Santé : « A partir de 2 ans, les parents doivent s’inquiéter si les enfants n’arrivent pas à exprimer plus de 200 mots »
M. Soh dans son cabinet de la Clinique du Gros Chêne à Douala.

Santé : « Les enfants qui n’arrivent pas à s’exprimer »

Rééducateur Orthophoniste depuis plus de 20 ans, Jacob Soh milite pour la reconnaissance de cette spécialité paramédicale qui s’exerce auprès de personnes souffrant de troubles de la parole et du langage. Pour lui, la formation des orthophonistes n’est pas une préoccupation au Cameroun. 

En quoi consiste le métier d’orthophoniste ? 

L’orthophonie est une spécialité paramédicale qui traite des divers troubles de la voix, de la parole et du langage. Elle est très peu connue du grand public. L’orthophoniste exerce généralement dans un centre éducatif, mais aussi en clinique avec l’appui d’autres spécialistes ou en libéral. Dans son activité, l’orthophoniste est amené à dépister le trouble chez son patient, à l’évaluer, à conseiller son patient et le plus souvent à l’orienter vers d’autres spécialités puisqu’un orthophoniste ne travaille pas tout seul Orthophoniste troubles de la parole et du langage. Il intervient dans une chaîne Orthophoniste troubles de la parole et du langage. La plupart des patients sont recommandés par des médecins : des pédiatres, des psychologues et ORL entre autres qui accompagnent les orthophonistes. Ces professionnels proposent des exercices pratiques aux personnes souffrant de troubles de la parole et du langage.

Justement, quels sont les troubles qui nécessitent l’expertise d’un orthophoniste ?

Les victimes d’un traumatisme crânien ou d’un AVC (Accident vasculaire cérébrale) peuvent présenter une aphasie ou une dysarthrie. Chez les enfants, la dysarthrie se manifeste par une confusion des sons : entre « K »… »G », « CH » … »SS », « F » … »V » et « T » … « D » notamment.

Il m’est arrivé de corriger des problèmes liés à la voix pour des chanteurs dont je ne dirai pas les noms (il rit NDR), des choristes atteints de dysphonie, une altération des cordes vocales, sur recommandations d’un médecin ORL.

Lorsqu’on présente des difficultés à lire, cela peut être dû à un bégaiement, un retard de parole ou à un trouble de la prononciation. Spécifiquement, il peut aussi s’agir de troubles dyslexiques. Lorsque le patient éprouve de la peine à écrire et à utiliser des nombres, on parle respectivement de troubles dysorthographiques et dyscalculiques. On rencontre enfin des troubles psychomoteurs, de déglutition, des problèmes de surdité nécessitant des implants (cochléaires), des troubles de mémoire, des fentes labio-palatines mais également de plus en plus de cas d’autisme. Tout cela nécessite une évaluation chez l’orthophoniste.

Auprès de quelles populations travaille généralement l’orthophoniste ?

Nous travaillons avec les enfants de 2 ans jusqu’à l’âge de la vieillesse. D’abord, à partir de 2 ans, les parents doivent commencer à s’inquiéter dès lors que les enfants de cet âge n’arrivent pas à exprimer plus de 200 mots. Puisqu’il existe une courbe sur le plan du langage. Sinon, c’est à partir de 3 ans généralement qu’un orthophoniste suit un enfant. Ce spécialiste s’occupe aussi des adultes qui ont perdu la parole à la suite d’un AVC notamment.

Comment sont pris en charge, par un orthophoniste, les individus souffrant de troubles du langage ?

Avant tout, il faut passer par un bilan orthophonique. Celui-ci s’appuie sur le diagnostic du médecin spécialisé qui a prescrit aux patients, la consultation d’un orthophoniste. En fonction du diagnostic, l’orthophoniste va proposer des séances de rééducation, telles que la méthode de lecture pour les enfants de 3 à 7 ans qui n’arrivent pas à bien prononcer les sons. Pour les adultes, on va plutôt utiliser une diction phonologique – méthode qui permet de travailler les muscles de l’articulation des sons au niveau des lèvres et de la langue – ou une méthode syllabique pour pouvoir mieux assimiler sa parole. Pour une victime d’un AVC par exemple, l’accompagnement consiste à tenter de remobiliser tous les circuits périphériques de la parole. L’orthophoniste ne prescrit pas de produits.

D’après vous, cette spécialité manque de reconnaissance au Cameroun, malgré les nombreux cas de troubles de la parole et du langage. Pourquoi ?

Nous sommes 25 millions de camerounais pour une dizaine d’orthophonistes, à peine au Cameroun. A ma connaissance, il n’existe qu’une école au Cameroun, à l’Université de Maroua, en collaboration avec des italiens. Ça doit être une préoccupation de l’Etat. J’estime qu’on reçoit une centaine de nouveaux patients par an provenant de Douala mais aussi d’ailleurs au Cameroun, du Tchad et de la Centrafrique Orthophoniste troubles de la parole et du langage. C’est un métier reconnu auprès du Ministère de la Santé Publique au point que les soins peuvent être pris en charge par les assurances.

En tant que président de l’Association Voix-Parole-Bégaiement du Cameroun(l’Avopabec), une initiative qui œuvre pour la reconnaissance du handicap de la voix et du langage, quelles solutions proposez-vous pour démocratiser la profession d’orthophoniste ?

Nous communiquons tous les jours à l’endroit des ministères de la Santé Publique, de l’Emploi et de la Formation professionnelle et celui de l’Enseignement Supérieur. On insiste sur la formation. Il faut qu’on ait plus d’écoles d’orthophonie, de filières éducatives Orthophoniste troubles de la parole et du langage. Puis, il faut inscrire cette formation paramédicale dans les orientations académiques aujourd’hui. C’est un problème d’ignorance, puisqu’avec un baccalauréat, des jeunes peuvent aller au Togo par exemple, où on forme aussi des orthophonistes en 3 ans.

Gael Eric Essoungou (stagiaire)

 

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Santé

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