Transformation du manioc : La relance de l’usine de Sangmélima divise
Une vue de la Sotramas. Il faut miser sur la matière première Source : page Facebook de Bernard Njonga

Transformation du manioc : La relance de l’usine de Sangmélima divise

Même si les autorités affirment que ce projet est un modèle économique innovant, économiste et ingénieur agronome pensent qu’il manque de maturation Transformation du manioc à Sangmélima

Avec une capacité de production de 120 tonnes par jour, soit 48.000 tonnes par an, la Société de transformation industrielle de manioc de Sangmelima (Sotramas S.A), a repris du service le 05 mai 2023 après des années d’hibernation. Avec cette relance, le Cameroun compte ainsi poursuivre sa politique d’import-substitution en produisant de la farine locale comme alternative au blé.

Une céréale qui depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, principaux ravitailleurs du Cameroun, est devenue chère et rare induisant entre autres, la flambée du prix du sac de farine.  Le rapport sur le Commerce extérieur du Cameroun produit par l’Institut national de la statistique (Ins) indique que le pays a importé 966 tonnes de blé en 2021 pour 182, 7 milliards F Cfa.

Avec une disponibilité de terres cultivables et cultivées de 150 hectares de champ semencier, ce projet selon Simon Yonga bakalag, le chef du Centre de réseaux des filières de croissance (Crfc ), porte sur un modèle économique innovant dont la particularité consiste à vendre avant même de produire.

Un enthousiasme que ne partage pas l’économiste Louis Marie Kakdeu qui dit ne pas être très optimiste sur la possibilité de relancer la Sotramas sans résoudre les problèmes qui ont précipité sa mort. Avis corroborés par l’ingénieur de conception agricole Mohamed Foupouapouognigni pour qui les études de relance de cette usine sont prématurées. « Il reste un réel problème de maturation. Pour que cette usine fonctionne en plein régime, il faut mettre à disposition la matière première et cette dernière c’est environ 6000 hectares de manioc qu’il faut exploiter par an. Nous ne sommes pas au courant qu’il y a une production industrielle de manioc lancée et destinée à cette usine-là. Du point de vue économique, il n’est pas recommandé de lancer une industrie sans autonomie en matière première », tranchet-il.

A en croire l’économiste, le problème de maturation reste un handicap.  « Si on relance en espérant qu’on va acheter sur le marché 16.000 tonnes de manioc par jour, j’ignore où on va en trouver. Tant que le problème de maturation n’est pas résolu, nous sommes pessimistes », soutient-t-il.  Pour un fonctionnement optimal, recommande l’ingénieur en conception agricole, il faudra éviter d’associer les variétés et miser sur les plus résistantes avec un grand rendement. Car, rappelle-il, la qualité de la farine ou du tapioca que l’on souhaite produire va dépendre de la matière première.

 Mélanie Ambombo

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