Urbanisme : « il existe un problème d’étude rigoureuse du projet de construction d’immeubles à Douala »

L’ingénieur en génie civil, Lucas Mbenoun critique les habitudes de construction au Cameroun, en proposant des solutions pour limiter des catastrophes, telles que l’effondrement d’un immeuble à Douala durant la nuit du 22 au 23 juillet 2023 Urbanisme à Douala.

Urbanisme à Douala La ville de Douala a de nouveau été le théâtre d’un énième effondrement d’immeubles ces derniers jours, comment expliquez-vous la récurrence de ce fléau?

A mon avis, il existe un problème d’étude rigoureuse du projet de construction d’immeubles dans la ville de Douala.  C’est le propre même du contexte camerounais c’est-à-dire qu’on a des habitudes dont on s’est convaincu qu’elles sont les bonnes et on s’y prend systématiquement de la même façon quelles que soient les zones d’habitation : dans les quartiers de Bonamoussadi, de Yassa, de Ndogbong  … or en génie civil, d’un projet de construction à l’autre les critères changent. Concrètement, si je veux construire quatre bâtiments de 4 niveaux ( R+4) à Yassa sur le même terrain, le problème ne se pose pas Urbanisme à Douala. Cependant, si je veux construire quatre R+4 chacun  à Yassa, à Japoma, à Bonamoussadi et à Bonabéri, les choses changent. Il ne faut pas le prendre à la légère.

Quels sont les éléments à prendre en compte au moment d’initier un projet de réalisation d’un édifice immobilier ?

Il faut avoir les plans architecturaux du bâtiment (ou plans de distribution). Partant de ces plans, il parait évident d’effectuer des études approfondies et rigoureuses des sols, puisqu’ils n’ont pas les mêmes performances d’un point à un autre. Enfin, il faut évaluer en fonction du rapport géotechnique, si le sol en question est capable de supporter l’ouvrage qu’on veut réaliser dessus.

Qu’est-ce qui distingue un sol d’un autre ?

Techniquement, c’est la capacité portante Urbanisme à Douala. Par exemple, imaginons que les études de sol à Bonamoussadi (dans le 5e arrondissement de Douala NDR) dévoile qu’à moins d’2m de profondeur, l’eau est déjà en train de jaillir. Alors qu’à la même profondeur à PK17, on retrouverait une argile ferme et sans présence d’eau. A priori, le sol qui ne contient pas d’eau est disposé à recevoir un ouvrage alors que l’autre nécessite des aménagements avant d’envisager une construction.

Concernant le dernier effondrement en date au lieu-dit « Mobile Guinness Ndogbong » dans la commune du 5e arrondissement de Douala, des témoins ont révélé les craintes qu’ils avaient sur l’édifice. Notamment du fait de craquements entendus au niveau des escaliers. Qu’est-ce qui peut expliquer ce phénomène ?

Si c’est avéré, cela signifie qu’une fissuration profonde était en train de se prononcer, divisant le bâtiment en deux. Dans ce cas de figure, on devrait soupçonner un tassement différentiel c’est-à-dire qu’un côté du bâtiment s’enfonce dans le sol pendant que l’autre est stable. Puisqu’il y a solidarité entre les éléments de l’ouvrage, l’effondrement d’un côté entraîne nécessairement l’autre côté. Dans ce cas d’ailleurs, on peut observer les fissures sur l’édifice, de même que le processus de basculement du bâtiment à l’œil nu.

Que faut-il remettre en cause sur le plan de l’expertise en génie civil ?

Les paramètres sont multiples. Une main d’oeuvre non qualifiée : que ce soit l’ingénieur de génie civil dans la réalisation des études structurales, l’absence d’études de sol rigoureuses par le maître d’ouvrage (comme dans la pratique courante), un défaut dans la mise en oeuvre du bâtiment ; Mais aussi, le non-respect des normes et la qualité des matériaux qu’on aurait minimisée en raison d’économiser les dépenses. Dans ces conditions, il serait difficile pour un édifice de supporter certaines charges.

Urbanisme à Douala La ville de Douala spécifiquement et la région du Littoral en général, sont-elles des zones de construction délicate ?

Oui. Franchement, on doit faire des études approfondies lorsqu’on veut y réaliser des ouvrages parce que la capacité portante de leurs sols est faible. Il est difficile d’avoir 2 bar (unité de mesure de la pression NDR) de capacité portante du sol dans les zones phares de la ville de Douala telles que Akwa, Bonanjo, Bonamoussadi et autres, à moins de 2 m de profondeur Urbanisme à Douala. Alors qu’avec 2 bar dans les mêmes conditions de profondeur, il devrait être aisé de réaliser des fondations superficielles. Seulement, le système de fondation évolue avec la profondeur.

Urbanisme à Douala Que préconisez-vous pour limiter les risques de catastrophe impliquant des édifices immobiliers ?

Les solutions aux limites du sol sont nombreuses. Elles tendent à alléger le bâtiment, particulièrement à travers la réalisation d’une structure porteuse en profilés métalliques à la place d’une structure en béton armé, qui pèse. Dans l’éventualité où cette forme de structure est maintenue, il est quand même possible de supprimer certains poteaux pour réaliser des planchers en béton précontraint aux performances particulières. Ce sont des techniques qui s’appliquent déjà par endroit. Cependant, elles présentent l’inconvénient d’être coûteuses et nécessitent une main d’œuvre qualifiée.

Gael Eric Essoungou (Stagiaire)

Mots – clés :

Urbanisme

Immobilier

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