Covid-19 : Le taux de fréquentation chute de près de 50% dans les hôpitaux publics

La peur de se faire contaminer du covid-19 a éloigné les malades des établissements sanitaires publics qui ont pour la plupart, enregistré une baisse considérable des consultations, allant jusqu’à plus de 50% pour certains à cause de la crise sanitaire.

Au mois d’avril 2020, Laure Monthe est clouée au lit à cause de la typhoïde. Mais la gravité de sa maladie, ne l’inquiète pas plus que le fait de se rendre à l’hôpital Laquintinie de Douala, où elle a l’habitude de se faire consulter. « Je devais me rendre à l’hôpital Laquintinie, mais je me suis rappelée que les malades du Covid-19 y étaient pris en charge. En plus les gens se plaignent que tous les malades sont confondus aux porteurs du Covid-19. J’avais les mêmes craintes pour l’hôpital de Logbaba qui est proche de mon domicile. J’ai finalement opté pour les soins à domicile et j’ai été soigné », explique cette femme d’une vingtaine d’année. Cette malade a fait appelle à une infirmière en service dans un hôpital public, qui lui a administré les soins jusqu’à sa guérison.

 

Depuis que l’épidémie de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) connait une courbe ascendante au Cameroun, (près de 5 436 cas confirmé à la date du 29 mai 2020), les hôpitaux publics, principalement ceux retenus pour la prise en charge des malades du Covid-19 à Douala, subissent une baisse drastique des fréquentations. C’est le cas de l’hôpital Laquintinie de Douala, qui est l’un des trois établissements sanitaires focaux dans la région du Littoral, avec l’hôpital Général de Douala et l’Hôpital Gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yassa. « La fréquentation est au plus bas, le nombre de malades hospitalisé avoisine les 15%, les urgences sont désaffectées et du coup, le corps médical est au chômage à Laquintinie, sauf, bien attendu, ceux qui sont dans le corridor Covid-19 », décrit le directeur général de l’hôpital Laquintinie de Douala, Pr Louis Richard Njock au cours d’une conférence de presse le 7 mai 2020. Dans cette structure, aucun service n’est épargné. En pédiatrie, le nombre d’enfants vaccinés est passé de 250 à 110 pendant cette période de crise. Un résultat obtenu avec beaucoup d’effort à en croire Julie Dibonji Djene, le chef de département gynéco obstétrique et pédiatrique.

L’Hôpital de district de Bonassama dans l’arrondissement de Douala 4e subit le même sort. Même si les accouchements sont restés statiques, le nombre de patients en consultation est également en chute, pourtant il ne figure pas parmi les établissements focaux. « Le taux de fréquentation ont baissé à près de 50%, surtout ce mois de mai. C’est un phénomène global. En termes d’accouchement, il n’y a pas de changement. Je suppose que les accouchements n’ont pas changé parce qu’il n’y a pas d’autre alternative », affirme Dr Fogang Duplex, Gynécologue obstétricien à l’hôpital de district de Bonassama. Selon ce médecin, même s’il est conseillé de se rendre dans un centre de santé en cette période de crise sanitaire qu’en cas de nécessité, il est conseillé aux malades de solliciter des médecins, même au téléphone pour bénéficier des soins appropriés.

Plantes

Les hôpitaux, principalement publics, restent pour bon nombre de camerounais, un lieu à risque en ce temps de crise sanitaire. « On m’a fortement déconseillé les hôpitaux publics quand j’étais malade », soutient Dimitri. Pourtant un habitué du public, Dimitri a préféré se tourner vers le privé pour soigner son paludisme. L’option des hôpitaux Laquintinie ou Général de Douala, ayant été écartée par ses proches qui y voyaient non seulement une source de contamination, mais également un risque de s’exposer à une confusion avec un malade du coronavirus.

D’après Collins Dipoko, le surveillant de l’hôpital de district de Nylon, qui abrite le call center de lutte contre la pandémie dans la région du Littoral, la fuite des malades reste un problème majeur auquel il faut trouver des solutions. « En médecine on a juste 5 malades sur 22 lits. Avant la crise, nous avions 24 à 30 malades par jours seulement en médecine. Même le taux de consultation a chuté. Les patients évitent l’hôpital pourtant nous continuons de prendre normalement soin des malades et tous les services fonctionnement normalement comme avant la crise », rassure-t-il.

En effet, avec l’apparition du Covid-19 au Cameroun, la population s’est réfugiée dans la médecine traditionnelle. « Que je sois malade ou pas, je me tourne vers les potions grand-mères. Aller à l’hôpital, c’est courir trop de risques. Je suis allé au village chercher les plantes pour toute la famille. C’est avec ces plantes que nos parents nous soignaient, donc, quelle qu’en soit la maladie nous allons trouver la solution », confie Samuel Bihane, un homme d’une cinquantaine d’années.

Dans la ville de Douala, les herboristes et les promoteurs de la médecine traditionnelle ont le vent en poupe. « Je propose des compositions pour plusieurs maladies. Quand un patient me décrire ses symptômes ou a déjà fait des examens, je sais quelle composition est adaptée pour cas », affirme Hélène, une vendeuse de plantes au marché New-Deïdo. Selon cette herboriste, la demande a connu une importante augmentation depuis le mois de mars 2020. La citronnelle, l’aloès-vera, le gingembre et le citron sont les produits les plus sollicités. Régulièrement en rupture de stock, les prix de ces plantes ont également grimpé. Les habitants qui ne veulent pas faire recours aux établissements sanitaires confessionnels et cliniques se ravitaillent chez les vendeurs des plantes au marché ou chez les naturopathes. Une pratique déjà existante, mais qui prend de l’ampleur avec l’épidémie du coronavirus.

Marie Louise MAMGUE

Leave comment

Your email address will not be published. Required fields are marked with *.