Les cadavres abandonnés à la morgue de l’hôpital central de Yaoundé

Le directeur de cette formation hospitalière invite les familles des disparus à passer identifier ces corps qui trainent à la morgue depuis 2021 pour certains, faute de quoi cadavres abandonnés à la morgue, ils seront inhumés dans une fausse commune.

Le directeur de l’Hôpital central de Yaoundé (Hcy) a rendu publique le 13 juillet 2023, une liste de 91 corps abandonnés à la morgue du dit hôpital depuis 2021 pour certains cadavres abandonnés à la morgue. Ces dépouilles seront, selon le Pr Joseph Fouda, remis à la communauté urbaine pour inhumation.

« Au-delà du fait que cet abandon des dépouilles est très gênant, il faut signaler que cela nous crée un manque à gagner énorme. Je n’ai pas en ma possession les chiffres exacts, mais je sais que nous sommes à près de 300 millions F Cfa de pertes », confie une source administrative à l’Hcy.

Selon l’arrêté du ministre de la Santé publique (Minsanté) portant sur les modalités de gestion des corps abandonnés dans les morgues des formations sanitaires publiques, est considéré comme corps abandonné, tout cadavre identifié, ayant séjourné dans une morgue pendant une durée maximale de 60 jours à compter de la date de dépôt cadavres abandonnés à la morgue. Est aussi concerné, tout cadavre non identifié ayant séjourné dans une morgue pendant 60 jours à compter de la date de dépôt et n’ayant fait l’objet d’aucune réclamation.

Ces corps selon cet arrêté sont inhumés dans un cimetière public, dans une fosse commune scellée et bétonnée. Il est aussi prévu que le corps soit mis à la disposition des laboratoires de dissection de l’Etat cadavres abandonnés à la morgue, dans le cadre de la formation du personnel médical et des étudiants conformément aux dispositions des articles 19 et 20 du décret du 14 mars 1974.

Ce n’est pas la première fois que des cadavres sont abandonnés à la morgue. Une source médicale explique que cet abandon intervient lorsque les familles sont en conflits ou en manque de moyens financiers. A en croire le Dr Jean Nke Ndih, anthropologue, « les deuils actuellement ne sont plus considérés comme à l’ancienne à cause des enjeux qui les accompagnent cadavres abandonnés à la morgue. Désormais ces moments d’adieux reposent sur l’économie et le social, les gens s’endettent pour que les deuils soient considérés comme grand. »

Il ajoute pour le déplorer : « la mort est devenue banale d’où l’abandon de ces corps. Pourtant dans les pratiques africaines, on ne met pas le corps à la morgue car disait-on, pour que les ancêtres accueillent bien le mort, il fallait que ce dernier leur arrive à chaud cadavres abandonnés à la morgue. La morgue dénature donc les traditions africaines et vient poser le problème de l’économie de la mort. »

Mélanie Ambombo