Est : Les pertes massives des bétails inquiètent depuis 10 ans  
Un cheptel de bœuf à Gbiti dans l’arrondissement de Ketté à l’Est Cameroun

Les pertes massives des bétails qui inquiètent depuis 10 ans

A l’origine, les effets néfastes des changements climatiques, de l’exploitation minière illégale et de la crise centrafricaine depuis 2013 dans cette région pertes de bétail pour les éleveurs. En plus, le coût élevé des intrants et l’insécurité dans les zones frontalières ont poussé les éleveurs à abandonner l’activité.

Après plusieurs années de dur labeur, Adamou Issa a abandonné l’élevage après avoir perdu plusieurs bêtes. « J’ai abandonné cette activité depuis 7 ans à cause des multiples pertes de bétail que j’ai enregistré pertes de bétail pour les éleveurs. Je n’ai pas pu trouver une solution efficace pour protéger mon cheptel », explique cet éleveur installé à Ketté, dans le département de la Kadey, région de l’Est.

Dans cette partie du pays, plusieurs éleveurs sont confrontés à la perte de leur troupeau. Un phénomène qui affecte les zones de production depuis une dizaine d’années. « Même cette année, j’ai perdu plusieurs bœufs pendant la saison sèche », déplore Aladji Alim Gargaré, propriétaire de plusieurs cheptels à Betaré- Oya et Diang dans le département de Lom-et-Djerem, et à   Koba, dans le département de la Kadey.

Selon cet éleveur, cette situation qui fragilise le secteur agropastoral de la région, persiste deptuis une dizaine d’années.  « Il y a une dizaine d’années, trois éleveurs s’étaient donnés la mort sur la route de Garoua-Boulaï après avoir perdu tous leurs bœufs. L’un d’eux ayant fui les rebelles en République centrafricaine (RCA) avait perdu jusqu’à trois troupeaux, d’environ 300 bœufs. Moi-même, j’avais perdu à cette époque 62 têtes de bœufs à Diang et 15 à Betaré Oya », se souvient Aladji Alim Gargaré.

A en croire les services vétérinaires de la région, les changements climatiques caractérisés par une sècheresse prolongée chaque année est la principale cause de ces pertes pertes de bétail pour les éleveurs. « Le décès des animaux est due à la sécheresse rude observée chaque année mais aussi à la recrudescence de « bokassa grass », une herbe sauvage et indigeste qui a occupé une grande partie d’espace réservé au pâturage », explique Théophile Daloumé, ancien délégué régional de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia).

Selon Ardo Dahirou, chef de la communauté Mbororo de Kétté, au-delà de la sécheresse qui est un phénomène naturel, il y a d’autres difficultés auxquelles les éleveurs sont confrontés. « A l’exemple de l’exploitation minière qui pollue les cours d’eau et crée des trous béants sur de vastes étendues. Aujourd’hui, du fait de leur pollution, les eaux du fleuve Molé à Ketté et des marigots causent la mort des animaux qui les consomment », relève Ardo Dahirou. Par ailleurs, il souligne que, la décimation de la flore pousse les éleveurs à se concentrer sur les petits espaces, ce qui engendre les conflits entre éleveurs d’une part, et entre les éleveurs et les agriculteurs d’autre part pertes de bétail pour les éleveurs. « L’augmentation du coût des intrants (médicaments) a aussi affecté négativement l’activité. Le nombre du bétail produit localement a considérablement diminué et nous sommes obligés d’importer le bétail pour ravitailler le marché », conclut Ardo Dahirou     

Crise centrafricaine

En 2015, 3 ans après le début de la crise politique en RCA, Dr Christian Loa, alors délégué régional du Minepia alertait déjà sur ses répercussions sur le secteur d’élevage à l’Est. « Avec l’arrivée massive du bétail centrafricain, nous avons reçu un coup sérieux avec les maladies.  L’Est est déjà affecté par des grandes maladies telles que « newcatel, charbon symptomatique et pasteurellose », a-t-il déclaré.

Cette insécurité au niveau des frontières, caractérisée par des kidnappings, enlèvements avec demande de rançon par des bandes armées, a entrainé la chute, de près de 80%, des transactions au marché de bétail de Gbiti, (le plus grand marché de bétail en Afrique Centrale), dans l’arrondissement de Ketté pertes de bétail pour les éleveurs. Le nombre de tête de bœufs vendus chaque semaine est passé de 2000 à 200 têtes entre 2013 et 2021 selon le Centre zootechnique et vétérinaire (CZV) de Gbiti. Sur le marché local, le kilogramme du bœuf est passé de 2000 à 2500 F Cfa depuis 2020.

Autres conséquences, on observe une chute de recettes de la taxe à bétail dans les communes des zones de production. « Avant la crise centrafricaine on pouvait enregistrer plus de 5000 têtes de bœuf pendant une campagne de vaccination et la commune enregistrait beaucoup de recettes. Les doses de vaccins déchargées entre 2019 et 2023 varient entre 2500 et 4000. La commune perçoit comme taxe à bétail, une somme de 200 F Cfa par animal vacciné », note le centre zootechnique vétérinaire (CZV) de Ketté dans le département de la Kadey. Cette commune a réouvert son marché de bétail après 25 ans de fermeture, le dimanche 19 novembre 2023.

pertes de bétail pour les éleveurs Mesures

Au niveau du Minepia, l’on pense que la vaccination est la meilleure réponse aux problèmes sanitaires soulevés par les éleveurs. « La première mesure est la production des vaccins en permanence et sur toute l’année pertes de bétail pour les éleveurs. Une mesure qui a pour objectif de riposter aux éventuelles ruptures de stocks. En plus, pour toute campagne de vaccination organisée par le Minepia, nous produisons une quantité suffisante de vaccins avec des marges substantielles », indique Dr Abel Wade, directeur du Laboratoire national vétérinaire (Lanavet) lors d’une campagne de sensibilisation des éleveurs dans la région de l’Est.

Sur le plan local, Sa Majesté Gilbert Mbelé Massiké, chef supérieur Gbaya de Ketté et Ouli annonce la mise sur pied des programmes de formation des éleveurs aux bonnes pratiques. « Chaque éleveur doit disposer de son espace pour éviter les maladies et les conflits agropastoraux car notre économie est basée sur l’élevage et l’agriculture pertes de bétail pour les éleveurs. Il faut aussi encourager l’élevage des vaches laitier pour augmenter le revenu et encourager le petit élevage », conclut l’autorité traditionnelle.

Sébastian Chi Elvido de retour de Kétté

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