Effondrements à Douala : « Une cellule d’écoute psychologique doit être mise en place »

Effondrements à Douala : « Une cellule d’écoute psychologique doit être mise en place »

Expérimentée en psychologie d’urgence dans des zones de crise humanitaire Effondrements à Douala la cellule psychologique, la psychologue clinicienne, Samuella Noumedem, détaille le processus de prise en charge de victimes d’une catastrophe, à l’instar des effondrements d’infrastructures immobilières enregistrés à Douala.

Quel type de réactions peut-on retrouver chez des victimes des incidents comme l’effondrement d’un immeuble qui s’est produit récemment à Douala ?

Cela peut être la peur, le stress, des réactions de sursaut, de l’angoisse et de l’hypervigilance qui fait qu’on est en alerte tout le temps entre autres choses. Pour les personnes blessées, il peut y avoir des réactions psychiques très fortes liées au choc d’avoir fait face à une mort imminente comme des réactions d’agitations, de délires, des cas de sidérations et de dissociations c’est-à-dire des personnes qui sont physiquement là sans être là Effondrements à Douala la cellule psychologique, à cause de ce qu’elles ont vécu. Il se peut qu’on retrouve, sur place des personnes qui n’ont pas assisté au drame mais découvrent qu’elles ont tout perdu… leurs maisons, leurs familles… ; A cause des répercussions, elles vont souffrir d’un traumatisme secondaire : état de choc, de sidérations, d’effondrement qu’on peut observer au premier coup d’œil.

Dans ces cas de figure, il est normal de faire une réaction post-traumatique, qu’on ait survécu, qu’on ait été blessé ou qu’on ait perdu des biens matériels. Plus tard, ces individus peuvent être confrontés à un état de dépression face à l’idée de tout recommencer en des temps difficiles. Si à cela, s’ajoute la perte de membres de la famille, les victimes peuvent affronter un travail de deuil compliqué.

Effondrements à Douala la cellule psychologique Sur la base de votre expérience, quelle proportion d’individus souffre de réactions post-traumatiques après de tels incidents ?

Concernant la population camerounaise, c’est difficile de répondre. Ceci dit, les études le plus récentes menées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) datant de 2013 montrent que plus de 3% de la population mondiale avaient souffert d’un état de stress post-traumatique (après avoir été témoins de conflits, de violence ou d’accidents NDR) au moment où cette étude a été réalisée. C’est dire que c’est un trouble de santé mentale assez courant à chaque fois qu’il y a un événement brutal dans la vie d’un individu. Toutefois, si on est suivi, les réactions post-traumatiques qu’on aurait développées (la peur, le stress, des tressautements, l’angoisse, l’hypervigilance etc) ne devraient pas s’installer et laisser apparaître d’autres troubles de la santé mentale tel qu’un état de stress post-traumatique (ou TPST).

Au Cameroun, quels sont les moyens d’actions psychologiques disponibles après une catastrophe ?

Normalement dans ce type de situation qui nécessite une intervention urgente sur le plan psychologique, il est prévu qu’une cellule d’écoute constituée de psychiatres, psychologues et travailleurs sociaux, soit mise en place. A ma connaissance, une équipe avait été constituée en soutien des victimes d’un glissement de terrain de Gouache (Le drame s’est produit dans la nuit du 28 octobre 2019, causant 43 morts dans ce quartier de l’arrondissement de Bafoussam 3e, région de l’Ouest NDR) Effondrements à Douala la cellule psychologique. Par conséquent, une équipe d’intervention d’urgence devrait être opérationnelle et prête à intervenir en cas de nécessité.

En quoi consiste le travail de ces dispositifs d’assistance psychologique ?

Il faut comprendre qu’une catastrophe comme cet effondrement – de la nuit du 22 au 23 juillet 2023 – entraîne nécessairement un traumatisme. En fonction de chaque type de personnes retrouvées sur place, par exemple des survivants, des blessés, des témoins… l’intervention serait différente et pourrait nécessiter une médication d’où le rôle des psychiatres. Les psychologues, quant à eux, réalisent les premiers secours psychologiques et la psychoéducation pour les victimes et leurs familles. Sur le plan social, ce type d’accident peut accoucher d’orphelins qu’il va falloir protéger au sein d’une famille, de personnes qui requièrent un nouvel abri. Le rôle du travailleur social sera donc de recenser leurs besoins et de trouver un moyen d’y répondre pour que ces personnes retrouvent un minimum de contrôle sur leurs vies.

Effondrements à Douala la cellule psychologique Le système de suivi psychologique après de tels incidents, fonctionne-t-il bien au Cameroun ?

Je n’ai pas de réponse à cette question. Si les dispositions sont prises au niveau du Ministère de la Santé publique et effectives sur le terrain et sur le long terme, le suivi psychologique devrait bien fonctionner. Cependant, il existe des initiatives privées telles que Opsycours, une association spécialisée dans la psychologie d’urgence avec des expériences dans l’Humanitaire notamment dans l’Extrême-Nord, qui est en train de se positionner comme une organisation qui pourrait intervenir dans ce type de situation. Cela demeure des initiatives privées qui ont besoin de soutien, de subventions, de formation, et même de renforcement en ressources humaines et logistiques afin de pouvoir se déployer plus efficacement.

Propos recueillis par Gaël Eric Essoungou (stagiaire)

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