Covid-19 : « Globalement, l’économie est carrément morte »
Le Maire de Kye-Ossi

Jean Marie ZUE ZUE, maire de la commune de Kye-Ossi, présente la situation qui prévaut dans sa commune depuis la survenance de la crise sanitaire. Selon lui, l’économie de cette ville frontalière est carrément morte.

Comment se porte la commune de Kye-Ossi en cette période de crise sanitaire ?

La commune de Kye-Ossi comme toutes les autres communes du Cameroun, voire même comme tout le pays entier, traverse des moments très difficiles à cause de la pandémie de coronavirus qui sévit et qui continue à battre son plein, entraînant des séquences directes sur l’économie de la ville. Cette ville-là qui donne à deux pays de la Sous-région Afrique Centrale à savoir : le Gabon et la Guinée Equatoriale, et qui ont fermé leurs frontières depuis la venue de la crise sanitaire. Vous savez que lorsque les frontières sont fermées, c’est l’activité économique qui est en arrêt. Parce que Kye-Ossi vit plus du flux des populations venant de la Guinée Equatoriale et du Gabon pour faire leurs emplettes. Donc, globalement, l’économie est carrément morte. Toutes les activités économiques ne marchent pas. Les populations même en activité ont des baisses dans toutes leurs activités, parce qu’il faut respecter les mesures barrières édictées par le gouvernement de la république. Limiter les déplacements pour éviter la propagation du virus.

A quelle hauteur vous situez ces répercussions ?

Je vais dire que la répercussion est directe. Parce que tous ces acteurs économiques ce sont les contribuables de commune. Maintenant que les activités sont en arrêt, la conséquence est directe et donc, même à la commune, on ne peut pas recouvrer. La commune ne peut donc pas engranger les recettes comme à l’accoutumée. Ça crée toute la difficulté qui va avec. On aura les salaires qui ne seront pas réguliers, on aura du moins toute l’activité qui va se voir en difficulté. Nous avons une baisse d’activités qu’on peut évaluer à près de 70%.

On suppose que la crise a eu des répercussions sur les prévisions budgétaires…

Bien-sûr ! On voulait bien se maintenir, mais au regard des conséquences, automatiquement, il fallait s’arrimer à la donne, il fallait s’adapter et faire des budgets réalistes et réalisables.

Est-ce que les prévisions de 2020 ont tout de même pu être réalisées ? Si oui à quelle hauteur ?

En ce qui concerne le budget d’investissement public, nous avons fait 100% de réalisations physico-financières. Sauf que, par manque de moyens, nous n’avons pas pu faire des investissements sur fonds propres parce que, par manque de fonds.

Craignez-vous les mêmes effets sur l’année en cours ?

Naturellement ! Aujourd’hui, nous sommes rendus à la fin du mois de février et la pandémie est même en train de refaire surface. Donc du coup, perdre deux mois, sans compter le fait que, les mois de mars et avril sont aussi hypothéqués. On est obligé de serrer les ceintures comme on dit souvent de manière vulgaire. Mais la conséquence est là : On ne peut plus, on ne pourra pas atteindre les objectifs escomptés pour l’année 2021. Mais nous allons nous battre avec les moyens de bord pour ne pas laisser tomber totalement.

Est-ce qu’il y a des mesures particulières prises par la mairie pour soutenir la communauté dans son ensemble en cette période de crise sanitaire ?

La commune dès l’arrivée de la crise a pris les choses en main et nous avons organisé ici plusieurs campagnes de sensibilisation. Nous avons procédé à la distribution des kits anti-Covid. C’est-à-dire des seaux, des savons, des gels hydroalcooliques et nous avons fait de manière systématique dans tous les villages, les églises et autres. Et nous avons sensibilisé les populations au respect strict des mesures barrières édictées par le gouvernement de la république et nous n’avons pas baissé les bras. Nous continuons de manière systématique à le faire et notre hôpital d’arrondissement a aussi une cellule de veille pour déclarer les cas suspects de Coronavirus.

De quelle manière apportez-vous du soutien aux commerçants dont les activités sont en baisse ?

Je voudrais dire qu’on comprend bien la situation des populations. Je ne vous l’ai pas dit, mais toute l’année 2020, nous n’avons pas recouvré les droits de place sur le marché et les petits impôts comme l’impôt libératoire. Ça c’est justement parce que, conscient de la situation qui prévaut, on a trouvé des mesures d’allègement de certaines taxes à nos contribuables et même pour l’année 2021, si la situation perdure, nous allons encore voir dans quelle mesure ou voir ce qu’il faut faire de manière concrète pour ne pas asphyxier nos contribuables.

Kye-Ossi étant une ville frontalière de deux pays voisins, on voudrait bien savoir comment se passe la cohabitation avec ces pays.

La cohabitation est plus pacifique. Mais comme je vous l’ai dit tantôt, les frontières sont hermétiquement fermées, les populations ne peuvent pas se mouvoir d’un côté comme dans l’autre. Ça crée ce que ça crée. Quand il n’y a pas la crise, la Sous-région ce sont les mêmes familles, ce sont des frères. Nous avons les mêmes noms, les mêmes grands parents. La cohabitation ne peut être que pacifique.

Travaux réalisés dans le cadre du projet « Accès à l’information en période de Covid-19 » avec le soutien de Free Press Unlimited.

Réalisé par Marie-Louise MAMGUE et Marthe NDIANG, de retour de Kye-Ossi

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