Nord : Seulement 2 des quatre départements couverts par la Camwater
Deux jeunes filles à la recherche de l’eau à Hola, un village de la commune de Touroua, dans la Bénoué région du Nord Cameroun (crédit photo : JB).

Nord : Seulement 2 des quatre départements couverts par la Camwater

À l’exception du réseau Camwater, le besoin en eau potable est évalué à environ 5 120 points d’eau potable. L’offre en eau reste inférieure à la demande dans les zones rurales et les forages sont désormais une solution alternative de l’accès à ce précieux sésame dans la région Les départements couverts par la Camwater au Nord.

Le soleil au zénith, Fadimatou et Radia, munies de bassines, creusent avec tact le sable qui a recouvert le Mayo-Pounko, un ruisseau situé à Hola, un village de l’arrondissement de Touroua, dans le département de la Bénoué, région du Nord au Cameroun.

Les deux jeunes filles nourrissent l’espoir de trouver de l’eau dans ce ruisseau, malgré le récent passage d’un troupeau de bœuf. « Ils ont troublé le contenu et ont comblé le creux avec du sable. », témoigne l’aînée. Au bout de quelques minutes, le précieux liquide coule au fond du petit trou sous forme d’entonnoir.

En l’absence d’un point d’eau potable, trouver cette denrée indispensable à la vie est un véritable parcours de combattant pour les habitants de cette localité. « Le manque d’eau est criard dans le département de la Bénoué », a déclaré Abakachi Abicho, délégué départemental de l’Eau et de l’Energie de la Bénoué, lors de la célébration, pour la première fois dans ce département, de la journée mondiale de l’eau, le 22 mars 2023.  Au quartier Canadi par exemple, les coupures d’eau par la Cameroon Water Utilities Corporation (Camwater), la société chargée du service public de l’eau potable et de l’assainissement au Cameroun, sont devenues une tradition. « Dans notre secteur, l’eau coule rarement des robinets », déplore Hapsatou.

Les départements couverts par la Camwater dans le grand  Nord

Au Nord, le difficile accès à l’eau potable est un handicap pour les habitants des 4 départements qui constituent cette région. Selon le Syndicat national des communes de la Bénoué (Syncobe), la société en charge de la production et la distribution d’eau couvre seulement deux départements sur les quatre : la Bénoué et le Mayo-Louti.

Dans le département de la Benoué, peuplé de plus d’un million d’habitants, indique ce syndicat, le réseau Camwater n’est présent que dans trois arrondissements sur les douze. A savoir : Garoua I, Garoua II et Pitoa, avec 19 forages industriels pour une production moyenne mensuelle d’au moins 502 881 m3. Cette unité administrative est alimentée par un réseau national desservi par la Camwater, des mini adductions d’eau potable solaire autonomes et des points d’eau. « Hormis le réseau de la Camwater, le besoin estimatif est d’environ 5 120 points d’eau potable. 73,83 % de ménages utilisent une source améliorée d’eau dans le département de la Bénoué. », a révélé Pagou, secrétaire permanent du Syncobe.

A Poli, dans le Faro, la population de Gombo étanche sa soif dans un puits, seul point d’eau du village. « L’accès à l’eau dans le département du Faro se fait à travers les forages, les puits même comme la qualité est impactée, les mayos (rivière) où il faut creuser dans le sable pour avoir ce liquide. En termes d’accès à l’eau, le taux de couverture est d’environ 40% », a confié Aba Ndokayo Michaël, délégué départemental de l’Eau et de l’Energie du Faro.

Maladies hydriques

Au Nord, avoir de l’eau, potable ou non, est une bataille. Les populations en subissent d’ailleurs les conséquences. « Lorsqu’il y a manque d’eau dans une localité, la population use de tous les moyens pour avoir ce précieux liquide de qualité approximative. Les conséquences sont la survenance des maladies diarrhéiques tels que la typhoïde, les dysenteries, le choléra », a indiqué Dr. Bianpambe Ousmaïla, chef de district de santé de Mozogo, dans la région de l’Extrême-Nord.

Dans cette région, 50 cas de choléra ont été enregistrés entre le 4 janvier et le 7 février 2023 d’après le rapport de situation de la gestion du choléra au Cameroun, publié par le Ministre de la Santé publique (Minsanté). « Ce qu’on propose généralement pour éviter les maladies liées à la consommation de l’eau non potable c’est de la filtrer. Il y a trois méthodes de filtration : par ébullition, la stérilisation par le filtre ou à l’aide de l’eau de javel », conseille Dr. Bianpambe Ousmaïla.

Selon les experts, il y a une bonne couverture en eau dans la région du Nord, mais il se pose le problème de répartition spatiale des points d’eau. « Il se trouve que lorsqu’on fait le ratio, on constate que le taux de couverture est raisonnable. Mais, sur le terrain, la disposition de ces ouvrages ne permet pas de satisfaire toute la communauté », analyse Pagou, spécialiste en hydraulique.

Selon lui, la non-participation de la population à l’entretien de ces ouvrages et la difficulté de trouver de l’eau dans la nappe phréatique dans certains endroits constituent d’autres problèmes à résoudre. Pour remédier à ces problèmes d’eau dans la région du Nord, « il est important de mettre un accent sur la bonne réalisation des ouvrages, l’utilisation du matériel adéquat, la participation de la population à travers des comités de gestion et d’entretien de chaque ouvrage. Pour les zones où il est impossible de trouver de l’eau, il faut opter pour des adductions d’eau à partir des conduits pour alimenter la zone », recommande le spécialiste.

Jérôme Baïmélé

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