Agriculture : le Cameroun mise sur la réduction de la redevance domaniale
Agriculture : le Cameroun mise sur la réduction de la redevance domaniale
Passant de 50 F Cfa à 4F Cfa par m2 pour les terrains urbains et de 25 F Cfa à 2 FCfa par m2 pour les terrains ruraux, cette mesure prévue dans la loi des Finances 2024 vise à offrir aux entreprises agricoles un cadre fiscal plus abordable et d’encourager les investissements dans ce secteur .
Au Cameroun, les acteurs du secteur agricole s’accordent à dire que le pays fait face depuis plusieurs années à une crise agricole qui se traduit par un déficit en produits agricoles basiques tels que le mil, le sorgho, le maïs et le riz . Situation qui malheureusement assujettie le pays aux importations.
Par exemple, pour satisfaire la demande nationale en riz estimée à 736 565 tonnes pour une production locale de seulement 84 tonnes en 2022, le pays selon la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic, a importé 652 565 tonnes de riz pour 162,5 milliards F Cfa.
Pour définitivement sortir de ces importations massives et booster la production locale, le Cameroun a procédé à une réduction des redevances domaniales question d’encourager les investissements dans le secteur de l’agriculture. A cet effet, les terrains urbains ont été réduits de 50 F Cfa à 4 F Cfa par m2 tandis que les terrains ruraux ont été réajustés de 25 F Cfa à 2 F Cfa par m2. Soit une réduction de 92%.
En effet, dans la loi des Finances 2024, le gouvernement a réajusté les tarifs des redevances domaniales en faveur des entreprises agricoles. Une mesure qui vise à offrir aux dites entreprises, un cadre fiscal plus favorable . Il faut dire que cette nouvelle disposition s’inscrit en droit ligne avec la politique gouvernementale d’import-substitution lancée en 2021 qui prévoit de produire localement et en masses certains produits importés.
« L’agriculture est l’un des piliers de l’économie du Cameroun car elle fournit près de 25% du PIB et occupe environ 70% de la population. Cette réduction des redevances domaniales est une très bonne nouvelle pour un pays comme le Cameroun qui souhaite développer son secteur agricole », se réjouit l’ingénieur agronome Pascal Thierry Manga.
Même s’il salue cette mesure, il confesse qu’elle est insuffisance pour pourvoir penser à une révolution dans ce secteur au Cameroun. Car le secteur fait face aux techniques agricoles qui selon lui ne favorisent pas de forts rendements à cause par exemple de la main d’œuvre en majorité familiale et peu qualifiée et l’usage d’outils rudimentaires . Il indexe aussi le vieillissement des planteurs et des plantations ; la pauvreté, les voies de communication.
Situation qui perdure, et pourtant pour booster cette agriculture, le gouvernement à travers sa Stratégie Nationale du Développement 2020-2030 (SND30 ) prévoit de passer à une agriculture de 2nd génération à travers un système de mécanisation agricole . Cette politique prône l’utilisation des machines agricoles et permet à un producteur camerounais de passer d’un simple outil manuel (à l’exemple d’une houe) à un outil mécanique (comme un tracteur par exemple) afin de gagner non seulement en temps et en énergie, mais aussi de pouvoir booster son rendement.
« Pour que le pays tire réellement profit de son agriculture, il doit pouvoir développer la recherche scientifique, regrouper les agriculteurs en coopératives afin de leur permettre de mieux s’organiser et d’accéder aux crédits, mécaniser l’agriculture, développer les voies de communication et entre autres faciliter l’accès aux intrants et aux semences », recommande l’agroéconomiste, Dr Paul Raoul Minfede
Mélanie Ambombo
