Est : 167 aires de santé pour plus d’1 million d’habitants

Est : 167 aires de santé pour plus d’1 million d’habitants

Malgré la création de 52 nouvelles aires de santé, l’offre sanitaire de cette région reste criarde. Les raisons sont entre autres l’instabilité du personnel médical, leur insécurité et leur mauvaise condition de vie aires de santé à l’Est Cameroun.

Gislaine Kamba, une native de Gbitti, un village du département de la Kadey, frontalier à la République Centrafricaine (RCA), dans la région de l’Est, a frôlé la mort de nombreuses fois en janvier 2023. Elle a durant cette période, été victime de plusieurs maux, dont les douleurs de ventre, d’une fatigue générale, d’une fièvre qui s’intensifiait dans la nuit et avait du mal à se tenir debout. Pour faire passer ses douleurs, Ghislaine décide recourir aux décoctions traditionnelles, sans résultats. C’est finalement dans un état critique que ses proches la conduisent au centre de santé de Kétté, situé à environ 45 km de son domicile. « On m’y a conduit à bord d’une moto. Mais malheureusement, nous n’avons pas trouvé l’infirmier sur place. Voyant mon état de santé s’empirer, mon mari m’a conduit jusqu’à Bertoua |[à environ 172 km de Ketté]pour une prise en charge adéquate. Si non, je mourrais », raconte-t-elle.

De pareils témoignages, on n’en enregistre une pléthore dans les villages de la région de l’Est. Ici, pour bénéficier des soins de santé, les habitants passent par bien de péripéties. « Les malades sont transportés sur des brancards de fortune ou dans des brouettes, à défaut de trouver une moto ou un véhicule. Parfois, le mauvais état des routes aggrave les cas de certains malades qui décèdent avant d’arriver dans un hôpital. D’autres meurent sans avoir été consultés par un personnel médical qualifié, parce qu’ils sont toujours absents », déplore Daboko, un chef traditionnel du département de la Kadey.

aires de santé à l’Est Cameroun Commodités de vie

Dans les zones rurales, comme le témoignent certains professionnels de santé ayant requis l’anonymat, plusieurs cas d’abandon de poste sont enregistrés à cause des mauvaises conditions de vie. L’insécurité au niveau de la frontière avec la RCA, le déficit des ressources humaines et parfois l’absence d’un des conjoints, sont également d’autres raisons de cet abandon. « Dans un district de santé très enclavé comme celui de Kétté où j’ai travaillé pendant près de cinq ans, avoir un logement adéquat relève de la magie. Lorsque vous arrivez, vous êtes parfois obligé de vivre dans une auberge à l’absence des commodités telles que l’électricité et l’eau potable. L’accès à internet c’est un rêve. Vous êtes totalement coupé du reste du monde. Dans un tel environnement, pensez-vous qu’un médecin qui aime bien son travail va y rester pendant combien de temps ? », témoigne un infirmier diplômé d’Etat, sous anonymat.

Pour ces personnels médicaux, vivre dans les zones d’insécurités (frontière avec la RCA), est un danger permanent pour leur vie. Cette désertion a des répercussions sur le volume du travail pour ceux qui parviennent à surmonter les obstacles. « Ce problème de ressources humaines nous amène parfois à tout faire. Les consultations prénatales, les vaccinations, les consultations gynécologiques, les accouchements et autres examens de dépistages du Sida », avoue le médecin chef d’un district de santé de Yokadouma.

Malheureusement, leur instabilité et l’absence des spécialistes a créé un terrain fertile pour des non qualifiés qui se recrutent parmi les infirmiers retraités, des personnes ayant appris leur science sur le tas et même des agents d’entretien ayant servi dans les formations hospitalières en ville. A ce manque de médecins et spécialistes, une autre réalité est l’absence des pharmacies d’officines. « Avant 2023, nous comptions 115 aires de santé. 52 autres ont récemment été créées pour couvrir les besoins de santé dans l’ensemble de la région, sauf dans le District de santé de Doumé qui compte 12 aires de santé », informe Ambroise Stéphane Sebe, chef service des informations sanitaires et de la planification (Sis) à la délégation régionale de la Santé publique pour l’Est (Drsp-Est).

Avec une population estimée à 1.424.517 habitants selon les statistiques de la Drst-Est, cette région compte présentement 167 aires de santé, 15 districts de santé, 191 hôpitaux publics et privés, dont un hôpital régional, 15 hôpitaux de districts, 29 centres médicaux d’arrondissements (Cma) et 146 centres de santé intégrés. Dans ce maillage, il faut compter entre autres, 88 médecins généralistes, 06 médecins spécialistes, 14 infirmiers supérieurs et 31 sage-femmes/maïeuticiens. « La région en elle-même est subdivisée en Districts de santé. Les Districts de santé en Aires de santé qui à leur tour sont constitués par un ou ensemble de villages et desservi par un Centre de santé intégré », explique Ambroise Stéphane Sebe aires de santé à l’Est Cameroun.

Pour un administrateur de santé publique qui n’a pas souhaité être cité, « la création de ces nouvelles aires de santé à l’Est était nécessaire dans la mesure où les besoins en soins de santé deviennent plus importants en milieu rural avec l’émergence des maladies tropicales négligées, la recrudescence de certaines maladies infectieuses et parasitaires connues, mais aussi, l’apparition des pathologies chroniques comme l’hypertension artérielle ».

Ange-Gabriel OLINGA BENG à l’Est

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