Hamadou Tidiane Sy : “Ces géants du numérique nous prennent nos publics, nos lecteurs, nos auditeurs.”
Hamadou Tidiane Sy, pendant son intervention à la conférence internationale.

Les géants du numérique prennent le publics, des lecteurs, des auditeurs des médias Africain”

Intervenant à la conférence internationale organisée par le GIBS sous le thème “Big Tech and Journalism – Building a Sustainable Future in the Global South à Johannesburg en Afrique Sud”, ce journaliste, s’exprime sur l’impact des géants du numérique Hamadou Tidiane sur les géants du numérique, qui dominent l’écosystème mondial de l’information, sur les médias en Afrique. Pour le directeur de l’E-jicom et fondateur du site plusieurs fois primé, Ouestaf News, ces géants du numérique sont en train de phagocyter le métier du journalisme sans respecter aucune règle.

Hamadou Tidiane sur les géants du numérique De plus en plus, l’impact des Big tech (géant du numérique) sur les médias préoccupe à l’échelle mondiale. Quelle est l’observation que vous faites de la situation en Afrique ?

C ‘est une situation dramatique. Certains pays du Nord ont pris la dimension des risques que ces géants du numérique font courir à la presse. Malheureusement, même si nous vivons une situation probablement plus inquiétante en Afrique, parce que nous avons des médias plus fragiles, il n’y a ni prise de conscience, ni engagement pour trouver des solutions à cette situation Hamadou Tidiane sur les géants du numérique. Ces géants du numérique nous prennent nos publics, nos lecteurs, nos auditeurs mais ce qu’ils nous prennent de plus important, c’est l’âme et l’essence même de ce métier parce qu’ils permettent à des gens venus de n’importe où, de créer des plateformes et de s’exprimer.

On n’a rien contre la liberté d’expression de tous les citoyens, mais il y a quand même un besoin de protéger ce métier. Le journalisme, c’est un métier au service du bien commun, de l’intérêt public, il faut qu’on puisse le préserver. Or, ces géants du numérique sont en train de phagocyter notre métier, de tirer profit d’une grande partie des revenus publicitaires et tout cela sans respecter aucune règle. D’ailleurs dans les pays africains, ils ne sont soumis à aucune règle Hamadou Tidiane sur les géants du numérique. L’essentiel des discussions a tourné autour de cette problématique. C’est une chance d’avoir pu lancer le débat. Désormais, c’est à chacun de nous d’examiner des méthodes pour faire évoluer les choses.

Hamadou Tidiane sur les géants du numérique Pensez-vous que l’Afrique a pris conscience de l’ampleur de cette menace qui pèse sur l’avenir des médias ?

Je ne crois pas. Peut-être individuellement, mais en tant que collectif, je ne crois pas qu’il y ait une prise de conscience réelle de ce qui se passe. Il manque des occasions comme celle-ci (Conférence internationale NDR) pour permettre aux acteurs de faire ce constat, de même qu’il manque des études documentées qui permettent d’exposer les bénéfices que font Google et Facebook au Sénégal, au Cameroun ou en Côte d’Ivoire, par exemple, au détriment des médias de ces pays-là. Le public s’informe et consulte des contenus issus de médias locaux sur ces plateformes au lieu de s’informer directement chez nous, sur nos plateformes. Sauf qu’ils publient ces contenus sans avoir payé aucune compensation sur les droits d’auteur ou de propriété intellectuelle Hamadou Tidiane sur les géants du numérique. C’est la raison pour laquelle nous devons aborder la question avec urgence, prendre en compte la gravité du problème, et essayer de trouver des solutions. Les gens doivent comprendre que le problème est sérieux. J’espère que cette première conférence en terre africaine sur la question servira de déclencheur pour qu’enfin, on prenne conscience de la situation et qu’on sache que si rien n’est fait, nos médias pourraient disparaître.

Le débat, justement, est assez avancé sous d’autres cieux. Comment les acteurs africains peuvent-ils s’organiser pour davantage s’impliquer dans les échanges ?

A son retour, chaque participant doit étudier les alternatives autant sur le plan personnel que sur le plan de l’organisation auquel il appartient. L’objectif est d’interpeller les entreprises du GAFAM (GAFAM et GAFA sont des acronymes reprenant l’initiale des « géants du numérique », les plus puissantes multinationales des technologies de l’information et de la communication. Ces lettres font référence aux cinq plus grosses entreprises du secteur, Google, Apple, Facebook, Amazon, et Microsoft, NDR), au sujet des principes qui ont été adoptés ici en faveur d’une compensation plus équitable Hamadou Tidiane sur les géants du numérique. Chacun des participants appartenant à des organisations : des associations patronales, des syndicats… a l’opportunité d’initier des actions, de trouver un moyen de légiférer soit au niveau des Etats, soit au niveau régional, le pouvoir de ces plateformes sur notre travail. Et qu’enfin celles-ci soient soumises à des législations dans nos pays, comme tout autre acteur de l’espace économique.

Dans d’autres pays comme le Canada, l’Australie, les Etats-Unis, les négociations sont très avancées avec ces géants du numérique. Est-ce qu’en Afrique, nous avons les moyens nécessaires pour faire pression sur ces groupes ?

Les moyens de pression, ce sont les journalistes, c’est nous-même les acteurs. Il y a eu des avancées dans les pays que vous citez parce que des médias se sont levés, et constitués en association pour mener les négociations. En France, par exemple, on a vu que ce sont près de 300 publications qui ont poussé le gouvernement à légiférer, comme ce fut le cas en Indonésie.  Autrement, il ne faut pas compter sur les gouvernements, ils n’interpelleront les GAFAM que sur la taxation Hamadou Tidiane sur les géants du numérique. C’est avant tout à nous, acteurs des médias de nous battre pour nos intérêts. Les Etats peuvent venir en appui, mais c’est aux acteurs des médias d’aller vers les Etats, vers les organisations régionales, c’est à nous de nous battre pour nous-mêmes et trouver des brèches par lesquelles passer pour obtenir des résultats.

Entretien réalisé par M.L.M.

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