face à ces violations, cet organisme de lutte contre les atteintes aux libertés fondamentales, recommande aux organisations internationales de condamner les atteintes aux droits fondamentaux perpétrées par les deux camps tout en exhortant le gouvernement camerounais qu’elle accuse de « violer les droits humains » à diligenter « des enquêtes indépendantes … afin de poursuivre les responsables présumés » .
En effet, depuis 2017, déplore cette organisation, les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont en proie à la violence armée du fait des affrontements entre l’armée camerounaise et les séparatistes armés. En presque huit ans de conflit , le Cameroun déplore près de 6.000 morts et plus d’un million de déplacés dans cette crise sécuritaire qui sévit depuis 2016, selon le centre de réflexion International Crisis Group (ICG) en 2022.
Gael Eric Essoungou (stagiaire)
