Médias : Le harcèlement sexuel touche 84% des femmes journalistes
Source: RSF/DataViz by ADISI-Cameroun

Reporters sans frontières relève également dans son rapport sur « le Journalisme face au sexisme » que les femmes journalistes sont autant exposées sur les terrains de reportage classiques que sur les terrains virtuels.

Être femme et en plus femme journaliste, est un challenge et un défi quotidien. En plus des obstacles liés à leur profession, de nombreuses d’entre elles sont également exposées aux violences sexistes et sexuelles. Que ce soit sur les terrains de reportage classiques que sur les terrains virtuels, les risques sont énormes. Reporters sans frontières (RSF) indique dans son rapport « Le journalisme face au sexisme », publié le 8 mars 2021, que 84% des femmes journalistes subissent le harcèlement sexuel, 30% une agression sexuelle, 27% une menace de viol et 7% le viol. « Le viol reste minoritaire. Comme le confirme l’enquête réalisée par RSF, c’est la partie émergée de l’iceberg des violences faites aux femmes journalistes, la plus visible, la plus retentissante, mais fort heureusement ce type d’agression reste rare. Ce que la télévision et les réseaux sociaux ont en revanche contribué à rendre plus visible, c’est la pratique des « baisers forcés », souligne cette organisation.

Source: RSF/DataViz by ADISI-Cameroun

Ces violences sont perpétrées en ligne et physiquement. L’enquête révèle que 73% des violences sexistes ont été commises sur internet, 58% physiquement sur le lieu de travail, 47% par téléphone et 36% physiquement dans la rue. En ligne, les agressions portent entre autres, sur le cambriolage virtuel, comme le piratage des comptes et des boîtes mail, la divulgation d’informations personnelles. On note aussi l’envoi de menaces et le « trolling », qui consiste à parasiter la présence digitale de la journaliste avec des messages volontairement nuisibles sous chacune de ses interventions. Certaines journalistes sont victimes de « raid », c’est-à-dire que des internautes, souvent anonymes, se mettent à plusieurs pour attaquer une même personne.

Source: RSF/DataViz by ADISI-Cameroun

Selon RSF ces violences sont à 51% perpétrées par les supérieurs hiérarchiques, à 50% par les autorités, 46% par les collègues et les militants ou cadre de parti politique, à 44% par les anonymes.  Les victimes en première ligne, sont généralement les spécialistes des droits des femmes, les spécialistes du sport et de la politique. « Sur les 942 journalistes tués ces 10 dernières années, 43 sont des femmes, et au moins quatre d’entre elles, ont payé de leur vie le fait d’avoir notamment travaillé sur la question des femmes », souligne cette organisation. Des séquelles de ces violences sont nombreuses. A l’instar du stress (79%), de l’angoisse (65%), la peur de perdre son travail (54%).

Il faut noter que RSF entend par sexisme, toutes les formes de violences sexistes et sexuelles : discriminations, insultes, harcèlement sexuel, attouchements, agressions verbales et physiques à caractère sexuel, menaces de viol, voire viol. Ces phénomènes ont des conséquences néfastes sur le pluralisme de l’information.

Marie Louise MAMGUE

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