Covid-19 :  Le défi financier et sanitaire des établissements scolaires
Un point d'eau construit au Lycée technique de Douala Koumassi (1)

En pleine crise sanitaire du Covid-19, les chefs d’établissement scolaire sont invités à réajuster leur budget annuel pour s’adapter au protocole sanitaire pendant le troisième trimestre qui débute le 1er juin 2020.

Au lycée polyvalent de Bonaberi dans l’arrondissement de Douala 4e, les bruits habituels des élèves en cette période de l’année scolaire a cédé place au silence. Toutes les salles de classe sont fermées. La cour est desserte. A l’entrée, le vigile en faction filtre les visites et veille à ce que les visiteurs passent par le dispositif de lavage de main avant de pénétrer dans l’enceinte du lycée. Ce mardi 19 mai 2020, aux environs de 11 heures, le bloc administratif est ouvert. Quelques enseignants présents cogitent sur la « spéciale rentrée » du troisième trimestre, prévue le 1er juin 2020.

Certains responsables sont installés dans leur bureau. Mais, le proviseur est absent. Il participe selon la secrétaire, à la rencontre sectorielle organisée par le délégué régional des enseignants secondaires pour le Littoral, en prélude à la reprise des cours dans les écoles, collèges et lycées,  qui clôturera définitivement l’année scolaire 2019-2020, interrompue au mois de mars à cause de la pandémie du Coronavirus qui s’est répandue au Cameroun, avec déjà plus de 3 mille cas confirmés et 140 décès (20 mai 2020).

Cette réunion tenue au Lycée technique de Douala Koumassi dans l’arrondissement de Douala 1er a pour but de préparer les chefs d’établissement scolaire au nouveau protocole sanitaire qu’impose la Covid-19.  « Les instructions ont été données aux chefs d’établissement. Les listes seront affichées le 25 mai devant les salles de classe, le 27 sera la reprise effective de tout le personnel et le 28, la liste des absents sera déposée à la délégation. Nous aurons les assemblées générales de personnel le 29 mai. Sur le plan sanitaire, les campus scolaires seront désinfectés la semaine du 25 mai. Il a été instruit aux responsables, d’acquérir les thermoflashs, les masques, les gangs, les gels hydroalcooliques. Les dispositifs de lavage des mains sont déjà installés dans tous les établissements. Avant la désinfection ils doivent assurer la propreté générale du campus », explique le délégué départemental des enseignements secondaires du Wouri, Moukalla Sylvestre Fils.

Financement

En effet, ce trimestre réservé aux élèves en classe d’examen se déroulera dans tes conditions particulières ou toute négligence exposera toute la communauté éducative. Au Lycée technique de Douala Koumassi qui accueillera près de 1 725 apprenants, les mesures barrières sont déjà prises conformément aux exigences du protocole sanitaire édicté par le gouvernement. De nouveaux points d’eau ont été construits, les termoflahs commandés et les élèves répartis par salle de classe. « Nous avons élaboré le programme en fonction de l’effectif des classes d’examen. Nous aurons des classes de 17 à maxi 24 élevés. Nous devons fait l’essentiel pour la sécurité de tout le monde. Ce n’était pas prévu, mais nous devons tout faire, même s’il n’a pas les moyens financiers pour nous outiller. On va prélever les fonds dans certaines rubriques en attendant les financements », affirme Elise Marlyse Nkeng, le proviseur du Lycée technique de Douala Koumassi.

Avec près de 252 mille élèves, la trentaine d’établissements d’enseignement secondaire du   département du Wouri accueillera 96 121 candidats aux examens. Pour veiller sur leur sécurité sanitaire, il est recommandé aux apprenants, d’apporter leur casse-croute, les cantines scolaires ne seront disponibles qu’à des conditions exceptionnelles.

Malheureusement, les écoles ne sont financièrement pas préparées pour ces exigences, à en croire certains responsables qui espèrent toujours un financement spécial. « Nous n’avons reçu aucune mesure concrète pour la reprise des cours le 1er juin. Nous attendons, peut-être qu’à moins d’une semaine un miracle se produira. Il nous dise souvent qu’impossible n’est pas camerounais. Cette reprise est la résultante d’un système basé sur le suivisme colonialiste et une preuve d’un caractère peu responsable de nos dirigeants de la politique éducative face à une situation de crise sanitaire criarde sans aucune stratégie pratique pour limiter la contagion et la propagation de la pandémie », déplore la directrice d’une école publique.

En attendant une réaction gouvernementale, des voies de contournement sont trouvées. « Nous avons prescrits aux chefs d’établissement de se rapprocher à la fois des associations des parents d’élèves et du conseil d’établissement. Après avoir étudié minutieusement le budget de l’année scolaire, nous avons aujourd’hui des dépenses déjà faites et les reste des lignes qui ne sont pas encore utilisées. Ils vont faire des réajustements budgétaires, en supprimant par exemple la cérémonie d’excellence scolaire. Certains établissements avaient réservé 1 à 2 millions F Cfa pour cette cérémonie. Donc, cet argent rendre dans la lutte contre le Convid-19 », recommande le délégué qui soutient que les dispositifs sont prêts et la rentrée sera effective.

Cependant, tous les acteurs ne sont pas motivés par cette reprise des cours.  Le corps enseignant espérait une préparation au nouveau protocole sanitaire avant la rentrée, ce qui n’est pas le cas. Masques, gestes barrières, distanciation socialeIls doivent désormais faire avec.

Par ailleurs, la promiscuité des écoles ne rassure pas les parents. « Les mesures gouvernementales ne sont pas là pour nous rassurer. Les chiffres ont une tendance à la hausse. Donc, avec la reprise, bien qu’elle ne concerne que les classes d’examen ça sera reparti de plus belle avec de nouvelles contaminations, vue la promiscuité dans laquelle se trouve nos écoles. Faire des classes de 24 élèves, j’aimerai bien le voir pour y croire. La charge de travail des enseignants sera multipliée, une classe de 96 élèves éclatera en 4 classes distinctes. Je ne suis pas convaincu de l’efficacité de cette reprise. Vue la nécessité de sauver l’année scolaire qui était déjà à sa fin avant le début de la crise, et le fait que la population jeune résiste mieux au coronavirus, c’est un risque partagé à prendre en espérant que le minimum des mesures barrières puissent être respecté. Personnellement, au moindre couac, je garderai les enfants à la maison », déclare un parent d’élève.

Marie Louise MAMGUE

Leave comment

Your email address will not be published. Required fields are marked with *.