Ouest : L’irrégularité des pluies inquiète
Un champ de maïs

Ouest : L’irrégularité de pluies inquiète

Pour éviter de mauvaises récoltes dues aux changements climatiques, les cultivateurs sont encouragés à attendre le signal des services de prévisions météorologiques avant de commencer les semailles L’irrégularité de pluies.

Les mains aux hanches, le regard vide et la mine triste, Bertille Tsangoue regarde son champ de maïs. L’heure n’est pas encore à la récolte mais déjà, elle sait que cette année, le rendement sera mauvais. « Je constate que certaines graines n’ont pas germé, pourtant je les ai toutes plantées au même moment », confie-t-elle perplexe. Une inquiétude que partage Julie Boukagne, une autre productrice de maïs.  « J’ai eu le même problème heureusement que je l’ai constaté assez tôt pour revenir semer », renseigne-t-elle. A en croire ces agricultrices, la baisse de la production générale observée ces années dans certaines filières agricoles est due à la baisse des pluies enregistrées dans la région de l’Ouest.

A la délégation régionale de l’agriculture et du développement rural (Minader) pour l’Ouest, les responsables sont du même avis. Sauf qu’ici on parle plus de retard de pluies. En effet, selon Rodrigue Nguimatsia, le chef service régional du développement de l’agriculture de l’Ouest, les pluies qui, les années précédentes arrivaient à partir du 15 mars et allaient jusqu’en avril voire mai, commencent à présent avec une voire deux semaines de retard. Plus graves encore, elles ne sont plus continues.

Mais cela, les cultivateurs ne l’ont pas encore intégré. Ils continuent de semer à cette période et se plaignent des mauvaises récoltes. D’après la délégation régionale, la production du maïs, l’une des principales spéculations produites dans la région de l’Ouest est passée de 415.575 tonnes en 2021 à 350.326 tonnes en 2022 soit 65.249 tonnes de moins.

Pour Godefroy Ngabeyi, climatologue, il est important d’enseigner aux agriculteurs d’attendre le signal des services de prévisions météorologiques avant de commencer les semailles. « Plusieurs pensent que la première pluie suffit pourtant, il faut une certaine quantité d’eau dans le sol pour que celui-ci puisse faire germer la graine, en deçà, la graine va sécher et mourir », précise-t-il.

L’expert reconnait que les changements climatiques enregistrés dans la région, même s’ils sont faibles, sont réels. « Les normales climatologiques de la région ont changé ces dernières années et cela se comprend. Il suffit de parcourir la ville de Bafoussam pour voir que les espaces verts et les arbres ont cédé la place aux immeubles et autres espaces commerciaux. La destruction des arbres va modifier les cycles des pluies », développe-t-il. Il souligne qu’à Foumban par exemple, où il y a encore des arbres et de la verdure, la situation est meilleure.

Selon Godefroy Ngabeyi, il est important d’encourager les populations à planter des arbres même sur leur cour privée. Sur le court terme, les cultivateurs doivent être sensibilisées sur la nécessité de faire des champs autant que possible à proximité des cours d’eau et à limiter voire annuler totalement les feux de brousse. « Il ne faut pas aussi perdre de vue la pollution des grands pays qui d’une façon ou d’une autre nous affecte », conclut –il.

Vanessa Bassale

A lire aussi :  Changements climatiques : La faim plane sur la localité Batschenga

Leave comment

Your email address will not be published. Required fields are marked with *.