Covid-19 : Le secteur bancaire pourrait connaitre une baisse de dépôt de -25%
Olivier DJABA, Banquier- Consultant-formateur

Parmi les secteurs impactés de plein fouet par la Covid-19, la baisse de volume des crédits, la dégradation du portefeuille de crédit, le déficit de liquidité bancaire sont autant de segments bancaires touchés. Cependant, il existe des portes de sortie de crise.

Depuis le début de l’année 2020, une pandémie de la Covid-19 s’est répandue dans le monde entier comme une trainée de poudre. Pour contenir sa propagation, les autorités des différents pays avaient décidé de plusieurs mesures : fermetures des frontières, confinement total ou partiel de la population, …Ces mesures ont entraîné un ralentissement général des activités économiques.

Les pays de la CEMAC ont subi la chute des prix du baril de plus de 50% entre janvier et mars 2020, sans compter la perte de recette publique, crise de liquidité. On a aussi enregistré d’autres impacts : la baisse de la demande mondiale pour les exportations africaines, interruption des chaines de production à cause de la baisse des importations, une augmentation de l’inflation, fragilisation du secteur informel etc.

Certaines activités sont fortement impactées négativement : Tourisme, Transport aérien, industrie manufacturière, Mines, tandis que d’autres ont pu tenir le coup comme les secteurs de : Télécommunication, industrie agro-alimentaire, pharmaceutique etc.

Les différents gouvernements du monde ont pris des mesures pour atténuer les impacts socio-économiques : Report ou exonération de charges fiscales et sociales, octroi de moratoires, garanties de prêt aux entreprises, flexibilité dans les modalités de chômage technique ou partiel, suspension des contrôles fiscaux, règlement de la dette intérieure etc.

Les banques ont aussi été impactés par cette pandémie, en tant qu’acteur économique. On s’attend aux impacts suivants au cours de l’exercice 2020 : baisse du volume des dépôts (-25%) car les clients auront tendance à thésauriser de l’argent, baisse du volume des crédits (-30%) due au ralentissement des activités et à la difficulté de cerner la capacité de remboursement des demandeurs, dégradation du portefeuille de crédit (-25%) à cause des défaillances de remboursement,  déficit de la liquidité bancaire, baisse du PNB des banques à cause du ralentissement du financement(-20%), hausse des charges d’exploitation due à l’activité du Plan de continuité de l’activité , tension dans le respect des ratios prudentiels car les banques étaient dans un processus de mise en œuvre des reforme de 2018 à 2022 basée sur de bonnes performances annuelles.

Conscient de la gravité de la situation les autorités monétaires ont pris des mesures pour faire face aux effets de la pandémie : recommandation de la baisse de frais sur les transactions électroniques, injection de la liquidité à court terme dans le système, baisse du taux directeur, report des échéances sur les prêts en cours, élargissement des actifs éligibles en garantie d’opérations de refinancement, suspension de toute forme de distribution des dividendes, …

Dans la zone CEMAC, la COBAC a émis une lettre-circulaire pour donner des instructions sur l’atténuation des effets de cette pandémie sur l’activité des banques et des établissements de microfinance.

Cette pandémie a mis en évidence, l’importance de la digitalisation comme élément de protection contre la covid-19 en ce sens que cela limitait la fréquentation des agences et la manipulation des espèces.

Alors que lors de la crise financière de 2008, les banques étaient indexées, aujourd’hui le secteur bancaire est l’un des principaux secteurs mobilisés pour accompagner la relance de l’économie et réduire les impacts de cette pandémie.

En ce moment, on observe un mouvement de déconfinement dans le monde, que doivent faire les banques locales pour la reprise des activités ?

  • Mise à jour du Plan de Continuité de l’Activité (PCA) : leçons de la pandémie, Intégrer la dimension « Pandémie » dans les principaux incidents à prévoir, systématiser les simulations et les tests (Indisponibilité des employés, …), évaluation et tests réguliers des équipements et de l’infrastructure informatique, actualisation de la Cartographie des risques, mise à jour du Plan de Financement d’urgence, …
  • Achèvement de l’implémentation des prescriptions du régulateur sur le système de gestion des risques et de surveillance prudentielle,
  • Mise en place d’une Cellule stratégique pour actualiser le plan stratégique : revue du plan stratégique, lancement ou mise à jour d’une vaste étude sectorielle pour l’identification des secteurs prioritaires et des critères d’intervention, mise à jour du Système de notation des contreparties en tenant compte des résultats de l’étude sectorielle,
  • Poursuite de la digitalisation des processus en rapport avec la clientèle pour une expérience-client plus positive : Demande de crédit, Transmission des états financiers en ligne, … et renforcement de la stratégie multicanale en étoffant l’offre digitale et en poursuivant la sensibilisation de la clientèle,
  • Développement du Financement par l’approche « Chaine de valeur » pour améliorer l’intervention dans les secteurs essentiels (Agriculture, Agro-industrie, …) et élargir la base des revenus de la banque tout en contribuant à la relance de l’économie,
  • Renforcement de l’approche « Conseil » dans la relation-client post-pandémie en vue d’accroître l’efficacité des actions de recouvrement,
  • Ajustement de l’organisation du recouvrement amiable durant l’exercice 2020/2021 pour plus d’efficacité en le couplant à l’approche « Conseil » pour un suivi étroit des reports d’échéance ou des prêts restructurés ou des financements supplémentaires,
  • Développement des produits de prêt tels que le Crédit-bail et l’Affacturage,
  • Saisine par les EMF/IMF fiables via leurs Banques de l’opportunité de l’élargissement de leurs effets admis au refinancement par la Banque centrale.

La mise en œuvre des solutions ci-dessus permettra aux banques de continuer leur rôle dans l’économie, tout étant performantes et en cohérence avec les prescriptions du régulateur.

Olivier DJABA, Banquier / Consultant-formateur

Email : [email protected]

@DJABAOLIVIER

*Les propos sont de l’auteur

*Le titre et le chapeau sont de la rédaction.

 

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