Enseignants vacataires : L’instruction de la Minesec qui dérange
Enseignants vacataires : L’instruction de la Minesec qui dérange
La décision du ministère des Enseignements secondaires est pourtant l’une des recommandations du Premier ministre à l’issue du Conseil de cabinet du 25 mai 2023 .
Le 16 juin 2023, la ministre des Enseignements secondaires (Minesec), Nalova Lyonga, a demandé, dans une correspondance adressée aux chefs de structures de son département ministériel , « la libération immédiate de tous les agents non titularisés dans un cadre et en situation illégale exerçant dans vos structures et mettre définitivement un terme aux recrutements desdits personnels ».
Cette communication a vite fait de déclencher un tollé général. La Minesec est accusée de mettre les enseignants vacataires à la porte. « Combien d’enseignants sont recrutés pour desservir l’ensemble du territoire national. Ils prennent des décisions sans jamais tenir compte des réalités du terrain », s’insurge une enseignante qui a requis l’anonymat . Comme elle, un autre juge cette décision de catastrophique et craint que le retour à l’école soit difficile avec des heures de cours non couvertes et voire même, l’absence des enseignants dans de nombreuses disciplines.
Face à ces nombreuses critiques et accusations, un proche collaborateur de la Minesec défend : « La Minesec met tout simplement en application, l’une des recommandations du Premier ministre au terme du conseil de cabinet du 25 mai 2023. Une instruction du chef du gouvernement qui est une suite logique du décret du 27 avril 2023 du président de la République fixant les modalités d’exercice de certaines compétences transférées par l’Etat aux régions en matière d’enseignement secondaire. »
Un décret qui dans son chapitre 4 prévoit que le personnel d’appoint dans les lycées et collèges est constitués des agents chargés de l’exécution des tâches courantes ne relevant pas de l’enseignement et éventuellement des enseignants vacataires , recrutés sur la base d’un contrat de travail. Ils seront désormais recrutés par la région qui les mettra à la disposition des lycées et collèges.
Emanuel Tobie Mbassi Ondoa, le secrétaire général de la Fédération camerounaise des syndicats des enseignants (Fecase) craint que cette nouvelle mesure fasse beaucoup de mal que de bien. « On aura désormais affaire à la bureaucratie, or le chef d’établissement même en congé, lance l’appel pour le recrutement de nouveaux vacataires . Avec la région, on ne sait quand seront lancer les appels d’offres. Avec le dépouillement, la concertation de la commission et après la signature de contrat, l’école aura déjà commencé », indique ce syndicaliste.
Pour Paul Nomo Etoundi, diplômé en Management de l’éducation les conseils régionaux ne sont pas en mesure de prendre en charge l’immense déficit en personnels dans les établissements scolaires. « Les écoles des zones difficiles d’accès risquent fermer. Et au niveau des recrutements, on craint un retour en force des magouilles. Pour que les choses marchent normalement, il va falloir que ce soient les établissements qui proposent les personnels à recruter aux mairies » , argumente Paul Nomo Etoundi. Au sujet de la survie de l’Apee, le collaborateur de la Minesec répond : « en l’état actuel de la question, personne ne peut répondre. Même pas la ministre. »
Mélanie Ambombo
