Examens officiels : Les frais de correction toujours attendus

Les enseignants attendent toujours entrer en possession des frais de délibération des examens de l’Obc : Le cas du probatoire de l’enseignement général dans le département des Bamboutos. Une mauvaise habitude qui s’impose progressivement comme attitude à suivre.

C’est une attitude qui, au fil du temps, prend véritablement corps et s’impose malheureusement comme une tradition au sein de l’instance organisationnelle des examens au Cameroun : j’ai nommé l’Office du Baccalauréat du Cameroun (OBC). Seulement, c’est une tradition dont les fruits deviennent de plus en plus amers à consommer ; notamment pour les enseignants qui, d’une manière ou d’une autre, participent à l’une des phases du processus des évaluations formatives de fin d’année.

Peut-être faut-il rappeler que l’OBC est cette grosse institution en charge de l’organisation des examens du probatoire et du Baccalauréat dans l’ordre de l’enseignement général francophone.  En d’autres termes, il peut être considéré comme le centre national de gestion des examens francophones du secondaire général et secondaire technique. Il est Créé par Décret n°93/255 du 28 septembre 1993 et modifié par le Décret n°97/044 du 05 mars 1997. Dans ses missions régaliennes, l’Office du Baccalauréat du Cameroun est chargé d’organiser les examens du système francophone. Concrètement, il est chargé de définir les emplois de temps du déroulement des épreuves écrites et pratiques, nommer les membres des secrétariats des examens, convoquer les correcteurs aux différents examens placés sous son contrôle et bien plus s’assurer du paiement des vacations de chaque intervenant dans le processus organisationnel des examens.

BEPC

Il est donc clair qu’il relève du ressort de l’OBC de payer les prestations des enseignants correcteurs convoqués et ceux ayant pris part aux délibérations.  Comme indiqué plus haut, depuis quelques années, cette instance brille par un retard étonnant dans le paiement des frais de correction et de délibération. Nous en voulons pour preuves, les sessions Baccalauréat 2015-2016, 2016-2017, Probatoire 2017-2018.  Le témoignage de cet enseignant de français rapporté par Josiane Afom dans son article « correction des examens : la longue attente des correcteurs »   sur https://socialinfos.net/503-2/ démontre à suffisance the « late caracter » de l’OBC. « Je ne comprends pas pourquoi l’Obc ne paie pas immédiatement les correcteurs après le baccalauréat et le probatoire. Ils doivent toujours attendre des mois après. Pourtant, le paiement des corrections du Brevet d’études du premier cycle (Bepc) est immédiat ».

 Le Cas le plus récent et qui fait l’objet de ce présent article est celui du non-paiement des frais de délibération de l’examen du Probatoire session 2019-2020 dans le Département des Bamboutos. Cependant, il convient de préciser que le choix dudit département est lié à une réalité simple : nous avons assez de preuves et de sources pour justifier toutes les allégations et assertions contenues dans cet article. Mais alors, il s’avère que le constat ne serait pas spécifique au Département des Bamboutos si nous nous en referons aux propos de Josiane Afom , exprimés toujours dans son article «  correction des examens : la longue attente des correcteurs » publié le 9 mars  2021: « La session d’examens officiels 2020 est entièrement bouclée depuis août 2020 par la publication des résultats du probatoire de l’enseignement secondaire général. Et même, la session 2021 est lancée depuis quelques mois avec les inscriptions des candidats aux différents examens officiels. Seulement, certains enseignants ayant pris part à la session 2020 du baccalauréat et du probatoire, des examens organisés par l’Office du baccalauréat du Cameroun (Obc) sont mécontents. Ces enseignants rencontrés dans les artères de la ville de Yaoundé se plaignent du fait que plusieurs mois après clôture desdits examens, les frais de correction du baccalauréat et du probatoire, de même que les frais de délibération du baccalauréat ne soient toujours pas payés dans certains départements du Cameroun, notamment le Wouri et le Mfoundi ».  

 Contexte particulier  

Le 18 mars 2020, le Cameroun entamait sur toute l’étendue du territoire national un confinement général de la population. Les marchés, les lieux de service, les snacks bars, les universités et même les établissements secondaires ont été contraints à la fermeture pure et simple. Contre toute attente, notamment celle des partisans du culte de la paresse et de l’oisiveté pédagogique, le MINESEC par le truchement de l’Office du Baccalauréat du Cameroun a mobilisé toutes les ressources nécessaires pour extirper le Cameroun du concert des nations partageant le gâteau de l’année blanche.  Cette pandémie aurait poussé le Cameroun comme d’autres Etats du monde à une situation d’année blanche.

Comme de tradition, les enseignants de l’ordre de l’enseignement secondaire général ont été sollicités pour accompagner le MINESEC S/C de l’OBC dans le processus de déroulement d’un examen optimal, efficace et efficient. Ainsi, ils ont pris part à toutes les étapes qui constituent le socle de l’évaluation certificative de cet ordre d’enseignement. Des surveillances aux délibérations en passant par les corrections, les chevaliers de la craie ont accompli chacun avec abnégation et conscience professionnelle le devoir qui était sien. Car, animés par un esprit de détermination à vaincre la pandémie et sauver la seule chose qui reste à un peuple lorsqu’il a tout perdu : l’école. Ainsi, c’est dans ce contexte de risque de contamination, le risque de propagation et surtout le risque de mort que les enseignants vont accomplir le devoir de la craie.

Pour ce qui est du cas spécifique du Probatoire de l’enseignement Général, l’examen écrit s’est déroulé selon le chronogramme fixé par l’OBC. Lequel programme mentionnait que : « Probatoires A, ABI, C, D, E &  TI  Epreuves écrites et épreuves facultatives  du 27 juillet au 31 juillet 2020 » in www.obc.cm .  Dans le Département des Bamboutos, les réunions préparatoires dans les différents centres d’écrits se sont déroulées entre le Vendredi 24 et Samedi 25 juillet 2020. Elles se sont déroulées sous la conduite des chargés de missions et des chefs des centres d’examens. Au cours de ces rencontres, de nouvelles exigences sanito-sécuritaires ont été exigées aux enseignants proportionnellement aux dégâts de la pandémie.

Chaque enseignant avait l’obligation de se munir de son gel, son masque et son casse-croûte. Les enseignants surveillants de salles devaient rester dans les salles d’examens durant toute la journée de passage des épreuves écrites. Voilà autant d’acrobaties auxquelles les enseignants devaient se soumettre.   Les enseignants convoqués ont répondu présent à l’appel du devoir. Les épreuves écrites, elles à leur tour, se sont passées dans un climat de sanctuaire. Ont suivi les corrections, l’une des opérations importantes de la phase post-écrite.  Nous y avons participé sur la base de la convocation des correcteurs publiée par l’OBC. Enfin, dans la deuxième moitié du mois d’Août 2020, nous avons participé à la délibération phase qui conduit à la proclamation presque définitive des résultats. Durant pratiquement 5 jours de travaux intenses, nous avons accompli une fois de plus le devoir qui était nôtre.

Les moissonneurs étaient abondants, les ouvriers aussi. Mais où est passée la moisson ? Comme tout bon ouvrier qui, après avoir effectué son travail attend la contrepartie du travail effectué, nous également avons attendu le paiement de nos prestations. Constat ambivalent : ce n’est qu’à la fin du mois d’octobre et novembre pour certains centres que les frais de correction dudit examen ont été versés. Triste alors, jusqu’à l’heure actuelle, les ouvriers attendent encore le paiement des frais de délibération. Pour être plus précis, nous sommes rendus à quelques jours du début des épreuves écrites et facultatives du Probatoire ESG 2021. Curieusement les ouvriers attendent encore.

Que faut-il en déduire ? Est-ce là une preuve que le pays croupit sous le poids d’une éventuelle asphyxie financière ? Est-ce une conséquence de l’instauration du versement électronique qui voudrait que les frais d’inscription transitent d’abord par le MINESEC ? Est-ce la responsabilité de la trésorerie de l’OBC ? Est-ce la responsabilité des billeteurs qui régulièrement sont sur le terrain ? Ou encore est-ce parce que l’enseignement n’est pas un métier comme tous les autres ?  Dans tous les cas les ouvriers continuent d’attendre.

Par Jacques Djilo Simo

DIPLÔMÉ EN SCIENCES DE L’ÉDUCATION DE L’UNIVERSITÉ ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN. ENSEIGNANT DES ÉTABLISSEMENTS CATHOLIQUES ET PROTESTANTS. 

*Les propos sont de l’auteur

*Le titre de la rédaction.

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