Investissements : « Ces capitaux qui s’évadent représentent non seulement une épargne qui aurait pu être réinvestie localement, mais aussi une base fiscale perdue »

Les capitaux qui s’évadent représentent une épargne qui aurait pu être réinvestie localement

Jean Mballa Mballa, Directeur exécutif du Centre régional africain pour le développement endogène et communautaire (Cradec), revient sur l’importance de la déclaration de biens des personnalités publiques des capitaux qui s’évadent.

Quelle appréciation faites-vous des investissements des députés, chefs d’État, magistrats et bien d’autres personnalités publiques à Dubaï alors que l’origine de leurs fonds demeure incertaine et la plupart n’ayant pas déclaré leurs biens ?

Il est inquiétant de voir des personnalités publiques comme des députés, chefs d’État et magistrats, investir à Dubaï sans déclaration claire de leurs biens, surtout lorsque l’origine de leur fortune n’est pas traçable des capitaux qui s’évadent. Dubaï est souvent vu comme un refuge pour les capitaux, en raison de sa réglementation fiscale avantageuse et de son opacité concernant la propriété réelle. Si ces investissements non déclarés sont avérés, cela pose des questions sur la volonté de l’Émirat de lutter contre l’opacité financière et sur la capacité de nos pays à mettre en place des réglementations efficaces contre les flux illicites de capitaux. Ces capitaux qui s’évadent représentent non seulement une épargne qui aurait pu être réinvestie localement, mais aussi une base fiscale perdue, essentielle au financement des objectifs nationaux de développement des capitaux qui s’évadent.

des capitaux qui s’évadent La découverte de ces investissements peut-elle être un levier de pression sociale pour pousser ces personnalités à déclarer leurs biens ?

Oui, absolument. La révélation de ces investissements peut effectivement exercer une pression sociale sur ces personnalités pour les inciter à déclarer leurs biens. La transparence est cruciale pour instaurer la confiance du public envers les institutions et leurs représentants. Si ces individus sont tenus pour responsables, cela pourrait les encourager à agir avec plus de transparence. Bien que 24 pays africains aient adopté des lois sur la transparence des bénéficiaires effectifs, ces cadres législatifs ne semblent pas suffisamment dissuasifs. De telles révélations pourraient intensifier la pression sur ces figures publiques.

Votre organisation, le Cradec, s’est-elle penchée sur les personnalités publiques camerounaises qui ont investi  à Dubaï ?

Le Cradec, axé sur la justice fiscale au Cameroun, surveille les flux financiers illicites, y compris ceux liés aux personnalités publiques. Nous n’avons pas spécifiquement étudié les investissements des personnalités camerounaises à Dubaï, mais nous avons plaidé pour la mise en place effective d’un registre des bénéficiaires effectifs des capitaux qui s’évadent. Un tel registre augmenterait la transparence sur la propriété des actifs et permettrait un meilleur contrôle des flux de capitaux.

des capitaux qui s’évadent Comment qualifieriez-vous les investissements des personnalités publiques à l’étranger ?

Les investissements des personnalités publiques à l’étranger peuvent être perçus différemment, selon leur nature et légitimité. S’ils sont légaux, transparents et déclarés, ils sont considérés comme légitimes des capitaux qui s’évadent. En revanche, s’ils sont opaques, non déclarés ou d’origine douteuse, ils peuvent être vus comme des investissements illicites ou du blanchiment de capitaux. Chaque situation doit être évaluée individuellement, en veillant à ce que les investissements soient conformes aux normes internationales de transparence et d’éthique.

Interview réalisée par Ghislaine DEUDJUI et Marie Louise MAMGUE

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