Covid-19 : Les mesures barrières affectent près de 91,95% de journalistes au Cameroun
Présentation officielle

Dans son rapport sur « l’Impact des mesures gouvernementales de lutte contre la Covid-19 sur les libertés publiques au Cameroun », ADISI Cameroun relève que la limitation de la mobilité des hommes de presse dans l’exercice de leur profession a restreint leur accès aux sources avec un fort impact sur la collecte des informations.

Depuis mars 2020, le Cameroun est affecté, comme le monde dans son ensemble, par la crise sanitaire de la Covid-19. Cette pandémie qui a déjà fait plus de 29 617 cas confirmés sur le territoire national, impose une nouvelle mode de vie et des restrictions barrières édictées autant par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et que le gouvernement. Entre autres, le port des marques de protection, l’utilisation des gels hydroalcooliques, la fermeture des frontières, la distanciation sociale. Cependant, bien que ces mesures gouvernementales de lutte contre la Covid-19 contribuent à limiter la propagation de la maladie, elle a un impact non négligeable sur certaines libertés publiques.

C’est en effet, ce que relève l’Association pour le Développement Intégré et la Solidarité Interactive (ADISI Cameroun), une organisation de la société civile de droit camerounais dans son rapport qui sera officiellement publié le 16 février prochain à Douala avec le soutien de Free Press Unlimited dans le cadre du projet d’« Accès à l’information en période de Covid-19 ».  D’après cette étude sur « l’Impact des mesures gouvernementales de lutte contre la Covid-19 sur les libertés publiques au Cameroun », plusieurs situations d’atteinte aux libertés ont été répertoriées, notamment dans les cas spécifiques de la liberté d’accès à l’information, la liberté de religion et la liberté de manifestation et de réunion pourtant garanties par de nombreux textes internationaux, régionaux et nationaux.

Pour ce qui est de la liberté d’accès à l’information, 91,95% de journalistes ont affirmé, révèle ce rapport, que ces mesures ont effectivement impacté la liberté d’accès à l’information déjà très réduite au Cameroun. La cause majeure des restrictions à l’œuvre sera la limitation de la mobilité des hommes de presse dans l’exercice de leur profession qui va restreindre leur accès aux sources avec naturellement un fort impact sur la collecte des informations.

La fermeture des frontières a aussi affecté près de 34,04% de journalistes parmi ceux ayant déjà effectué une mission ou des reportages à l’étranger. 73% de journalistes ont été impactés par la décongestion du nombre de passagers dans les transports en commun et près de 38,29 % se sont déjà vus refuser l’accès à un site de recouvrement pour défaut de port du masque facial. Le renforcement du dispositif sécuritaire note cette organisation, a empêché près de 56% de reporters de recouper des informations auprès des administrations.

Toutefois, souligne cette association, quelques politiques d’accès à distance à l’information ont été activées pour remédier à ces impacts. Malheureusement, elles rencontrent plusieurs limites au rang desquelles celles observées dans le cas particulier de la crise du Coronavirus telle que gérée par le Ministère de la Santé Publique (Minsanté). On note par exemple, que seuls 18,18 % des 59,68 % des journalistes ayant sollicité un accès aux sites de quarantaine et de prise en charge des malades de Covid-19 ont obtenu une autorisation, 55,14 % ont décrié la fréquence non satisfaisante des communications gouvernementales sur la pandémie, 86,95 % ont dénoncé l’iniquité dans la fourniture des informations entre médias publics et privés…

A l’issue des investigations menées dans le cadre de cette étude, il est recommandé entre autres, d’accorder des dispenses spéciales aux journalistes face aux mesures qui restreignent l’accès aux lieux publics et sites de prise en charge de la Covid-19 ; d’organiser des webinaires à l’intention des professionnels des médias sur le journalisme en temps de crise sanitaire et les recycler à la pratique du télétravail, de veiller à ce que chaque administration dispose d’un site internet, une page sur les réseaux sociaux bien aménagés, riches et régulièrement actualisés, avec des comptes certifiés pour garantir la crédibilité des contenus.

Marie Louise MAMGUE

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